Comme chaque année, la section Paysage propose un riche et passionnant panorama du meilleur du cinéma coréen d’aujourd’hui. Cette année, la section Paysage comprend 11 longs-métrages : des films de genre aux films d’auteurs, des films commerciaux aux films indépendants en passant par le documentaire.
Section « Paysage » : Partie 2/2
Lesson (2022) de Kim Kyung-rae – Première Française – 1h34
Professeur particulier d’anglais, Kyung‑min est en couple avec Seon‑hee. Ils s’aiment mais leur relation piétine entre esquives et impossibles compromis. La nouvelle élève de Kyung‑min, Young‑won, enseigne le piano et lui propose de lui donner des cours en contrepartie des leçons d’anglais. Avec elle, tout est simple. Entamer une liaison devient alors une évidence.
Drame psychologique qui explore le sentiment amoureux, Lesson est construit comme un kaléidoscope autour du personnage de Kyung‑min. En croisant son histoire avec celles de Seon‑hee et Young‑won, sous ses allures de film d’apprentissage avec ses cours de musique, de langue ou d’éducation sentimentale, Kim Kyung‑rae propose une passionnante réflexion sur les répétitions et les recommencements de la vie, comme autant de leçons que chaque rencontre suscite. Brillamment mis en scène, la forme du film, de l’écriture du scénario au montage, est au service de son sujet. Romantique et mélancolique, Lesson est une belle évocation du discours amoureux.
Né en 1986, Kim Kyung-rae est diplômé de l’Université nationale des arts de Corée. Ce dernier a déjà réalisé While You Play en 2019, et Film for the Coming Winter en 2021. Lesson est son troisième long-métrage.
Lesson sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le jeudi 31 octobre à 20h55 et le lundi 04 novembre à 18h00.
Lucky, Apartment (2024) de Kangyu Ga-ram – Première Européenne – 1h35
Seon-woo et Hee-seo ont acheté ensemble un appartement. Elles rêvent d’une vie stable et prospère. Mais Seon-woo perd son travail et se casse le pied. Alors qu’elle est bloquée à la maison, intriguée par une odeur fétide, elle découvre que la voisine du dessous est décédée chez elle, sans que personne ne s’en émeuve…
Seon-woo et Hee-seo ont placé tout leur argent dans leur appartement, mais, dans le même temps, pour continuer à avancer, elles ont aussi refoulé leurs doutes et leurs frustrations jusqu’au regard des autres. Lesbiennes dans un monde où l’homosexualité est encore montrée du doigt, leur histoire est d’autant plus forte. Aux multiples tensions de couple viennent s’ajouter le poids du jugement extérieur, le regard de l’autre, et la peur de l’ostracisme. Intimiste par son histoire de couple, Lucky, Apartment s’impose comme un film au discours profondément politique. Classique et simple au premier abord, l’histoire de cette lente implosion du couple tend finalement vers une universalité confondante.
Depuis près de quinze ans, Kangyu Ga-ram travaille sur les espaces de vie, les habitats et leur impact social, notamment sur les femmes. Son film I-tae-won a été présenté dans la section Paysage au FFCP en 2017. Lucky, Apartment est son premier long-métrage de fiction.
Lucky, Apartment sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris, avec la présence exceptionnelle du réalisateur Kangyu Ga-ram, le dimanche 3 novembre à 20h30 et le lundi 4 novembre à 20h35.
Mimang (2023) de Kim Taeyang– Première Française – 1h32
Il a rendez-vous à Jongno, pour un cours de dessin. Elle se dirige vers un cinéma où elle doit présenter un film. Ces deux anciens amis ne se sont pas vus depuis plusieurs années. Ils tombent l’un sur l’autre, en plein cœur de Séoul. Et décident de marcher ensemble, dans ce quartier qu’ils ont tant fréquenté dans le passé.
Construit en trois temps autour de deux personnages à trois moments différents de leur vie, Mimang raconte ces rencontres inattendues, à la fois banales et quotidiennes, qui pourtant se révèlent être des moments décisifs de la vie. Douce balade poétique à travers un quartier de Séoul et à travers le temps, Mimang parle des petits « riens » qui forment un grand tout, Mimang parle du temps qui passe, Mimang parle de la vie. Magnifique.
Né en 1988, Kim Taeyang a étudié le cinéma à l’université Konkuk. Ce dernier a remporté de nombreux prix avec ses courts-métrages Snail (2020) et Seoul Cinema (2022). Sélectionné au Festival international du film de Toronto, Mimang est son premier long-métrage.
Mimang a été présenté au Festival de Toronto et au Festival de Jeonju Mimang sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris, avec la présence exceptionnelle du réalisateur Kim Taeyang, le samedi 02 novembre à 20h50 et le dimanche 03 novembre à 17h15.
Voices of the Silenced (2023) de Park Soo-nam et Park Maeui – Documentaire – 2h21
La réalisatrice Park Soo‑nam entame la numérisation et la restauration de ses documentaires sur les Zainichi, les Coréens du Japon, avec sa fille Park Maeui. Elles sauvegardent ainsi des témoignages de victimes et de survivants sur plus de soixante ans. Ces voix du passé entrent alors en résonance avec le présent.
Documentaire sur les documentaires, avec Voices of the Silenced, Park Soo‑nam et Park Maeui reviennent sur leurs combats pour la reconnaissance des victimes coréennes durant l’occupation japonaise et sur la place des Coréens de deuxième génération au Japon et réalisent ainsi leur propre autobiographie. Voices of the Silenced est construit d’extraits des documentaires de Park Soo‑nam que les deux réalisatrices complètent de séquences non montées, d’archives, de témoignages inédits et d’incursions contemporaines qui ne manquent pas de souligner leur impact politique. Avec Voices of the Silenced, Park Soo‑nam et Park Maeui relient aussi bien les temporalités que les générations pour lutter contre l’oubli et que la mémoire survive.
Park Soo-nam a réalisé son premier documentaire en 1985. Park Soo-nam est une coréano-japonaise de deuxième génération. Dès son adolescence, sa fille Park Maeui a commencé a travaillé avec elle sur le montage des films. C’est ensemble qu’elles réalisent Voices of the Silenced.
Voices of the Silenced a été présenté au Festival de Berlin et sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le mercredi 30 octobre à 14h35 et le samedi 2 novembre à 12h00.
Work to Do (2023) de Park Hong-jun – Première parisienne – 1h40
Jun-hee est promu au service des ressources humaines de sa société. Dans le domaine du chantier naval, la concurrence, notamment étrangère, devient rude. Sa hiérarchie le charge alors d’organiser un plan social. La sélection des futurs licenciés se fait en partie sur la foi d’un algorithme qu’il a lui-même optimisé. Mais la démarche accable Jun-hee d’une honte grandissante…
Film social et engagé sur l’inhumanité qui touche le monde du travail, Work to Do se rapproche du cinéma de Ken Loach ou encore de celui de Stéphane Brizé. Mais la particularité de Work to Do c’est le choix de Park Hong-jun d’adopter non pas le point de vue des victimes mais celui du bourreau. Celui-ci ne détourne jamais le regard de ceux que le capitalisme envoie faire le sale boulot. Si la caméra, toujours à distance, et l’image, glaciale donnent du réalisme au film, toujours avec bienveillance, le cinéaste prend immanquablement le parti du peuple. Politique et social, Work to Do dénonce les dérives et l’ingratitude du monde du travail.
Né en 1986, Park Hong-jun a précédemment réalisé deux courts-métrages, Moving Day et Smoke on the Love. Inspiré de ses propres expériences du monde du travail et sélectionné dans de nombreux festivals, Work to Do est son premier long-métrage.
Work to Do sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le vendredi 1er novembre à 12h15 et le lundi 4 novembre à 14h45.
Allant du blockbuster au film d’auteur indépendant, la sélection très alléchante de cette dix-neuvième édition du Festival du Film Coréen à Paris met une fois encore à l’honneur un cinéma à l’exception culturelle singulière. Par sa diversité, son éclectisme et sa richesse, cette nouvelle édition s’annonce déjà exceptionnelle. N’hésitez plus! Venez découvrir le meilleur du cinéma coréen d’hier, d’aujourd’hui et de demain !
Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous au Publicis Cinémas du 29 octobre au 05 novembre 2024.
Steve Le Nedelec