Surendetté, Jean-Jacques, agriculteur, est au bout du rouleau. Sa seule porte de sortie est le suicide. Tentative ratée qui pousse son fils Philippe de reprendre l’exploitation agricole familiale. Confronté aux mêmes problèmes que son père, il décide de redresser l’exploitation coûte que coûte. Il s’associe pour un court laps de temps à un gros trafiquant de drogue. Il sauve l’exploitation mais mets le doigt dans un engrenage infernal.
Toril est un des meilleurs premiers films de l’année. Laurent Teyssier y fait preuve d’un grand sens de la mise en scène, de la narration et de l’image. Le film est un polar, de ceux qui s’ancrent dans une réalité et dans un espace. Dans Toril l’on est au plus près de la terre, de la nature. Mais aussi d’un sentiment de violence, d’une menace permanente qui peut surgir à n’importe quel moment. Le Sud de la France comme un carrefour de la drogue qui aura détruit tous les liens sociaux. Teyssier filme les lieux magnifiques, utilisant le scope avec une grande sensibilité. On a l’impression d’être dans l’espace d’un western, au Texas. « On va le faire à la manière mexicaine » lâche le méchant avant de massacrer un pauvre gars.
Toril s’apparente au grand polar rural américain des années 70, on retrouve l’esprit de Carnage de Michael Ritchie, Mister Majestyk de Richard Fleischer, The Getaway de Sam Peckinpah ou du Tuez Charley Varrick ! de Don Siegel. Mais comme tout grand polar, il s’affranchit de ses ainés grâce à ses spécificités propres et son regard documentaire sur une réalité française. Le scénario de Guillaume Grosse et Laurent Teyssier est parfaitement agencé, d’une mécanique implacable qui plonge son personnage principal, Philippe, dans une situation impossible. Vincent Rottiers domine une distribution impeccable. Il est impressionnant, il s’exprime autant par l’action que par ses silences. Il donne son rythme au film tant nous nous attachons à ses pas.
Toril suinte l’amour du cinéma et marque d’une pierre blanche les débuts d’un cinéaste, d’un vrai…
Fernand Garcia
Toril un film de Laurent Teyssier avec Vincent Rottiers, Bernard Blancan, Tim Seyfi, Sabrina Ouazani… Scénario : Guillaume Grosse et Laurent Teyssier. Directeur de la photographie : Baptiste Chesnais. Décors : Serge Borgel. Montage : Nicolas Capus. Musique : Lionel Corsini (DJ Oil – Troublemakers). Producteurs : Fred Prémel, Christophe Bouffil. Production : Tita Productions – Mille et une Films – Mezzanine Films – Les Productions Balthazar – Mille et une Productions. Distribution : La Belle Company (Sortie en salle le 14 septembre 2016) France. 2016. 83 mn. Scope. Couleur.