Vendredi 13 décembre 2019
Au programme aujourd’hui : Une Remise de Prix ; Une Séance Culte pour un classique qui tombe à point aujourd’hui ; Une mise en garde des dérives du politiquement correct ; Une sortie hallucinante ; Une Séance Interdite pour un fait divers « pornographique » ; Sans oublier la Rediff du PIFFF.
09h00 Le Grand Prix Climax
Le Grand Prix Climax a pour objectifs de valoriser et de faire émerger les scénaristes et scénarios de genre, de constituer un vivier de talents francophones et de favoriser la production française de films de genre. Après une compétition très disputée au sein de notre Comité de sélection, 5 scénarios sont finalistes du Grand Prix Climax 2019 :
– Les Guerriers d’Aurélien Mathieu.
– L’Hôte de Franck Richard et Florent Silieri.
– Je Kyll de Robin Plomb.
– Psychonautes de Remi Brion.
– Sacrifice de Mathieu Delozier et Joël Petitjean.
Pour sa quatrième année, Le Grand Prix Climax 2019 sera donc une plongée hallucinée dans une secte apocalyptique, un film noir où s’affrontent des télépathes pour l’avenir du monde, un choc entre banlieue et campagne où les fusils de chasse répondent aux armes automatiques, la rencontre angoissante d’un doppelgänger du 3eme âge et une comédie musicale schizophrénique… sur fond de Heavy métal !
Les auteurs devront pitcher leurs scénarios devant un jury de choc, l’équipe derrière le phénomène Netflix Girls with Balls diffusé au PIFFF l’année dernière : Olivier Afonso (Réalisateur), Louise Blachère (comédienne), Jean-Luc Cano (Scénariste), Amélie Grossier (Chef maquilleuse) et Nicolas Herlin (maquilleur fx, animatronicien). A l’issue de la projection des pitch-vidéos et de la remise des prix, le jury se prêtera à une Master class qu’ils illustrent à merveille : « Fabriquer un film de genre de A à Z : un cas pratique avec l’équipe de Girls With Balls !!! ».
12h00 Les Rediffs du PIFFF : THE MORTUARY COLLECTION de Ryan Spindell avec Clancy Brown, Caitlin Cluster, Christine Kilmer, Jacob Elordi… – Etats-Unis – En Compétition – Première Européenne.
14h30 SPIRAL de Kurtis David Harder avec Jeffrey Bowyer-Chapman, Ari Cohen, Jennifer Laporte, Lochlyn Munro… – Canada – En Compétition – Première Française.
Malik et Aaron emménagent avec la fille de ce dernier dans un quartier a priori plus « progressiste ». Dès les premières journées dans ce nouveau domicile, Malik est témoin de comportements étranges de la part de ses nouveaux voisins, d’agressions domestiques à caractère homophobes.
Spiral poursuit le savoureux travail de dénonciation des élites libérales américaines et de leur dangereux progressisme autoproclamé qu’a commencé et mis brillamment en lumière Get Out de Jordan Peele. Concentré sur la construction de personnages aux motivations tangibles, Kurtis David Harder soigne sa direction d’acteurs jusqu’au moindre figurant. Sous tension en permanence, Spiral est une habile adaptation de la « suburban horror » en thriller paranoïaque. La dénonciation des dérives et des dangers de ce que devient la dictature du politiquement correct est particulièrement habile.
16h30 VENDREDI 13(Friday the 13th, 1980) de Sean S. Cunningham avec Betsy Palmer, Adrienne King, Harry Crosby, Laurie Bartram, Jeannine Taylor, Kevin Bacon, Robbi Morgan…- Etats-Unis – Les Séances Cultes.
En 1957, un jeune garçon prénommé Jason meurt noyé dans les eaux du camp de Crystal Lake. Un an plus tard, un couple de moniteurs sur le point de s’adonner à la luxure est sauvagement assassiné. Crystal Lake ferme et reste abandonné. Mais, vingt ans plus tard, malgré tous ces signes peu encourageants d’un point de vue touristique, malgré sa réputation de camp maudit, Steve Christy décide de rouvrir les portes du camp Crystal Lake le jour anniversaire des meurtres précédents, un vendredi 13. Lors de la préparation du camp pour son ouverture, pendant la nuit, les moniteurs du centre disparaissent les uns après les autres…
En 1978, John Carpenter crée l’évènement avec un « petit » film indépendant. En posant ses règles et avec son personnage de Michael Myers, incarnation brute du mal, Halloween de John Carpenter marque l’accession du « slasher movie ». Pour la mise en scène de Vendredi 13, le premier film réalisé par le producteur Sean S. Cunningham à sortir dans les salles, ce dernier s’est inspiré d’Halloween. En effet, Cunningham a su défricher le genre encore en sommeil et utiliser la matrice conceptuelle que proposait le film de Carpenter pour en ressortir ce que nous connaissons tous aujourd’hui comme les codes du genre. Le réalisateur et son scénariste Victor Miller décident de changer de technique scénaristique pour la figure du tueur et opte pour le célèbre « whodunit » (« qui l’a fait ? ») cher à Hitchcock, laissant ainsi son identité inconnue du spectateur jusqu’au dénouement final. Inspirés par le cadre de La Baie Sanglante (Reazione a catena, 1971) de Mario Bava, ils changent également de décor, la nature, le lac et les bois inquiétants remplaçant ici le lotissement bourgeois de son modèle. Enfin, en référence au 31 octobre d’Halloween, ils choisissent eux aussi une date porte-malheur, le vendredi 13. Film inaugural d’une invraisemblable saga cinématographique du film d’horreur devenue une franchise riche de dix séquelles et d’un médiocre remake, Vendredi 13 de Sean S. Cunningham occupe une place à part, puisque la figure de Jason Voorhees, le célèbre serial killer au masque de hockey et au couteau, n’y apparaît qu’en filigrane. Vision sèche, âpre et percutante du réel inspirée de Wes Craven, vue subjective de l’assassin inspirée du giallo de Dario Argento, violence brute et crimes sanglants, thème musical obsédant et inoubliable composé par Harry Manfredini, jeunes écervelés inconscients, sexe, drogue, tous les éléments du parfait « slasher » sont réunis. Production à petit budget, le film connaîtra un énorme succès commercial aux Etats-Unis comme en France. La distribution du film réunit Betsy Palmer, Adrienne King, Harry Crosby, Laurie Bartram, Jeannine Taylor et un certain Kevin Bacon (Footloose, 1984 ; La Vie en Plus, 1988 ; L’Expérience Interdite, 1990 ; JFK, 1991 ; Mystic River, 2003 ;…) qui fait ici ses débuts. Notons également que Sean S. Cunningham n’est autre que le producteur de La Dernière Maison sur la Gauche (The Last House on the Left, 1972) du grand Wes Craven, père d’un autre pilier fondamentale du temple du « slasher movie », l’incontournable croquemitaine Freddy Krueger.
Avec une projection exceptionnelle en 35mm, les mises à mort (double meurtre au couteau, égorgement, décapitation, hache en plein visage,…), confectionnées par Tom Savini, le génie du maquillage et spécialiste des effets spéciaux devenu légendaire, brillent de mille feux et la merveilleuse patine de l’image d’époque ravira les cinéphiles inconditionnels.
19h30 THE WAVE de Gille Klabin avec Justin Long, Donald Faison, Sheila Vand, Katia Winter, Tommy Flanagan, Bill Sage, Ronnie Gene Blevins,… – Etats-Unis – En Compétition – Première Européenne.
Frank mène une vie bien rangée d’avocat d’affaires avec femme et hypothèque. La veille d’une réunion décisive, il s’autorise une petite folie et rejoint son collègue dans une beuverie nocturne. De fil en aiguille, Frank absorbe un hallucinogène qui va lui pourrir la vie. Ou l’améliorer, selon la perspective.
On le sait depuis le premier film de la trilogie Jeepers Creepers (2000) de Victor Salva, Justin Long n’est jamais meilleur qu’en victime sacrificielle de film fantastique. Le voilà servi par cette comédie romantique mutante et imprévisible, où les règles se redessinent en permanence avec sadisme pour mieux se jouer de son héros. Les nostalgiques de la série Scrubs apprécieront particulièrement le duo formé par Justin Long et le trop rare Donald Faison, les aficionados de « high concept bis » en auront pour leur argent, tout le monde en sortira enchanté, un sourire narquois aux lèvres.
The Wave sera précédé de la projection du court-métrage Bienvenue du français Vincent Julé présenté Hors Compétition.
BIENVENUE de Vincent Julé avec Juliette Allain, Quentin Pradelle, Gaël Raës.
Un couple arrive dans un appartement de location pour la nuit… quand quelque chose attire leur attention. Quelque chose ou quelqu’un. A regarder avant vos prochaines vacances !
21h30 MOPE de Lucas Heyne avec Nathan Stewart-Jarrett, Kelly Sry, Brian Huskey, Max Adler, David Arquette… – Etats-Unis – La Séance Interdite – Première Française.
La dramatique histoire vraie de Steve Driver et Tom Dong, aspirants « Chris Tucker et Jackie Chan du porno », et leurs efforts toujours plus pathétiques pour s’élever au-delà du pitoyable statut de « mope » (« les moins que rien » dans le jargon du X), les figurants de bas niveau qui ne sont ni assez en formes ni assez attrayants pour devenir de grandes stars du porno.
Jamais, depuis le segment signé Larry Clark dans l’anthologie Destricted, le cinéma ne s’était attaqué avec une telle véhémence à la fascination que suscite la pornographie chez les jeunes adultes. Dès sa terrible scène d’introduction, Lucas Heyne regarde son sujet droit dans les yeux et ne détourne jamais le regard. Le réalisateur suit le parcours perdu d’avance de ses deux personnages principaux en évitant toute complaisance avec habileté. Les deux amis sont incarnés avec une justesse hallucinante par les comédiens Nathan Stewart-Jarrett et Kelly Sry. La fissure apparaît, le vernis de comédie pop se craquelle peu à peu pour laisser place à l’inévitable drame. Inspiré d’une histoire vraie survenue en 2010, Mope, le premier long métrage de Lucas Heyne, ne manquera pas de vous impressionner et de vous bouleverser.
Mope a été présenté en première mondiale au dernier Festival de Sundance. Invité du Festival, le producteur Kelly Hayes sera présent lors de la projection du film.
Steve Le Nedelec