Présentation et programme

Festival de la Cinémathèque : Sans la connaissance de notre passé, notre futur n’a aucun avenir. C’est pourquoi le passé est un présent pour demain.

Le Festival de la Cinémathèque (ex Toute la mémoire du monde), le Festival international du film restauré fête ses 11 ans avec une riche sélection de restaurations prestigieuses accompagnées d’un impressionnant programme de rencontres, de ciné-concerts et de conférences.

La section Restaurations et Incunables, propose une sélection de raretés incontournables et de restaurations menées récemment en France et dans le monde. Un programme éclectique par nature qui, des classiques aux trésors cachés, comprend des projections de grands films absents des écrans depuis longtemps et des ciné-concerts. Cette section qui réunit aussi bien des classiques hollywoodiens, des films d’auteurs, des films muets, des films expérimentaux ou encore des films documentaires, met principalement en valeur le travail des archives, des ayants droit et des laboratoires.

LA RUE (Die Strasse, 1923) de Karl Grune – 90 mn – Avec Eugen Klöpfer, Lucie Höflich, Aud Egede-Nissen…

Une nuit de fugue, un bourgeois de province suit une prostituée et se retrouve accusé de meurtre.

La rue, comme lieu de tentation et de mauvaises rencontres. Un petit bourgeois à la vie monotone se fait aspirer par les trépidations noctambules de la grande ville. Ombrée de traits expressionnistes, l’œuvre de Grune tire sa modernité des superbes séquences avant-gardistes. La Rue donnera naissance à un style dans le cinéma muet allemand, le Strassenfilm (film de rue), avant les fleurons du genre que seront La Rue sans joie, réalisé par Georg Wilhelm en 1925, et Asphalte, réalisé par Joe May en 1929.

Restauration en 2023 par Münchner Filmzentrum e.V. et Sunrise Foundation, supervisée par Stefan Drössler (directeur du Filmmuseum München). Restauration de l’image par Christian Ketels et Stefan Wimmer. Accompagnement musical par FIXI (piano) et Nicolas Giraud (trompette).

LE SQUELETTE DE MADAME MORALES (El Esqueleto de la señora Morales, 1959) de Rogelio A. González – 84 mn – Avec Arturo de Córdova, Amparo Rivelles, Elda Peralta…

Le mariage entre Gloria et Pablo Morales est un enfer. Un jour, Pablo annonce à ses connaissances que sa femme est partie pour Guadalajara. Cependant, dans son laboratoire de taxidermiste, Pablo garde un squelette qu’il traite comme s’il s’agissait de son épouse éveillant les soupçons d’un prêtre…

La femme bigote d’un taxidermiste devient le sujet de ses expériences. Le meurtre comme geste carnavalesque, dans un classique de la comédie macabre qui dévoile les paradoxes de la société mexicaine. D’une impitoyable causticité, González adapte The Islington Mystery, une nouvelle britannique d’Arthur Machen publiée en 1927, pour mettre à mal l’hypocrisie de la classe moyenne et sans craindre de dénoncer l’Église et ses fidèles avec le même esprit acerbe que Luis Buñuel. Restauration 4K. En avant-première de sa réédition par Les Films du Camélia, en salles le 3 avril 2024.

LE SUSPECT (The Suspect, 1945) de Robert Siodmak, d’après le roman This Way Out (1939) de James Ronald – 85 mn – Avec Charles Laughton, Ella Raines, Dean Harens…

Londres au début du XXe siècle. Philip Marshall (Charles Laughton) est un homme malheureux dans son mariage. Il rencontre Mary Gray (Ella Raines), une jeune chômeuse dépressive avec laquelle il développe une relation profonde bien que platonique. Cora (Rosalind Ivan), l’épouse de Philip, découvrant cette liaison, le menace néanmoins de la rendre publique et de l’exposer au scandale. Se sentant acculé, il assassine sa femme. Dès-lors, la chance semble sourire à Philip Marshall, mais pour combien de temps ?

L’assassin est sympathique, tiraillé entre sa maîtresse et une épouse tyrannique, avant d’être victime de chantage. Le Suspect est un thriller psychologique dont l’action se situe dans l’Angleterre édouardienne, avec lequel Siodmak, spécialiste du film noir, livre une réflexion originale sur la justification d’un meurtre. Une pépite émaillée de touches expressionnistes, avec un émouvant Charles Laughton. Restauration 4K par Universal Pictures au laboratoire NBCUniversal Studio Post, à partir du négatif nitrate 35 mm d’origine.

TENDRE DRACULA (1974) de Pierre Grunstein – 98 mn – Avec Peter Cushing, Bernard Menez, Miou-Miou…

Deux scénaristes gaffeurs et leurs petites amies actrices se rendent dans le château de McGregor, un acteur réputé pour ne jouer que des personnages de vampire mais qui ne souhaite plus tourner que dans des films romantiques. Des évènements étranges surviennent et les deux couples se posent des questions sur le soit-disant acteur.

Peter Cushing en vampire berrichon, Miou-Miou avec une afro blonde, Bernard Menez en réalisateur partouzard et Alida Valli en roue libre. Si l’on considère Les Bidasses en folie comme la réponse de Christian Fechner aux Douze Salopards, alors Tendre Dracula est son Nosferatu. Avec dix fois moins de budget, et un goût assumé pour le grand n’importe-quoi.

Restauration 2K par Pathé au laboratoire Hiventy. Remerciements à Pierre Grunstein. Séance présentée par le réalisateur Pierre Grunstein.

TIRE-AU-FLANC (1928) de Jean Renoir, d’après le vaudeville Tire-au-flanc d’André Mouezy-Eon et André Sylvane – 116 mn – Avec Georges Pomiès, Michel Simon, Fridette Fatton…

Jean Dubois d’Ombelles, un jeune homme, bourgeois et poète, est appelé pour effectuer son service militaire en même temps que son valet, Joseph Turlot. Le poète est en butte aux brimades de la chambrée pendant que le valet multiplie innocemment les scandales.

Sur une trame qui raille autant l’armée que les différences de classes, Renoir signe l’un de ses films les plus drôles, une succession de sketches situés entre le burlesque de Charlot soldat et l’anarchie de Zéro de conduite de Jean Vigo. Restauration par Les Films du Panthéon en collaboration avec Les Films du Jeudi, avec le soutien du CNC, au laboratoire Hiventy/TransPerfect, à partir du négatif original conservé par la Cinémathèque française. La projection de Tire-au-flanc sera précédée de celle du court-métrage Corso tragique réalisé par Albert Capellani.

CORSO TRAGIQUE (1908) de Albert Capellani – 13 mn.

Tourné en extérieur à Nice, le récit d’une vendetta pendant le carnaval, par un des auteurs les plus inventifs en France dans les années 20.

Restauration 4K par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé en 2023, à partir du négatif original nitrate conservé dans ses collections, avec le soutien du CNC, au laboratoire L’Image retrouvée.

TYPHOON CLUB (Taifū-kurabu, 1985) de Shinji Sōmai – 115 mn – Avec Yuki Kudo, Yuichi Mikami, Tomokazu Miura…

Une petite ville de campagne près de Tokyo… Un vent puissant s’élève alors que des lycéens sont en chemin pour l’école. On annonce un typhon et la pluie commence à tomber. Ignorant l’ordre d’évacuer le lycée, quelques élèves décident de rester.

De jeunes Tokyoïtes sont confinés dans leur lycée un soir de typhon, entre ennui, frustration et pulsions. Tourné la même année que Breakfast Club, Typhoon Club est son pendant cruel et mélancolique, qui prend l’adolescence de front, comme l’âge de tous les impossibles. Sens du cadre, art consommé du plan-séquence : une merveille de teen-movie à forte portée sociologique, et l’un des plus beaux films japonais de la fin du XX^e siècle. Typhoon Club a été présenté au Festival des 3 Continents à Nantes en 1986 où il a remporté le prix de la mise en scène. Typhoon Club est le film japonais préféré de Mamoru Hosoda et Hirokazu Kore-eda. Restauration 4K par Chuo Eigaboeki Co., Ltd. Distribution Survivance.

EMMANUEL CLOT DANS LES PAS DE LA NOUVELLE VAGUE :

Assistant-réalisateur de François Truffaut, Emmanuel Clot s’initie au métier de cinéaste sur les tournages de L’Amour en fuite et du Dernier Métro. Disparu prématurément à l’âge de 31 ans, Clot est l’auteur de trois courts métrages, dont Petit Pierre, sur l’artiste d’art brut et créateur du monumental manège de la Fabuloserie, pour lequel il reçoit le César du meilleur court documentaire.

PETIT PIERRE (1980) de Emmanuel Clot – 8 mn – Avec Pierre Avezard.

 La vie et l’activité créatrice de Pierre Avezard (Petit Pierre), artiste d’art brut.

Restauration 4K par les Films du Losange, avec le soutien du CNC, au laboratoire TransPerfect Media France à partir du négatif original monté et du négatif son 35 mm.

LE THEATRE DU TRIANGLE (1981) de Emmanuel Clot – 13 mn.

Ce film montre une partie de la création de Hans Boerwinkel assisté de sa femme Ans. Ils vivaient avec leurs enfants à Meppel en Hollande. Restauration 4K par les Films du Losange, avec le soutien du CNC, au laboratoire TransPerfect Media France à partir du négatif original monté et des bandes magnétiques 35 mm.

CHATEAUX DE SABLE (1981) de Emmanuel Clot – 13 mn.

 Peter Wiersma a construit sur la côte sauvage son 125ème château de sable. Restauration en 4K par les Films du Losange, avec le soutien du CNC, au laboratoire TransPerfect Media France à partir du négatif original monté et du négatif son 35 mm. La projection des trois courts métrages d’Emmanuel Clot sera accompagnée de celle du court métrage Les Mistons de François Truffaut.

LES MISTONS (1957) de François Truffaut, d’après la nouvelle Les Mistons de Maurice Pons – 18 mn – Avec Gérard Blain, Bernadette Lafont, Michel François…

Cinéaste débutant, Truffaut filme l’éveil à la sensualité, à travers les méfaits d’une bande de gosses résolus à tourmenter les amours de Bernadette et Gérard. Tournée dans le Sud de la France, d’après une nouvelle de Maurice Pons, une œuvre lumineuse qui inaugure les grands principes de la Nouvelle Vague. Restauration numérique HD par MK2.

 JUDEX de Louis Feuillade

Fort du succès de Fantômas (1913) et des Vampires (1915), Feuillade sort en 1916 un nouveau feuilleton de 12 épisodes produits par Gaumont : en lutte contre le banquier Favraux, Judex tombe amoureux de la fille de son rival. Publiés simultanément dans Le Petit Parisien, les exploits du justicier à la cape et au chapeau noirs font partie des chefs-d’œuvre policiers du muet. Un modèle de serial à rebondissements, maintes fois revisité.

 Judex : Programme 1

 JUDEX : PROLOGUE (1916) de Louis Feuillade – 41 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

Un mystérieux justicier, Judex, mène une lutte sans merci contre le malhonnête Favraux, un banquier véreux qui a édifié sa fortune sur la corruption en employant des méthodes indignes.

JUDEX, EPISODE 1 : L’OMBRE MYSTERIEUSE (1916) de Louis Feuillade – 32 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 2 : L’EXPIATION (1916) de Louis Feuillade – 21 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 3 : LA MEUTE FANTASTIQUE (1916) de Louis Feuillade – 45 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 4 : LE SECRET DE LA TOMBE (1916) de Louis Feuillade – 32 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 5 : LE MOULIN TRAGIQUE (1916) de Louis Feuillade – 32 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

Restauration par Gaumont avec le concours du CNC dans le cadre du plan d’aide à la restauration et à la numérisation du patrimoine. Intertitres recréés à partir des scénarios d’époque déposés à la BnF, département des Arts du spectacle. Accompagnement musical par La Mverte et Vega Voga.

 Judex : Programme 2

Un mystérieux justicier, Judex, entre en lutte contre le banquier Favraux qui a édifié sa fortune en employant des méthodes indignes. Judex enlève l’usurpateur et l’enferme dans les caves de son repaire. Mais ses plans sont contrariés par une aventurière, Diana, qui devait épouser le banquier. Celle-ci cherche à faire disparaître la fille de Judex mais ce dernier veille sur elle de tout son amour.

JUDEX, EPISODE 6 : LA MOME REGLISSE (1916) de Louis Feuillade – 29 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 7 : LA FEMME EN NOIR (1916) de Louis Feuillade – 37 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 8 : LES SOUTERRAINS DU CHATEAU-ROUGE (1916) de Louis Feuillade – 30 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 9 : LORSQUE L’ENFANT PARUT (1916) de Louis Feuillade – 31 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 10 : LE CŒUR DE JACQUELINE (1916) de Louis Feuillade – 12 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 11 : L’ONDINE (1916) de Louis Feuillade – 32 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

JUDEX, EPISODE 12 : LE PARDON D’AMOUR (1916) de Louis Feuillade – 16 mn – Avec René Cresté, Yvette Andréyor, Musidora, Marcel Lévesque…

Restauration par Gaumont avec le concours du CNC dans le cadre du plan d’aide à la restauration et à la numérisation du patrimoine. Intertitres recréés à partir des scénarios d’époque déposés à la BnF, département des Arts du spectacle. Accompagnement musical par La Mverte et Vega Voga.

SEANCE ANNULEE

LES AILES DE LA COLOMBE (1980) de Benoît Jacquot, d’après le roman Les Ailes de la colombe de Henry James – 92 mn – Avec Isabelle Huppert, Dominique Sanda, Michele Placido…

Une jeune femme met sur pied un plan diabolique : elle mariera son compagnon à une fortunée héritière sur le point de mourir pour être riche à son tour. C’est à Venise qu’elle décide d’effectuer cette machination…

Aventurière désargentée, une prostituée de luxe met au point un stratagème pour détourner la fortune d’une jeune héritière. D’après le roman de Henry James, une exploration des méandres du sentiment amoureux. Secrets, manipulations, jalousies et désirs latents se dévoilent dans une Venise à l’atmosphère éthérée, autour d’un étrange trio rongé par la solitude et la peur de mourir.

Scan 4K réalisé en Italie par Augustus Color. Restauration/étalonnage par Hiventy (TransPerfect Media France), supervisée par Caroline Champetier.

Moment privilégié de réflexion, d’échange et de partage qui met l’accent sur les grandes questions techniques et éthiques qui préoccupent cinémathèques, archives et laboratoires techniques mais aussi, bien évidemment (on l’espère encore !), éditeurs, distributeurs, exploitants et cinéphiles, le Festival de la Cinémathèque, né dans le contexte de basculement du cinéma dans l’ère du numérique, propose une fois de plus, cette année encore, une programmation exceptionnelle en donnant à voir aux spectateurs les chefs d’œuvre comme les œuvres moins connues (curiosités, raretés et autres incunables) du patrimoine du cinéma. Avec toujours un élargissement « Hors les murs » dans différentes salles partenaires de la manifestation à Paris et banlieue parisienne, puis, dans la continuité du festival francilien, en partenariat avec l’ADRC (Agence nationale pour le développement du cinéma en régions), plusieurs films qui tourneront après le festival dans des cinémas en régions, pour sa onzième édition, le Festival International du film restauré, renommé cette année « Festival de la Cinémathèque », s’affirme comme étant l’immanquable rendez-vous dédié à la célébration et à la découverte du patrimoine cinématographique mondial.

Créé par La Cinémathèque française en partenariat avec le Fonds Culturel Franco-Américain et Kodak, et avec le soutien de ses partenaires institutionnels et les ayants droit essentiels aux questions de patrimoine, ce festival est incontournable pour les cinéphiles passionnés, les amoureux du patrimoine cinématographique, les archivistes, les historiens, les chercheurs et autres curieux. Riche et foisonnante, la programmation du festival nous propose un panorama très éclectique des plus belles restaurations réalisées à travers le monde et salue ainsi non seulement le travail quotidien des équipes des différentes institutions, mais nous fait également prendre toute la mesure de la richesse incommensurable de cet Art qui n’a de cesse de témoigner tout en se réinventant tout le temps.

Cinq jours durant, dans 9 cinémas (La Cinémathèque française, La Filmothèque du Quartier Latin, Le Christine Cinéma Club, L’Ecole Cinéma Club, La Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, L’Archipel, L’Alcazar, Le Vincennes et Le Reflet Médicis) le Festival de la Cinémathèque propose cette année encore, près d’une centaine de séances de films rares et/ou restaurés présentés par de nombreux invités et répartis en différentes sections pour célébrer le cinéma de patrimoine et fêter en beauté son onzième anniversaire.

Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous à La Cinémathèque française et dans les salles partenaires du festival du 13 au 17 mars.

Steve Le Nedelec