Toute la mémoire du monde : Sans la connaissance de notre passé, notre futur n’a aucun avenir. C’est pourquoi le passé est un présent pour demain.
Moment privilégié de réflexion, d’échange et de partage qui met l’accent sur les grandes questions techniques et éthiques qui préoccupent cinémathèques, archives et laboratoires techniques mais aussi, bien évidemment (on l’espère encore !), éditeurs, distributeurs, exploitants et cinéphiles, le festival Toute la mémoire du monde, né dans le contexte de basculement du cinéma dans l’ère du numérique, a une fois de plus, cette année encore, proposé une programmation exceptionnelle en donnant à voir aux spectateurs les chefs d’œuvre comme les œuvres moins connues (curiosités, raretés et autres incunables) du patrimoine du cinéma. Avec un élargissement dans Paris et en régions, pour sa septième édition, le Festival International du film restauré Toute la mémoire du monde s’affirme comme étant LE grand rendez-vous dédié à la célébration et à la découverte du patrimoine cinématographique mondial.
Créé par La Cinémathèque française en partenariat avec le Fonds Culturel Franco-Américain et Kodak, et avec le soutien de ses partenaires institutionnels et les ayants droit essentiels aux questions de patrimoine, ce festival est incontournable pour les cinéphiles passionnés, les amoureux du patrimoine cinématographique, les archivistes, les historiens, les chercheurs et autres curieux. En proposant un panorama des plus belles restaurations réalisées à travers le monde, il salue non seulement le travail quotidien des équipes des différentes institutions, mais nous fait aussi prendre toute la mesure de la richesse incommensurable de cet Art qui n’a de cesse de témoigner tout en se réinventant tout le temps.
Nicolas Winding Refn
Succédant aux grands Francis Ford Coppola, William Friedkin, Paul Verhoeven, Joe Dante et Wim Wenders l’année dernière, cinéaste déjà ô combien important dans l’histoire du cinéma, cinéphile inspiré et inspirant, c’est à l’occasion de la mise en ligne en France de sa plateforme de streaming gratuite (byNWR.com/fr lancée en France le 16 mars dernier), sur laquelle il partage sa passion et participe à faire découvrir des pépites cinématographiques, mais aussi de l’annonce de sa série évènement Too Old to Die Young, dont deux épisodes seront projetés au Festival de Cannes comme cela avait été le cas avec la saison 3 de Twin Peaks de David Lynch en 2017, et grâce à l’intermédiaire de Manuel Chiche (The Jokers Films et La Rabbia), son producteur, distributeur et ami français, que s’est aussi idéalement que naturellement imposé cette année l’immense Nicolas Winding Refn comme parrain du Festival. Cette édition lui a rendu hommage en présentant non seulement certains de ses films, dont, par exemple son incroyable trilogie Pusher avec Kim Bodnia, Zlatko Buric, Leif Sylvester et Mads Mikkelsen, mais aussi, en lui offrant une carte blanche avec laquelle il a tenu à son tour à rendre hommage aux films qui l’on marqué durant sa jeunesse en composant de passionnants doubles programmes avec chacun de ses propres films, ou encore, en proposant une rencontre avec le réalisateur, une Master Class, durant laquelle ce dernier est revenu sur sa carrière autant que sur sa passion, sur son souhait de faire découvrir et de partager, sur sa vision du cinéma aujourd’hui. Une autre rencontre, mais cette fois du cinéaste avec un autre grand cinéaste de l’histoire du cinéma, a également eu lieu durant cette incroyable édition du Festival. En effet, à l’issu de la projection du cultissime El Topo (1970), les spectateurs présents ont assisté à la rencontre entre Nicolas Winding Refn et Alejandro Jodorowsky.
Cette septième édition était cette année d’autant plus prestigieuse qu’elle honorait également, en leur présence, une figure internationale du cinéma polonais, le prestigieux cinéaste Jerzy Skolimowski, et un génie de la technique, Garrett Brown, le célèbre inventeur du Steadicam.
Jerzy Skolimowski
A l’occasion de la restauration et de la ressortie en salle (et en DVD et Blu-Ray) par le distributeur Malavida, de quatre de ses films couvrant l’ensemble de sa carrière, de ses débuts en Pologne à sa période américaine dans de magnifiques copies restaurées : Signes particuliers : néant (Rysopis, 1964 – inédit en salles en France) et Travail au noir (1982) le 20 mars 2019 et Walkover (Walkower, 1965) et Le Bateau-Phare (The Lightship, 1985) le 10 avril 2019, Jerzy Skolimowski était donc l’un des deux prestigieux invités d’honneur de la dernière édition du festival Toute la mémoire du monde qui lui a rendu hommage en projetant huit de ses longs métrages et en nous offrant, à l’issue de la projection de Walkover, une passionnante Master Class au cours de laquelle le réalisateur, acteur et scénariste est revenu sur les différentes phases de sa carrière internationale avec notamment son parcours en Pologne, en Belgique, en Angleterre ou encore aux Etats-Unis.
Garrett Brown
Le 16 septembre 1974, le directeur de la photographie américain Garrett Brown dépose aux Etats-Unis un brevet d’invention pour un nouveau système de stabilisation de caméra portée : le Steadicam. Son invention ne sera pas moins que l’origine d’une une nouvelle façon de réaliser et de raconter une histoire, l’origine d’une nouvelle esthétique du cinéma. Le Festival lui a rendu hommage à travers une sélection de films emblématiques de son choix qu’il a lui-même présentés, comme Marathon Man (1976) de John Schlesinger, Rocky (1976) de John G. Avildsen, Shining (The Shining, 1980) de Stanley Kubrick ou encore Coup de Cœur (One from the Heart, 1982) de Francis Ford Coppola, ainsi qu’une Master Class passionnante au cours de laquelle il a retracé, non sans humour, l’histoire de cette caméra qui a littéralement révolutionné la manière de filmer le mouvement, la manière de réaliser. En inventant le Steadicam, Garrett Brown a inventé une nouvelle esthétique du cinéma.
Steve Le Nedelec
Toute la mémoire du monde – 7ème édition – Festival International du Film Restauré – Du 13 au 17 mars 2019 à La Cinémathèque Française et « Hors les murs ».