Marie (Marilyn Hamlin) est divorcée, elle s’apprête à partir en week-end dans la maison de campagne de son nouveau compagnon Robert (Jim Doerr). Son ex-mari Greg (Jeff Pomerantz) – attaché de presse d’un homme politique qui s’est suicidé suite à une affaire de corruption. Greg sort tout juste d’une grave dépression. Marie le supporte difficilement et ne le rencontre que pour la garde alternée de leur enfant. Marie, son mari, Shirley (Kathleen Heaney), sa sœur, Jay (Devin Goldenberg), un agent de change et Nicky (Christopher Allport), un ami homosexuel, arrivent dans la grande maison à la campagne. Tous ont des problèmes dans leurs vies quotidiennes, un weekend pour se délasser est donc le bienvenu. Robert envisage avec l’aide de Jay de terminer la construction d’un bateau en rade depuis des années. Il le présente à ses amis Mac Macaulay (David Gale) et Otis (William Sanderson), deux gars du coin qui se chargent du domaine en son absence… L’un est un grand gaillard l’autre est un débile. Les rapports entre les citadins et les gens du cru sont tendus…
Savage Weekend est un premier film réalisé par David Paulsen. Le nom ne vous dit peut-être rien mais durant les années 80, il écrit, produit et dirige plusieurs épisodes de Dallas (1986-1988) puis de Dynastie (1988-1989), énormes succès TV qui le mirent à l’abri du besoin. Avant de se consacrer à la vie des Ewing, Paulsen débute avec ce Savage Weekend, slasher, gore, sexy et freudien.
Le personnage central du film est Marie. Toute l’action tourne autour d’elle. Elle est le personnage le plus complexe de cette galerie de portraits. Bourgeoise divorcée, Marie est sexuellement frustrée. La satisfaction de ses désirs, le passage à l’acte reste un interdit infranchissable. Marie reste fidèle à son nouveau compagnon qui ne la satisfait pas. Elle est la proie de puissants fantasmes sexuels. Son attitude évoque en fait une allumeuse. Elle brûle de désirs. Lors d’une sortie en barque tandis que son mari pêche à ligne, Mac Macauley prépare des hameçons tout en racontant une effroyable histoire concernant Otis, mêlant sexe et soumission. Marie fantasmant la scène, allongée en maillot de bain, est à deux doigts de se masturber devant eux. Ainsi, lors d’une scène particulièrement explicite, elle caresse longuement le pis d’une vache sous le regard de Mac Macauley. La référence au pénis est directe, ce qui n’échappe pas au viril Mac Macaulay, mais au moment de se donner, Marie fait machine arrière. Insatisfaite, elle reste obsédée par son ex-mari, présenté comme un type émotionnellement instable.
Shirley est à l’opposé de sa sœur. Elle n’hésite pas à satisfaire ses désirs, à choisir ses partenaires sexuels pour des aventures sans lendemain. Le côté exhibitionniste de Shirley fascine Marie. Cette description des frustrations de Marie est sans conteste la partie la plus réussi du film, sorte de comédie érotico horrible d’une nuit d’été pour paraphraser un célèbre titre de Woody Allen. Paulsen transforme tous les éléments (couteau, pelleteuse, tronc, etc.) en métaphore sexuelle. Les hommes sont tous plus au moins lâches, défaillants, perturbés et voyeurs. Nicky, personnage ouvertement homosexuel, est une combinaison de Marie et de Shirley, tout à la fois frustré et exhibitionniste, hélas il n’apporte rien à l’intrigue principale. Il est pourtant le protagoniste d’une séquence assez étrange quant à son sens ; dans un bar de pouilleux, où végètent des rednecks homophobes, il fait preuve d’une forte virilité, en les mettant K.O.
Le côté film d’horreur, annoncé par la séquence d’ouverture, intervient assez tardivement dans le film avec l’apparition d’un tueur masqué. Il va décimer ce petit groupe d’amis. Paulsen installe un suspense en nous entraînant sur de fausses pistes concernant l’identité de ce psychopathe jusqu’à la révélation finale. Le film forme une boucle, et la séquence d’ouverture peut se voir comme un pur fantasme de son héroïne, mélange de sexe et de sang.
Savage weekend est à la croisée de plusieurs influences : Délivrance de John Boorman, La dernière maison sur la gauche de Wes Craven et Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, mais aussi des films d’Ingmar Bergman. Pourtant Savage Weekend a son originalité propre qu’il doit en grande partie à son approche de la frustration sexuelle de son personnage principale Marie. Tourné en 1976, Savage Weekend reste plusieurs années sur les étagères ne trouvant pas de distributeur. Ce n’est qu’en 1979, qu’il est distribué par la Cannon société que viennent alors de reprendre en main Menahem Golan et Yoram Golus. La carrière du film sera toutefois des plus discrètes.
Savage Weekend témoigne d’une époque, où le cinéma d’horreur était un genre transgressif. Les personnages sont adultes, et les connotations et sous-entendus sexuels abondent ainsi que les scènes de nus qui parsèment le film. De nos jours c’est inconcevable dans un genre qui s’est formaté jusqu’à la stérilisation et la désincarnation. Un film inégal mais attachant, à découvrir…
Fernand Garcia
Savage Weekend est édité pour la première fois en DVD par Artus Films dans la collection Horror US 70’s dans une très belle copie où l’on retrouve tout le charme du 35 mm avec en supplément Le tueur derrière le masque, par le « redneck » Eric Peretti, qui au bord d’une rivière, revient sur la carrière de David Paulsen, les comédiens et le film, une mine d’informations précieuses (22 mn). Le Sacre de la tronçonneuse par Alain Petit, l’histoire de la tronçonneuse au cinéma avant et après le cultissime Massacres à la tronçonneuse (8 mn). Un Diaporama d’affiches et photos de Savage Weekend et enfin les Bandes annonces de la collection Horror US et non British Horror comme indiqué (Savage Weekend, The Killing Kind, Messiah of Evil, Puppet Master, Tourist Trap).
Savage Weekend un film de David Paulsen avec Marilyn Hamlin, Christopher Allport, Jim Doerr, Kathleen Heaney, David Gale, Jeff Pomerantz, Devin Goldenberg, William Sanderson… Scénario : David Paulsen. Directeur de la photographie : Zoli Vidor. Montage : Jonathan Day, Zion Avrahamian. Musique : Dov Seltzer. Producteurs associes : Claude Duvernoy, A. Norman Leigh. Producteurs : John Mason Kirby & David Paulsen. Production : Upstate Production. Etats-Unis. 1976-1979. 83 mn. Format image : 1.85 :1 original respecté 16/9ème compatible 4/3. Couleur. Versions : anglais Sous titres : français. Inédit en France.