Sam fait du porte-à-porte dans des bleds paumés du désert californien. Rien nulle part, sous une chaleur écrasante, Sam n’a qu’une envie: retrouver sa femme Rita et fêter l’anniversaire de sa fille. Sur le siège avant de sa Mercedes bien déglinguée, un gros ours en peluche, le cadeau… à la radio une unique émission radio d’un certain Eddy, où les gars du coin peuvent vomir toute leur haine…

Sam Was here est une petite réussite. Pendant les 70 minutes du métrage nous ne quittons quasiment pas son personnage principal, le Sam du titre, plongé dans une histoire à la Twilight Zone. Sam erre de maison vide en Motel tout aussi vide. Un climat pesant s’installe et nous tient en haleine. La réalisation de Christophe Deroo, dont c’est le premier film, est rigoureuse et l’interprétation de Rusty Joiner impeccable.

Pourtant Sam Was Here passe quelque peu à côté de son sujet. En filigrane nous entrevoyons une cartographie de l’Amérique d’aujourd’hui : des laissés-pour-compte, de la misère, de ceux qui vivent ou plutôt survivent dans des mobil-homes. Sam étant lui-même un pauvre employé d’un patron fantôme. C’est tout un pan d’une Amérique paranoïaque, violente, au discours d’exclusion qui se dessine sous nos yeux. On ne peut que regretter qu’au thriller paranoïaque, Christophe Deroo préfère s’en aller sur les sentiers du fantastique avec son insistance sur une étoile rougeoyante qui semble avoir une influence sur les gens du patelin. Quant à la « résolution », au vu du potentiel du film, elle s’avère un peu décevante. La dimension fantastique était déjà incluse dans le décor et dans l’action sans avoir besoin d’en rajouter. On remémore alors Duel de Steven Spielberg qui avec une grande économie de moyens dessinait le portrait d’une époque et de la peur qui taraudait l’américain moyen. Sam Was Here n’a toutefois pas à rougir de la comparaison avec son illustre prédécesseur. Un premier film des plus prometteurs…

Fernand Garcia

Sam Was Here un film de Christophe Deroo avec Rusty Joiner, Sigrid La Chapelle, Rhoda Pell, Hassan Galedary. Scénario : Christophe Deroo et Clement Tuffreau. Directeur de la photographie : Emmanuel Bernard. Montage : Camille Guyot. Musique : Christine. Producteurs : Katya Mokolo. Olivier Muller. Christophe Deroo. Gary Farkas. Clément Lepoutre. Production : Vixen – KuroKitsu – Benzene – Nightcall Productions. Distribution : Condor Entertainment (Sortie : le 4 janvier 2017). France – États-Unis. 2016. 75 mn. Couleur. Format image 2.35 :1. Sélection L’Étrange Festival 2016. Utopiales 2016. Interdit aux moins de 12 ans.