A l’aube de l’an 2000, Détroit est en proie au crime organisé et à la corruption. Pour pallier à cette terrible situation, les services de police, associés aux entreprises militaro-industriels privées de « sécurité », conçoivent une nouvelle arme infaillible. À la suite d’une fusillade, l’officier de police James Murphy est laissé pour mort. Il devient alors le parfait cobaye pour tester cette nouvelle arme, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier de chair et d’acier dont la mission est de rétablir l’ordre et la tranquillité dans la ville.
Quand Paul Verhoeven accepte de réaliser Robocop en 1986, le scénario du film a été refusé par à peu près tous les réalisateurs d’Hollywood. Robocop est l’adaptation de l’œuvre de Frank Miller et a été inspiré à Edward Neumeier, l’un des scénaristes du film, après avoir travaillé sur Blade Runner (1982) de Ridley Scott. Après une première lecture qui ne le motivera pas non plus, le réalisateur se laisse finalement convaincre par sa femme qui y voit des thématiques qui lui sont chers et qu’il pourrait développer.
« Au début, le scénario m’a déplu parce que je n’ai pas su le lire. Au contraire, mon épouse a très tôt vu son intérêt. Elle savait que je m’intéressais au Jésus historique. En relisant le scénario, j’ai vu qu’il parlait de résurrection. De crucifixion, de résurrection et du Paradis perdu. Le Paradis perdu, c’est sa famille. La crucifixion, c’est quand il est tué de façon horrible et cruelle. Enfin, il ressuscite quand il est reprogrammé. Ce sont ces trois éléments qui m’ont poussé à faire Robocop. Pas tellement les scènes d’action, ce genre de choses. Il fallait que je le fasse, soit ! O.k.!… Je tenais particulièrement à la scène où il retourne chez lui. Après avoir découvert qui il était avant, Robocop retourne dans sa maison et a des flashes : il revoit son fils, son épouse… Pour moi, cette scène montre à quoi ressemble le Paradis perdu. C’est un concept mythologique mais je le trouve très beau. J’ai fait le film pour ça. »
Après l’échec de son dernier film européen La Chair et le Sang, Verhoeven accepte et va alors se confronter à l’Amérique reaganienne. Il demande d’abord à Rutger Hauer d’interpréter le rôle principal, mais celui-ci sortant de Blade Runner, ne souhaitant pas jouer à nouveau un robot dans un film, refuse.
La charge est violente et sans appel. Le film dénonce le cynisme de la politique autant que l’aliénation de la société à la consommation à outrance. Dans cet enfer parfaitement symbolisé par cette ville corrompue à tous les niveaux, Robocop apparait comme une figure christique (il meurt et renait ; il marche sur l’eau…) et rédemptrice pour cette nation qui semble avoir perdu toute trace d’humanité. Robocop est, à plus d’un titre, l’histoire d’une résurrection. La violente satire politique du film et sa violence visuelle grand-guignolesque lui apportent un indéniable humour noir. Le succès commercial de Robocop va en faire l’un des personnages les plus emblématiques du cinéma américain des années 1980 et bien évidemment, va lancer la carrière du réalisateur aux États-Unis. Le film connaîtra même deux suites au cinéma : la première en 1990 réalisée par Irvin Kershner (Les Yeux de Laura Mars (1978), L’Empire contre-attaque (1980), Jamais plus jamais (1983)…) et la seconde réalisée par Fred Dekker en 1992, ainsi qu’un remake en 2014.
Steve Le Nedelec
Remasterisé par MGM Studios. Séance d’Ouverture du Festival du Film restauré Toute la Mémoire du Monde 2016.
Robocop, un film de Paul Verhoeven avec Peter Weller, Nancy Allen, Dan O’Herlihy, Ronny Cox, Miguel Ferrer, Kurtwood Smith, Ray Wise, Paul McCrane, Robert DoQui. Scénario : Edward Neumeier et Michael Miner. Directeur de la photographie : Jost Vacano. Décors : William Sandell. Montage : Frank J. Urioste. Musique : Basil Poledouris. Producteur : Arne Schmidt. Production : Jon Davison – Orion Pictures. Etats-Unis, 1987. 104 mn. Couleurs. Format image : 1.85 :1. Classification salle : Interdit aux moins de 12 ans.