Une jeune femme taille une pipe à un type dans une chambre d’hôtel. C’est une junkie. Le mec est violent avec elle. Elle rencontre des hommes qui sollicitent son corps en tant qu’élément de transgression; l’acte sexuel est toujours violent, brutal, la jouissance se fait dans l’humiliation que quelques billets sont censés d’effacer. Elle pleure sous la douche de rage et de douleur. Inconsciente dans une impersonnelle chambre d’hôtel, elle est défoncée et dépouillée par le premier profiteur venu. « Pretty Woman » sans l’Amex Gold de son client, elle erre dans des zones industrielles. Elle pisse dans la rue et traîne sans but le long d’interminable route. Un routier s’arrête et l’embarque. Elle va découvrir très vite qu’elle a affaire à un véritable prédateur sexuel. Il la drogue et l’enferme dans son camion vide. Enchaînée au fond du véhicule, une caméra vidéo braquée sur elle, elle découvre à son réveil, sur un écran, les abus dont elle a été victime. Elle n’est plus qu’un jouer entre les mains du pervers.
The Bunny Game, dans un noir et blanc ultra contrasté, alterne un montage de plans très court, rythmique, avec des plans fixes longs, créant ainsi un sentiment de panique et de terreur extrême chez le spectateur. Le film entremêle les points-de-vue de la junkie et du tueur. La pauvre junkie n’est plus qu’un corps, qu’une douleur, tout s’efface de sa mémoire, seul le moment présent existe. Automate de l’horreur, le tueur, est clairement impuissant, il reproduit inlassablement sur les femmes qu’il rencontre les mêmes humiliations et recherche, dans les tortures qu’il inflige, à atteindre un orgasme qui lui échappe. Mais comme tout malade déviant, il doit avoir un « public », d’où ses appels via sa cibi à un certain Jonas. Référence biblique, la jeune junkie, vie un véritable chemin de croix, mais sa « passion » à elle, n’est d’aucune façon consenti. Le tueur est-il un homosexuel refoulé ? Victime très certainement d’un traumatisme dans son enfance, il reproduit un jeu d’enfant, le « Bunny Game » du titre, mais perverti par son esprit dérangé.
Une camionnette arrive, un homme en blouse blanche emporte la jeune junkie. Jonas repart avec elle. Le calvaire de la jeune femme va se poursuivre et sa triste fin est inéluctable. La junkie s’en va rejoindre la longue liste de femmes disparus.
Impressionnant film soutenu par une actrice (co-scénariste, responsable des costumes et co-productrice) Rodleen Gotsic étonnante, se livrant corps et âme à une dénonciation ultra-violente du sort de ces femmes disparus dans une Amérique puritaine et gangrené par le religieux. The Bunny Game, véritable film indépendant américain, oeuvre à deux mains (Rehmeier et Getsic) n’est disponible en France qu’en édition vidéo.
Fernand Garcia
The Bunny Game, un film d’Adam Rehmeier avec Rodleen Gotsic, Jeff Renfro, Gregg Gilmore, Drettie Page, Paul Ill, Loki. Scénario : Adam Rehmeier & Rodleen Gotsic. Costumes : Rodleen Gotsic. Photo, Montage & Musique : Adam Rehmeier. Producteurs : Adam Rehmeier & Rodleen Gotsic. Productions : Death Mountain Productions. Durée : 76 mn. Noir et Blanc. USA. 2010. Edition DVD-Blu-ray (France) : Elephant Films
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