Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa sœur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.
Après Hard Height (1996), Boogie Nights (1997), Magnolia (1999), Punch-Drunk Love (2001), There Will Be Blood (2007), The Master (2012) et Inherent Vice (2014), pour son huitième long métrage, maître absolu de son œuvre, Paul Thomas Anderson endosse les casquettes de metteur en scène, de scénariste, de producteur et, pour la première fois, de directeur de la photographie. Après deux années de travail effectué sur le scénario, le nouveau film du réalisateur qui se déroule dans le Londres des années 50 a en grande partie été tourné dans des décors réels dans les villages de Lythe et Staithes près de Whitby sur la côte Est de l’Angleterre. C’est donc également la première fois avec ce film que le réalisateur travaille hors des Etats-Unis.
Fasciné par les histoires d’amour passionnelles et noires du milieu du siècle dernier, pour Phantom Thread, dont le fil conducteur repose sur la relation nocive entre un grand créateur de mode et sa nouvelle muse, entre un homme amoureux et une femme aimante prête à tout, P.T. Anderson va s’inspirer non seulement des contes (Le Tailleur de Gloucester de Beatrix Potter) mais aussi et surtout de Rebecca (1940) d’Alfred Hitchcock. En effet, avec les notes inquiétantes de la musique omniprésente, avec la maison de campagne Owlpen, sombre et lugubre, qui ressemble à s’y méprendre au manoir de Manderley, mais aussi avec le personnage de Cyril qui rappelle la gouvernante Mrs Danvers, ou encore avec un style angoissant, pervers, drôle et pertinent dans les rapports de domination et de manipulation, Phantom Thread est une romance vénéneuse qui fait ouvertement référence au chef d’œuvre du Maître anglais.
« Cela faisait longtemps que j’attendais un scénario qui me permettrait de mettre en scène une relation triangulaire du genre de celle de Rebecca, dans une atmosphère excessivement raffinée qui se prêterait à un romantisme macabre. » Paul Thomas Anderson.
Si en premier lieu, le titre du film, « Phantom Thread », fait référence à la situation particulièrement difficile des couturières de l’East London durant l’ère victorienne qui travaillaient des heures au fond des manufactures dans des conditions déplorables les laissant physiquement, moralement et psychologiquement affaiblies, ce dernier, avec les accents Œdipiens de l’image de la robe tombée en lambeaux de la mère disparue, fait également référence aux forces occultes qui tissent les destins, aux « malédictions » qui frappent certaines familles. Mais le « fil caché » du film est aussi celui qu’utilise Reynolds Woodcock pour dissimuler des messages ou des objets dans les doublures de ses créations et bien évidemment encore, celui qui le lie à Alma; celui, invisible, qui régit l’amour.
Sous ses allures de conte de fées et ses apparats académiques intentionnels assumés et maîtrisés, avec un scénario et une mise en scène à la fois habiles et recherchés, Phantom Thread témoigne une fois de plus du talent et de la virtuosité, pour ne pas dire du génie, de son auteur. Ce dernier emprunte un style à la forme classique en apparence et utilise le prisme de l’entreprise familiale pour peindre un portrait du microcosme de la haute bourgeoisie avec tous ses codes, ses non-dits et ses faux-semblants.
Son sujet et plus particulièrement le traitement dissonant qu’il en fait avec ses multiples sous-textes et thématiques, cherche à interpeller et faire réfléchir le spectateur. En effet, avec cette histoire d’amour cousu de secrets révélant les violences psychologiques dissimulées derrière l’image impassible de la noblesse anglaise, Anderson utilise un genre classique pour mieux en traiter un autre. Bien qu’il nous offre ici, une fois encore, une des plus belles scènes de coup de foudre de l’histoire du cinéma avec ses personnages qui perdent leurs moyens (re-voir la scène entre John C. Reilly et Melora Walters dans Magnolia), Phantom Thread n’est pas un banal film romantique qui parlerait de couture mais bien un drame psychologique sur la destitution d’un Maître qui, troublé par une rencontre accidentelle qui vient perturber son organisation quotidienne (sa discipline, ses habitudes et ses rituels), va se retrouver manipulé par ceux sur qui il pensait avoir de l’emprise. Le romantisme tutoie le morbide. Par le biais du cinéma romanesque, resserrant brillamment son sujet sur deux personnages et mettant habilement l’accent sur des « détails », sur des « petites choses » du quotidien qui pourraient sembler anodines mais dont l’importance est en réalité capitale dans ce qu’il cherche à dire et montrer, l’auteur, dans son œuvre, traite de l’amour, de la passion, de l’obsession, de la manipulation, de l’emprise d’un être sur un autre, de la création et de l’inspiration. Avec l’histoire de ce couple que l’art réunit et que le quotidien sépare, Phantom Thread traite du rapport névrotique à la création et à l’amour. L’artiste est-il maître de ses créations ou est-il dominé par son inspiration ? L’artiste est-il libre dans la création ?
Les personnages n’exprimant pas leurs sentiments, c’est la mise en scène et la forme même du film qui s’en chargent. Comme le fait de façon remarquable David Cronenberg, grand cinéaste de la chair, de l’organique et du monstrueux, afin de faire ressortir l’universalité de son véritable sujet, P.T. Anderson use ici d’une mise en scène que l’on pourrait qualifier d’ « intériorisée ». En effet, sans être « théâtrale » celle-ci joue sur le confinement, fait abstraction des corps et neutralise les personnages. Comme les personnages chuchotent, la caméra frôle. La caméra s’attarde sur les détails. Elle filme chaudement les étoffes, le satin, la soie, mais aussi les visages ou encore les doigts. Elle magnifie les gestes et s’attarde sur les pouces marqués du couturier. Elle sublime les émotions, les sourires et les peines. Elle observe le grain de la peau avec sensualité. Comme l’œil de l’homme amoureux, elle caresse les contours de la femme aimée. D’une précision chirurgicale, les plans-séquences sont admirables. Les travellings, plus que de traduire, deviennent eux-mêmes de sublimes instants d’intense passion.
Brillante et indissociable du sujet traité, la forme que choisit d’utiliser le metteur en scène lui permet d’explorer l’intimité d’une façon incomparable et singulière.
Méticuleux et perfectionniste dans son travail, peintre des sentiments, Paul Thomas Anderson est en quelque sorte à l’image de son personnage principal… à moins que cela ne soit l’inverse. Comme Woodcock, Anderson aspire au « Beau » et soigne son esthétique de façon particulièrement appliquée et séduisante. Le travail délicat et raffiné effectué sur chaque plan (cadre, lumière, texture, relief,…) fait de chacun d’entre eux une véritable œuvre picturale. L’exigence du personnage renvoie à celle du réalisateur et du film lui-même… à moins que cela ne soit l’inverse. Le travail d’orfèvre qu’exige le milieu de la haute-couture est un miroir du milieu du cinéma (le vrai) et du travail du cinéaste.
Admiré autant que craint, Reynolds Woodcock est un couturier renommé, un esthète riche et élégant. Son empire, sa maison de couture, dont le chœur est constitué des indispensables petites mains silencieuses, n’est autre que la maison familiale. Entouré par les femmes (sa mère disparue, sa sœur trop présente, ses ouvrières, ses clientes, ses muses), à la fois enfant blessé et ogre, ce dernier vit, travaille et prend chaque matin le petit déjeuner en compagnie de sa fiancée du moment et de sa sœur Cyril dans cette maison. Reynolds aime par-dessus tout habiller les femmes; Reynolds aime les femmes habillées par-dessus tout. Aussi exigeant et intransigeant que raffiné et obsessionnel, cet artiste solitaire ne vit que pour et par son Art. Obsédé par sa création, asservie à sa passion, il conçoit chacune de ses robes comme une œuvre d’art. Comme chacune de ses créations est unique, les femmes qui les portent se sentent uniques elles aussi. Dans un ballet narcissique permanent, il sculpte et façonne les corps de ses clientes mondaines selon sa volonté. On peut ainsi dire qu’il les emprisonne (les possède) autant qu’il les embellit. Après avoir servi de modèles le temps d’une robe ou deux, transformées en fantômes, ses compagnes éphémères sont congédiées, avec un plaisir non dissimulé, par sa sœur Cyril. Celle-ci officie dans la maison comme intendante. C’est elle qui gère la maison de couture, tempère le caractère de son frère, et congédie ses petites amies. Femme austère toujours vêtue de sombre, Cyril, comme son frère, ne s’est jamais mariée elle non plus. Dans l’auberge de campagne où il se repose, sa rencontre avec Alma, la jeune serveuse dont la beauté et les formes (les mesures) vont le subjuguer, va perturber sa vie et son art. Alma sera enfin la femme à sa mesure. La femme qui va tenter de lui faire oublier ses créations et de le ramener à lui en tant que personne, en tant que sujet, en tant que corps, en tant qu’homme. La femme qui va tenter de le délivrer, de le libérer de la confusion qu’il fait entre le corps et la matière, entre le corps et le tissu. La femme qui va tenter de le rendre à lui-même, de le rendre à la vie. Mais leurs attentes respectives ne menant qu’à des déceptions, leur amour idéalisé va inévitablement devenir conflictuel. Leurs personnalités vont faire basculer leur amour dans une relation de dépendance toxique. D’abord victime, Alma sera la femme qui va lui tenir tête et faire tomber une à une ses défenses avant de devenir bourreau à son tour. Bouleversés dans leurs êtres respectifs, le drame est inévitable…
Dans ce conflictuel et dangereux jeu amoureux où chacun domine l’autre à son tour, les protagonistes cherchent en vérité à se sauver l’un, l’autre. En quête de sérénité, de paix avec eux-mêmes, les personnages cherchent à échapper aux fantômes d’autrefois, à leurs démons intérieurs. Au travers de leur amour malade ils aspirent à être en accord avec le monde, en accord avec la nature, avec l’univers. De quelle matière est fait l’amour ? L’amour peut-il s’accommoder de la cruauté ? Peut-on accepter la cruauté et/ou les rapports de force en amour ? Pour faire passer son message, Anderson met en scène l’antagonisme de deux caractères en utilisant ses personnages comme des marionnettes et pose ainsi la question : Comment deux personnes aux caractères fondamentalement opposés peuvent-elles vivre ensemble et trouver une harmonie ? A l’image de cet amour tumultueux, puissante et vénéneuse, la conclusion du film tentera de répondre à ces questions en nous proposant une « conciliation » tout aussi sensée et inévitable que folle et effrayante.
Aussi rigoureux dans la forme que sur le fond, P.T. Anderson est également un directeur d’acteurs hors pair. Tout comme ses plans, ses scènes et ses séquences, Anderson magnifie ses comédiens. Il compose ses personnages et dirige ses comédiens comme le ferait un grand chef d’orchestre avec sa musique et son orchestre (ses musiciens). Soumis à des vibrations, des distorsions, des assonances et des dissonances, ses comédiens sont comme des cordes d’instruments de musique avec lesquelles il crée une parfaite harmonie. Cette modernité et virtuosité musicale participe grandement à la singularité et la splendeur du cinéma de P.T. Anderson. Mais s’il parvient à ce résultat c’est aussi et surtout grâce à son casting magistral.
Réputé pour son investissement total dans l’interprétation de ses rôles, qui mieux que l’immense Daniel Day-Lewis pouvait incarner le personnage très symbolique de Reynolds Woodcock, ce personnage de grand couturier névrosé obsédé par sa passion ? D’une intensité remarquable, sa présence magnétique capte le regard. L’acteur Britannique que l’on a découvert au milieu des années 80 dans My Beautiful Laundrette (1985) de Stephen Frears et que l’on a pu voir entre autres à l’affiche de Chambre avec vue (A Room with a View, 1986) de James Ivory, L’Insoutenable Légèreté de l’Être (The Unbearable Lightness of Being, 1987) de Philip Kaufman, My Left Foot (My Left Foot: The Story of Christy Brown, 1989) de Jim Sheridan, Le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans, 1992) de Michael Mann, Le Temps de L’Innocence (The Age of Innocence, 1993) de Martin Scorsese, Au Nom du Père (In the name of the father, 1993) de Jim Sheridan ou encore de Gangs of New York (2002) de Martin Scorsese et plus récemment de Lincoln (2012) de Steven Spielberg, retrouve, dix ans plus tard, le réalisateur Paul Thomas Anderson qui l’avait dirigé dans l’extraordinaire et très « Kubrickien » dans la forme, There Will Be Blood (2007) où il campait déjà avec maestria un chercheur de pétrole obsessionnel. Une fois de plus complètement investi dans son rôle, pour interpréter le personnage fictif de Reynolds Woodcock, génie romantique possessif, pointilleux, méticuleux, obnubilé par l’ordre et la discipline, le comédien s’est nourri de nombreuses archives de défilés de mode des années 40 et 50 et a étudié avec Anderson les plus grands couturiers de l’histoire de la Haute Couture.
« Il y avait quelque chose de très intéressant à explorer dans l’idée qu’un tel raffinement pouvait naître au cœur d’une si grande austérité ambiante. » Daniel Day-Lewis.
A noter que le personnage de Woodcock a été inspiré au metteur en scène par le grand couturier espagnol Cristobal Balenciaga (1895-1972) pour lequel ce dernier a développé une véritable fascination. En effet, réputé pour son travail sur la dentelle, ses coupes innovantes et l’élégance de ses patrons, Balenciaga restait chez lui cloitré comme un moine et ne vivait que pour son Art.
Repérée par le cinéaste dans le film allemand (inédit en France) Les Secrets de Lynn (Das Zimmermädchen Lynn, 2014) de Ingo Haeb, pour donner la réplique au « monstre » Daniel Day-Lewis et incarner le personnage d’Alma, la muse affranchie qui se dresse entre les deux piliers de la maison Woodcock, c’est à la jeune et impressionnante Vicky Krieps, comédienne Luxembourgeoise, que le metteur en scène a fait appel après avoir été convaincu par son audition. Qu’elle interprète une serveuse ou une princesse, dans les deux cas sa prestance naturelle lui permet d’être tout aussi crédible. L’infinité de nuances de son jeu en duo avec Day-Lewis atteint un époustouflant degré de complexité. On a aperçu cette dernière à l’affiche de Hanna (2011) de Joe Wright, Möbius (2013) d’Éric Rochant, ou encore Le Jeune Karl Marx (2016) de Raoul Peck. Véritable miracle, Vicky Krieps est la révélation du film.
Dans le rôle de Cyril, la sœur impitoyable de Reynolds Woodcock, Lesley Manville est tout simplement impériale. Essentielle, la silhouette inquiétante et sombre de son personnage alimente l’intrigue. Avec son frère, elle forme le véritable couple du film. Souvent vue chez Mike Leigh (Secrets et Mensonges – Secrets and Lies, 1996 ; Topsy-Turvy, 1999 ; All Or Nothing, 2002 ; Vera Drake, 2004 ; Another Year, 2010 ; Mr. Turner, 2014), on retrouve également Lesley Manville à l’affiche de Le Drôle de Noël de Scrooge (Disney’s A Christmas Carol, 2009) de Robert Zemeckis ou encore de Maléfique (Maleficent, 2014) de Robert Stromberg.
C’est suite à une remarque du musicien Jonny Greenwood sur sa tenue vestimentaire que le réalisateur s’est intéressé de près à la mode et son histoire et a eu l’idée du film. Guitariste de Radiohead et compositeur de la sublime et ténébreuse bande originale du film, Jonny Greenwood en est à sa quatrième collaboration avec P.T. Anderson. C’est effectivement ce dernier qui a signé les musiques des trois précédentes réalisations du cinéaste (There Will Be Blood, The Master et Inherent Vice). Permanente et très importante dans le film, la musique y tient un rôle à part entière. On doit également à Greenwood les musiques des films We Need To Talk About Kevin (2011) et plus récemment A Beautiful Day (You Were Never Really Here, 2017) tous deux réalisés par la réalisatrice Britannique Lynne Ramsay.
Les costumes ayant une importance capitale et une place considérable dans le film, la création de ces derniers a été confiée à Mark Bridges. Celui-ci a déjà conçu ceux de nombreux autres films du cinéaste (Magnolia, There Will Be Blood, The Master et Inherent Vice). Afin de répondre aux attentes du réalisateur et d’illustrer au mieux la trame narrative du film, Bridges a passé des heures avec P.T. Anderson et Daniel Day-Lewis à discuter de l’inspiration du couturier esthète avant de créer une cinquantaine de costumes d’époque raffinés qui reflètent la psychologie de chacun des personnages. Il a également déjà travaillé aux côtés de David O. Russell (J’Adore Huckabees – I Heart Huckabees, 2004; Fighter – The Fighter, 2010; Happiness Therapy – Silver Linings Playbook, 2012), Noah Baumbach (Greenberg, 2010) ou encore de Michel Hazanavicius (The Artist, 2011).
C’est au chef décorateur Mark Tildesley que l’on doit l’impressionnante reconstitution de l’ambiance à la fois romantique, dramatique et tragiquement funèbre du film qui se déroule dans le Londres de l’après-guerre. Pour créer un décor idéal, Tildesley s’est inspiré de photographies de l’époque et s’est principalement concentré sur la psychologie du personnage principal. Afin de donner une authenticité et une âme véritable au film, celui-ci a été tourné dans des décors naturels. La maison familiale des Woodcock est habitée par les souvenirs de la famille. Elle est hantée par son passé. Avec leur hauteur sous plafond, leurs larges fenêtres et la théâtralité de certains éléments comme le grand escalier ou le grand salon, les demeures choisies et leurs décorations font écho au caractère méticuleux et obsessionnel du personnage de Woodcock ainsi qu’à sa dextérité. C’est à Tildesley que l’on doit entre autres les décors des films de Danny Boyle : 28 jours plus tard (28 Days Later, 2002), Millions (2004), Sunshine (2007), Trance (2013) et T2 Trainspotting (2017). Ce dernier a également collaboré avec Michael Winterbottom (With Or Without You, 1999; The Killer Inside Me, 2010), Mike Leigh (Be Happy, 2008), Ron Howard (Au Coeur de l’Océan – In the Heart of the Sea, 2015) ou encore Oliver Stone (Snowden, 2016).
Avec son sujet en symbiose parfaite avec la maîtrise de sa forme et l’intelligence de son traitement, d’une beauté pétrifiante, Phantom Thread est un film riche et ambitieux, une sublime symphonie qui, si besoin en était encore, vient attester de l’indéniable talent du metteur en scène à la filmographie déjà passionnante et impressionnante. Prestigieux cinéaste de la forme et digne héritier des génies des seventies (Robert Altman et Stanley Kubrick en premier lieu), avec Phantom Thread, Paul Thomas Anderson effectue un véritable travail d’orfèvre et interroge le cinéma de la manière la plus agréable qui soit. Renouant avec les prestigieux pionniers de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, il nous offre une fois encore un grand film déjà classique comme on n’en voit malheureusement plus que trop peu de nos jours. Élégant et sophistiqué. Monumental et intemporel.
Steve Le Nedelec
Phantom Thread un film de Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville, Harriet Sansom Harris, Camilla Rutherford, Brian Gleeson, Julia Davis, Sue Clark, Joan Brown, Dinah Nicholson… Scénario : Paul Thomas Anderson. Directeur de la photographie : Paul Thomas Anderson. Direction artistique : Mark Tildesley. Costumes : Mark Bridges. Montage : Dylan Tichenor. Musique : Jonny Greenwood. Producteurs : Paul Thomas Anderson – Megan Ellison – Daniel Lupi – JoAnne Sellar. Production : Annapurna Pictures – Focus Features – Ghoulardi Film Company – Perfect World Pictures. Distribution (France) : Universal Pictures International France (Sortie le 14 février 2018). Etats-Unis – Grande-Bretagne. 2017. 131 minutes. Couleur. Pellicule 35mm Kodak. Panavision. Ratio image : 1.85:1. Dolby Digital. Tous Publics.