Comme chaque année, la section Paysage propose un riche et passionnant panorama du meilleur du cinéma coréen d’aujourd’hui. Cette année, la section Paysage comprend 11 longs-métrages : des films de genre aux films d’auteurs, des films commerciaux aux films indépendants en passant par le documentaire.
Section Paysage : Partie 1/2
At the End of the Film (2023) de Ahn Sun-kyoung– Première Française – 2h54
Si-won tente de réaliser son premier long-métrage depuis dix ans. Il est enfin sur le point de voir son projet aboutir… mais son producteur décide soudain d’y inclure plus de dramaturgie et de remplacer le personnage principal féminin par un homme. Si-won craint de voir son rêve s’écrouler. Et pour ne rien arranger, son vieux chat, Luka, a besoin d’être opéré.
Imprévisible, étrange et fascinant, At the end of the film est une œuvre à la fois singulière et ambitieuse. Lettre d’amour inquiète pour l’avenir du cinéma d’auteur coréen, à travers son film Ahn Sun-kyoung s’interroge sur les difficultés de réaliser un film à notre époque où les considérations économiques sont devenues trop importantes dans le processus de création. Détachée de toute vision romantique, la réalisatrice nous montre l’artiste dans son quotidien le plus banal. At the end of the film est un film qui, par le geste empreint de passion de son auteur, bouscule le spectateur autant qu’il l’envoûte.
Née à Séoul en 1972, Ahn Sun-kyoung a étudié le cinéma à la KAFA. Après un premier long-métrage en 2009, A Blind River, elle a remporté le prix New Currents au Festival de Busan pour Pascha en 2013.
At the end of the film sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le mercredi 30 octobre à 20h00 et le mardi 5 novembre à 13h15.
Citizen of a Kind (20224) de Park Young-ju – Première Française – 1h54
A deux doigts d’obtenir un prêt qui pourrait la sortir de la dèche, Duk-hee réalise avoir été bernée par un arnaqueur qui s’est fait passer pour sa banque. Devant l’inaction de la police, cette mère de famille décide de se faire justice elle-même, avec l’aide de l’escroc, otage bien malgré lui du réseau de fraudeurs agissant depuis la Chine. Pour enquêter, Duk-hee peut compter sur ses copines de l’usine, direction Qingdao.
Comédie grand public et intelligente, à la fois mise en garde contre les arnaques et manifeste contre l’injustice, Citizen of a Kind est un film d’utilité publique. Motivée par la colère, la réalisatrice transcende celle-ci avec un humour dévastateur. A l’affiche du film, les comédiens et comédiennes, Ra Mi-ran (Lady Vengeance, Thirst, Ode to my Father…), Yeom Hye-ran (Memories of Murder, Sea Fog…), Gong Myung (A Girl at My Door, Extreme Job, Killing Romance…) et Park Byung-eun (Assassination, The Hunt…) déploient une énergie folle et communicative.
Née en 1985, avec Citizen of a Kind, Park Young-ju signe son premier film de studio. Avant cela, elle a réalisé deux courts-métrages très remarqués, A Delivery Girl (2014) et 1 Kilogram (2015), et un premier long-métrage, Second Life, sélectionné dans la section Paysage du FFCP en 2019.
Citizen of a Kind sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le mercredi 30 octobre à 17h50 et le samedi 2 novembre à 17h45.
Concerning My Daughter(2023) de Lee Mi-rang– Première parisienne – 1h46
Mme Oh, aide-soignante quinquagénaire, s’occupe d’une vieille dame atteinte d’Alzheimer au sein d’une maison de retraite. Lorsque sa fille, la vingtaine, a du mal à payer son loyer, elle lui propose de venir se réinstaller chez elle. Mais c’est en couple, avec une femme, que sa fille rentre à la maison. Au grand désarroi de Mme Oh.
Débordante de délicatesse, cette adaptation du roman de Kim Hye-jin est une magnifique ode à la tolérance. Complexe et dans le même temps, tellement humaine, que le spectateur parvient à s’attacher au personnage de cette femme qui n’arrive pas à faire preuve de la même bonté auprès des siens que celle qu’elle exprime pour des personnes étrangères. Cette femme toujours à la limite entre tolérance et intolérance. Le sens du cadre de la cinéaste et son économie de dialogues permettent au film de toujours garder la bonne distance à la fois avec ses personnages et son propos. Tout en retenue, Concerning My Daughter est un film magnifique sur l’homophobie, la difficulté de vivre sa vie comme on l’entend dans une société où les œillères sont fermement en place, et la tolérance.
Lee Mi-rang a étudié à l’Institut des arts de Séoul et à l’Ecole des arts et de la communication de l’université Yonsei. Elle a réalisé les courts-métrages Getting Married To A Vietnamese Girl (2005), The Bath (2007) et Chunjung (2013). Concerning My Daughter est son premier long métrage.
Concerning My Daughter sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le mercredi 30 octobre à 12h00 et le dimanche 3 novembre à 12h00.
Delivery (2023) de Jang Min-joon – Première Internationale – 1h42
Me‑ja et Dal‑su vont être parents mais n’ont pas les moyens financiers d’élever leur futur bébé. Gui‑nam et Woo‑hee veulent un enfant et doivent en avoir un pour hériter de la fortune du patriarche, mais leur couple est stérile. Tous les quatre vont trouver un accord…
Pour son premier long‑métrage, Jang Min‑joon signe une comédie douce‑amère sur la gestation pour autrui. Film à intrigue sociale ironique, Delivery développe aussi bien l’opposition que la complémentarité de deux conceptions différentes de la natalité et de la parentalité dans une société à la fois consumériste et conservatrice. Le réalisateur interroge donc ainsi les dilemmes moraux et éthiques que la gestation pour autrui provoque, aussi bien du côté des mères porteuses que des familles adoptantes. Jang Min-joon pose un regard touchant sur les paradoxes qui habitent ses personnages aussi attachants les uns que les autres. Drôle et émouvant, Delivery est un conte moderne.
Né en 1989, Jang Min-joon a étudié l’astronomie et l’architecture avant d’entrer à la Korean Academy of Film Arts (KAFA) dont il est sorti diplômé en 2020. Il a réalisé les courts-métrages Double Skin, Painkiller et Peace River avant de signer Delivery, son premier long.
Delivery sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le jeudi 31 octobre à 12h00 et le samedi 2 novembre à 12h10.
House of the Seasons (2023) de Oh Jung-min– Première Européenne – 2h01
La famille Kim possède une petite fabrique de tofu près de Daegu. C’est l’été, et les trois générations sont réunies pour rendre hommage aux ancêtres. Tout le monde attend Seong-jun, le petit-fils, qui tente de percer comme acteur à Séoul. Le chouchou des grands-parents. Mais lorsque le jeune homme arrive, il fait une annonce qui va mettre en péril l’équilibre familial.
Réalisé avec précision et finesse, House of the Seasons est un magnifique portrait de famille. Tout en tirant parti des différentes saisons sur lesquelles se déroule l’histoire du film pour jouer à la fois sur les sens et les émotions du spectateur, le sens du détail dont fait preuve Oh Jung-min dans sa mise en scène pour dévoiler les membres de cette famille par touches délicates et non-dits, est impressionnant. Sans jamais être démonstratif, Oh Jung-min réalise un film mélancolique et lumineux qui touche en plein cœur.
Né à Daegu en 1989, Oh Jung-min a étudié le cinéma à la KAFA. Ce dernier a remporté le Prix FlyAsiana du Meilleur court-métrage au FFCP en 2018 avec Coming of Age. House of the Seasons est son premier long-métrage.
House of the Seasons sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le jeudi 31 octobre à 14h40 et le vendredi 1er novembre à 20h45.
It’s Okay! (2024) de Kim Hye-young – Première Française – 1h41
In-young, élève d’une prestigieuse compagnie de danse traditionnelle, perd sa mère dans un accident de la route. Elle s’habitue à vivre seule mais, sans ressource, l’adolescente n’a d’autre choix que de squatter l’académie de danse le soir venu. Devant cette situation incongrue, sa professeure, une célibataire exigeante et secrète, la recueille.
Teen-movie musical singulier, si It’s Okay ! est incontestablement un film frais, ce n’est pas pour autant un film « léger ». En effet, dans ce récit d’apprentissage à la manière de Fame réalisé par Alan Parker en 1980, la réalisatrice Kim Hye-young n’hésite pas à parler des liens qui nous unissent ou encore à dénoncer la pression de la société qu’exercent les adultes sur les enfants en leur imposant d’être à la hauteur de leurs exigences démesurées. Comédie dramatique moderne, It’s Okay! est porté par l’incroyable Lee Re (Peninsula…).
Diplômée en écriture dramatique de l’Institut des arts de Séoul, Kim Hye-young a réalisé des épisodes des séries Unicorn et Be Melodramatic avant de réaliser It’s Okay! son premier film, récompensé par un Ours de cristal au Festival de Berlin.
It’s Okay! sera présenté au Festival du Film Coréen à Paris le vendredi 1er novembre à 12h25 et le lundi 4 novembre à 17h30.
Allant du blockbuster au film d’auteur indépendant, la sélection très alléchante de cette dix-neuvième édition du Festival du Film Coréen à Paris met une fois encore à l’honneur un cinéma à l’exception culturelle singulière. Par sa diversité, son éclectisme et sa richesse, cette nouvelle édition s’annonce déjà exceptionnelle. N’hésitez plus! Venez découvrir le meilleur du cinéma coréen d’hier, d’aujourd’hui et de demain !
Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous au Publicis Cinémas du 29 octobre au 5 novembre 2024.
Steve Le Nedelec