Un chargement de drogue disparaît entre l’Italie et New York. Petit maquereau sans envergure, Luca Canali (Mario Adorf) est soupçonné d’être l’auteur de ce vol et est traqué par deux tueurs à gages, David Catania (Henry Silva) et Frank Webster (Woody Strode), envoyés par le parrain new-yorkais Corso (Cyril Cusack), qui ont reçu pour consigne d’être les plus brutaux possibles. Mais le véritable auteur du vol, Don Vito Tressoldi (Adolfo Celi) est également à la recherche de Canali pour l’empêcher de parler. Quand la famille de Canali est assassinée sous ses yeux, ce dernier cesse de fuir et entreprend sa vengeance.
Fernando Di Leo a débuté sa carrière en co-signant les scénarios de nombreux célèbres et importants westerns-spaghettis du milieu des années 60 comme Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, 1964) et Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollari in più, 1965) réalisés par Sergio Leone, Un Pistolet pour Ringo (Una Pistola per Ringo, 1964) et Le Retour de Ringo (Il Ritorno di Ringo, 1965) réalisés par Duccio Tessari, ou encore Navajo Joe (1966) de Sergio Corbucci et Le Temps du massacre (Tempo di massacro, 1966) de Lucio Fulci. Dès la fin des années 60, Di Leo se consacre presque exclusivement à la mise en scène et à l’écriture de ses propres films. Tout de suite après le très noir Milan Calibre 9 (Milano Calibro 9, 1972), son adaptation du recueil de nouvelles noires se déroulant à Milan de l’écrivain Giorgio Scerbanenco, le cinéaste Fernando Di Leo réalise Passeport pour Deux Tueurs ou L’Empire du Crime (La Mala Ordina, 1972), le deuxième volet de l’immanquable « Trilogie du Milieu » qui, dans le violent contexte politique et social des années de plomb que traverse le pays, nous plonge au cœur du grand banditisme italien. Passeport pour Deux Tueurs précède Le Boss (Il Boss, 1973) qui en sera le troisième et dernier opus.
Auteur d’une œuvre essentiellement axée sur le cinéma dit « de genre », Di Leo dresse toujours en sous-texte dans ses films un constat à la fois politique, social et culturel de l’Italie de l’époque. Un constat qui, dans le même temps, met à jour ses opinions personnelles et ses convictions profondes. S’il en a beaucoup écrit, il est pertinent de relever que Fernando Di Leo n’a jamais réalisé de westerns. Cependant, avec ses personnages de gangsters solitaires, ses bandes rivales, ses duels, ses alliances diverses et ses nombreux retournements de situation, ses polars en reprennent indubitablement les codes en les transposant dans un univers urbain. Dans l’histoire du cinéma, « la trilogie du Milieu » de Fernando Di Leo est une référence aussi importante pour le polar que ne l’est « la trilogie du dollar » de Sergio Leone pour le western. Milan Calibre 9, Passeport pour Deux tueurs et Le Boss sont aujourd’hui devenus des classiques incontournables et une référence pour beaucoup, à commencer pour le réalisateur Quentin Tarantino qui, de Reservoir Dogs (1992) à Boulevard de la mort (Grindhouse: Death Proof, 2007) en passant par Pulp Fiction (1994) et son duo de bandits mythique, Vincent Vega et Jules Winnfield (John Travolta et Samuel L. Jackson), qui a pour modèle celui que forment Henry Silva et Woody Strode dans Passeport pour Deux tueurs, s’inspirera allègrement des films de Di Leo dans son œuvre.
« Je dois beaucoup à Fernando en termes de passion et de réalisation […]. Je suis un grand fan des films de gangsters italiens, je les ai tous vus et Fernando Di Leo est, sans aucun doute, le maître de ce genre. » Quentin Tarantino
Comme Milan Calibre 9, Passeport pour Deux Tueurs est produit par Armando Novelli, mais, coproduit par Roger Corman, le film connaîtra une sortie en salles aux Etats-Unis sous le titre The Italian Connection. On retrouve dans Passeport pour Deux Tueurs la manière singulière qu’à Fernando Di Leo de filmer la ville et d’utiliser magnifiquement l’espace du décor citadin comme un personnage à part entière, mais aussi son style unique qui situe le film dans le genre du poliziottesco, le néo-polar italien. En effet, Le style unique du réalisateur, l’esthétique de Passeport pour Deux Tueurs, mais aussi son époque, inscrivent ce dernier dans le genre cinématographique du poliziottesco que l’on appelle également polar bis italien ou polar-spaghetti. Avec plus d’une centaine de films, le polar urbain poliziottesco sera un genre populaire en Italie qui, frappée par la violence terroriste issue des milieux extrémistes de droite comme de gauche et par la corruption, traverse une période funeste de son histoire, les années de plomb.
Inspiré du cinéma américain et particulièrement des succès internationaux de classiques du film noir comme L’Inspecteur Harry (Dirty Harry, 1971) de Don Siegel, French Connection (The French Connection, 1971) de William Friedkin, Le Parrain (The Godfather, 1972) de Francis Ford Coppola ou encore Le Flingueur (The Mechanic, 1972), Le Cercle Noir (The Stone Killer, 1973) puis Un Justicier dans la ville (Death Wish, 1974) de Michael Winner, le poliziottesco repose principalement sur des histoires et des enquêtes policières s’inspirant de faits divers de l’époque. Le genre s’inscrit ainsi dans un contexte historique politique et social sans précédent.
A l’image du giallo dont il est « cousin », le poliziottesco est un genre très codifié qui va venir se substituer aux films d’horreur en mettant l’accent sur une représentation très graphique de la violence. Celui-ci se démarque du film noir classique italien et du film noir américain par son approche sociologique, son action prédominante (courses-poursuites, cascades,…), sa violence exacerbée (explosions, fusillades, règlements de comptes,…), ses accointances avec la thématique récurrente de la vengeance et son traitement des personnages. Reflet de l’époque et des attentats politiques qui ensanglantent le pays, le polar-spaghetti met principalement en avant des flics durs à cuire et incorruptibles vivant au quotidien dans l’enfer de la jungle urbaine, des policiers anarchistes et/ou corrompus, des antihéros pour qui le sens de l’honneur prévaut face à la loi, ou encore des gangsters sans foi ni loi. Dans le polar-spaghetti, la loi n’a pas le dernier mot. « La trilogie du Milieu » appartient à tout un pan du cinéma bis italien resté dans l’ombre en France du fait que les écrans des cinémas de quartier étaient alors inondés, car bons marchés, de films de Kung-fu ou de films érotiques. Au début des années 70, années charnières du polar-spaghetti, avec ses films aussi audacieux que parfaitement maîtrisés et son sens exacerbé de la tragédie, Fernando Di Leo donnera sa forme définitive et ses lettres de noblesse au genre et deviendra la référence des réalisateurs de poliziottesco.
Comme dans Milan Calibre 9, l’action de Passeport pour Deux Tueurs se déroule à Milan. Filmée de manière tout aussi remarquable que dans l’opus précédent, sans pour autant tomber dans le cliché carte postale, Fernando Di Leo nous propose ici un autre Milan que le Milan sombre et obscur de Milan Calibre 9, un Milan plus claire et lumineux. Toujours avec le chef opérateur Franco Villa à la photographie, le traitement formel de Passeport pour Deux Tueurs est profondément différent de celui que le cinéaste a effectué sur Milan Calibre 9. Très important sur les films de Fernando Di Leo, le montage, toujours très précis et serré, est une nouvelle fois assuré par le talentueux Amedeo Giomini. Venant amplifier l’histoire, la narration et le montage, le doublage du film (la prise de son ne s’effectuait pas encore directement sur le plateau de tournage) et les bruitages de l’époque contribuent aussi bien au côté impressionnant qu’au côté grand-guignol de la mise en scène et participent à rendre cette dernière encore plus convaincante et jubilatoire. A la fois direct et précis dans le style, Di Leo n’a aucune limite d’inventivité de figure dans l’expression de la violence. Caractéristiques de la singularité de son cinéma, des séquences d’une brutalité hallucinante et des scènes d’actions prodigieusement réalisées et rythmées, lors desquelles, magistrale, la mise en scène prend le dessus sur l’histoire, vont ponctuer le film pour notre plus grand plaisir. Exigeant, Di Leo est un cinéaste qui sait ce qu’il veut et qui sait ce qu’il fait.
Située dans un bureau à New-York où un boss de la mafia a convoqué deux tueurs pour les envoyer en Italie régler son compte à celui qu’ils pensent avoir détourné un chargement de drogue, la séquence d’ouverture du film participe entièrement à la séduction du spectateur par son utilisation du mythe du gangster américain. Pour accentuer cette ouverture vers l’extérieur et cette fascination des spectateurs pour les mythes du cinéma américain, Frank et David, les deux tueurs, sont respectivement interprétés par Woody Strode et Henry Silva qui sont deux comédiens américains. Dans le même temps, Di Leo n’hésite pas un instant à démystifier ses personnages qu’il caricature avec une ironie subtile.
Dans la deuxième partie du film, lorsque le personnage principal se venge et la violence se déchaînent, Fernando Di Leo décide de faire voler en éclats les limites de la mise en scène et s’autorise toutes les idées les plus folles pour rendre les scènes aussi délirantes que sensationnelles. Aussi invraisemblable que jouissive pour le spectateur, la longue et spectaculaire séquence de course-poursuite entre le personnage de Canali et un tueur en fuite en est le parfait exemple. Techniquement complexe à réaliser, cette dernière a été préparée avec l’assistance de l’incontournable Rémi Julienne. Notons que la scène de fin de cette séquence hallucinante vient faire écho à une autre scène que l’on retrouve dans Bertha Boxcar (Boxcar Bertha, 1973) de Martin Scorsese. L’absence de limite du cinéaste aussi bien dans son approche du cinéma que dans sa mise en scène, participe à son génie créateur et lui permet de nous offrir des scènes tout simplement splendides.
A l’instar des westerns, la très maîtrisée scène de fin du film qui se déroule dans une casse automobile est une furieuse et formidable scène de règlement de comptes. Comme en témoignent ces scènes, c’est lorsque Fernando Di Leo se déchaîne dans sa mise en scène qu’il devient un grand cinéaste et nous livre de grands moments de cinéma.
Qu’ils soient gangsters ou flics, Fernando Di Leo ne cherche jamais à filmer des « héros » ni à magnifier ses personnages. Le personnage principal de Luca Canali, misérable proxénète, en est ici l’illustration parfaite. Dans ses films, les personnages ne sont jamais fascinants et restent de simples hommes appartenant à un milieu qui ne les prépare qu’à mourir. Ces derniers appartiennent à un milieu qui les condamne d’avance. Un milieu où, comme dans ses films, seule la « morale » des gangsters compte. Pour favoriser l’exportation des films à l’étranger, les productions de l’époque, ou plutôt coproductions, avaient pour judicieuse habitude de proposer des castings internationaux. Composé de gueules remarquables et comprenant des acteurs d’origine italienne et américaine, éclectique et international, le casting de Passeport pour Deux Tueurs est non seulement une réussite mais une des forces indéniables du film. Tous les comédiens du film sont à la fois bons et parfaits dans leurs rôles respectifs.
A l’affiche de Passeport pour Deux Tueurs on retrouve dans le rôle de Luca Calani, petit proxénète qui va devoir lutter seul contre la mafia, le toujours impeccable Mario Adorf qui, en 60 ans de carrière compte plus de deux cents films à son actif. De Sam Peckinpah (Major Dundee, 1965) à Dario Argento (L’oiseau au plumage de cristal, 1970) en passant par Robert Siodmack (La Nuit quand le diable venait ou Les SS frappent la nuit, 1957), Yves Boisset (Cran d’arrêt, 1970), Luigi Comencini (Les Aventures de Pinocchio, 1972), Volker Schlöndorff (Le Tambour, 1979), Rainer Werner Fassbinder (Lola, une femme allemande, 1981) ou encore Dino Risi, Claude Chabrol, Georges Lautner, Ettore Scola, Franco Rossi, Sergio Corbucci, Aldo Lado, Billy Wilder, Antonio Pietrangeli, John Frankenheimer et Jerzy Skolimowski, Mario Adorf a tourné pour les plus grands réalisateurs. Sur le plan scénaristique, l’évolution du personnage de Calani s’effectue toujours en réaction aux attaques dont il est la cible. Quant à la mise en scène de Di Leo, elle met tout en œuvre pour emprisonner le personnage dans la ville. Calani ne peut sortir de Milan. Il est comme prisonnier d’un monde qui l’a condamné. D’origine germano-italienne, habitué aux films de genre des années 60 et 70, Mario Adorf est éblouissant et irréprochable dans son rôle de minable qui, suite aux évènements, n’a plus rien à perdre et va se déchaîner jusqu’à devenir dans le même temps un justicier exterminateur presque « héroïque » et attachant. Très convaincante, son interprétation est tout simplement magistrale. Son personnage de Luca Calani et son jeu sont ici très différents de la manière plus caricaturale qu’il a de composer celui de Rocco dans Milan Calibre 9.
Aux côtés de Mario Adorf on retrouve dans les rôles des tueurs Frank et David, les comédiens américains Woody Strode et Henry Silva.
Parfait dans son personnage de tueur impassible, Woody Strode était auparavant à l’affiche de Péplums comme Les Gladiateurs (Demetrius and the Gladiators, 1954) de Delmer Daves, Les Dix Commandements (The Ten Commandments, 1956) de Cecil B. DeMille ou Spartacus (1960) de Stanley Kubrick. Strode a également incarné un des premiers personnages noirs importants de l’histoire du cinéma américain dans le western Le Sergent Noir (Sergeant Rutledge, 1960) réalisé par John Ford qu’il retrouvera deux ans plus tard pour L’Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance, 1962) puis en 1966 pour Frontière chinoise (7 Mujeres). On a également pu voir le comédien à l’affiche d’autres grands films comme Les Professionnels (The Professionals, 1966) de Richard Brooks, Shalako (1968) d’Edward Dmytryk, Che ! (1969) de Richard Fleischer, Il Était une fois dans l’Ouest (Once Upon a Time in the West, 1969) de Sergio Leone, Vigilante (1983) de William Lustig, Cotton Club (The Cotton Club, 1984) de Francis Ford Coppola ou Mort ou vif (The Quick and the Dead, 1995) de Sam Raimi. Après Passeport pour Deux Tueurs, Woody Strode retrouvera le cinéaste Fernando Di Leo pour Ursula l’anti-gang (Colpo in canna, 1975) puis La Race des violents (Razza Violenta, 1984) où il partagera à nouveau l’affiche avec Henry Silva.
Tout aussi exceptionnel dans son interprétation du personnage de David, l’autre tueur, Henry Silva a lui aussi joué pour les plus grands cinéastes. Habitué aux rôles de méchants, Henry Sylva est à l’affiche de nombreux westerns et polars américains, italiens et français. On a vu son terrifiant visage taciturne entre autres dans Viva Zapata ! (1952) d’Elia Kazan, Une poignée de neige (A Hatful of Rain, 1957) de Fred Zinnemann, Le Trésor du pendu (The Law and Jack Wade, 1959) et Les Trois Sergents (Sergeants 3, 1961) réalisés par John Sturges, Un Crime dans la Tête (The Manchurian Candidate, 1962) de John Frankenheimer, L’Invasion Secrète (The Secret Invasion, 1964) de Roger Corman, La Rançon de la peur (Milano odia : la polizia non può sparare, 1974), Un Flic hors-la-loi (L’Uomo della strada fa giustizia, 1975) et La Mort en sursis (Il trucido e lo sbirro, 1976) réalisés par Umberto Lenzi, Virus (Fukkatsu no hi, 1980) de Kinji Fukasaku, Meurtres en direct (Wrong is right, 1982) de Richard Brooks, Le Marginal (1983) de Jacques Deray, Sale temps pour un flic (Code of Silence, 1985) d’Andrew Davis, Dick Tracy (1990) de Warren Beatty, The End of Violence (1997) de Wim Wenders ou encore Ghost Dog : la voie du samouraï (Ghost Dog: The Way of the Samurai, 1999) de Jim Jarmusch.
Après Passeport pour Deux tueurs, Henry Silva incarnera le rôle principal du film suivant de Fernando Di Leo, Le Boss (Il Boss, 1973). Di Leo réunira et dirigera à nouveau le duo Henry Silva et Woody Strode pour le film La Race des violents (Razza Violenta, 1984) puis retrouvera une dernière fois le comédien Henry Silva pour son dernier film, Killer vs Killers (Killer contro Killers) en 1985.
Le personnage du mafieux Don Vito Tressoldi est quant à lui interprété par le comédien Adolfo Celi dont la carrière a été lancée sous la direction de Luigi Comencini dans De nouveaux hommes sont nés (Proibito rubare) en 1948. Après avoir émigré en Amérique du Sud durant quatorze ans, Adolfo Celi rentre en Europe et reprend sa carrière de comédien. Parmi la centaine de films qu’il va tourner entre 1963 et 1986, on le retrouve entre autres à l’affiche de L’Homme de Rio (1963), Un monsieur de compagnie (1964) et Le Roi de Cœur (1966) réalisés par Philippe de Broca, Opération Tonnerre (Thunderball, 1965) de Terence Young, L’Extase et l’Agonie (The Agony and The Ecstasy, 1965) de Carol Reed, Yankee (1965) de Tinto Brass, Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Guêpier pour trois abeilles (The Honey pot, 1967) de Joseph L. Mankiewicz, Danger : Diabolik ! (Diabolik, 1968) de Mario Bava, Un Condé (1970) d’Yves Boisset, Brancaleone s’en va-t’aux croisades (Brancaleone alle crociate, 1970), Mes Chers Amis (Amici miei, 1975) et Mes Chers Amis 2 (Amici miei atto II, 1982) réalisés par Mario Monicelli, Qui l’a vue mourir ? (Chi l’ha vista morire ?, 1972) d’Aldo Lado, Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel, Le Grand Escogriffe (1976) de Claude Pinoteau ou encore Les Passagers (1977) de Serge Leroy.
Corso, le parrain new-yorkais, est interprété par le comédien Cyril Cusack que l’on a pu voir chez des cinéastes comme Carol Reed (Huit Heures de sursis, 1947), Joseph L. Mankiewicz (L’évadé de Dartmoor, 1948), Michael Powell et Emeric Pressburger (La Mort apprivoisée, 1949 ; L’insaisissable Mouron, 1950 ; La Renarde / The Wild Heart, 1950), John Ford (Quand se lève la lune, 1957 ; Inspecteur de service, 1958), John Guillermin (Les Femmes du général, 1962), Martin Ritt (L’Espion qui venait du froid, 1965), Val Guest (80,000 suspects, 1963 ; Passeport pour l’oubli, 1966), François Truffaut (Fahrenheit 451, 1966), Franco Zeffirelli (La Mégère apprivoisée, 1967), Pier Paolo Pasolini (Œdipe roi, 1967), Peter Brook (King Lear, 1971), Hal Ashby (Harold et Maude, 1971), Steno (Société anonyme anti-crime, 1972), Fred Zinnemann (Chacal, 1973), Richard Lester (Terreur sur le Britannic, 1974), Michael Radford (1984, 1984) ou encore Jim Sheridan (My left foot, 1989).
Pour composer la bande originale très jazz et soul qui rythme superbement le film, Di Leo va faire appel au pianiste et compositeur italien Armando Trovajoli (Trovaioli) qui, de Duke Ellington à Django Reinhardt en passant par Louis Armstrong, Miles Davis ou Chet Baker a joué avec les meilleurs et plus célèbres jazzmen. Trovajoli a composé les musiques de plus de trois cents films et a collaboré aussi bien avec l’immense Nino Rota qu’avec des cinéastes comme Luigi Comencini, Ettore Scola, Steno, Vittorio De Sica, Sergio Corbucci, Mario Bava, Duccio Tessari, Mario Monicelli, Umberto Lenzi et Dino Risi.
Riche en thématiques, ressorts dramatiques, personnages, actions et rebondissements, le scénario de Passeport pour Deux Tueurs et son traitement original, mais aussi l’audace formelle de la mise en scène singulière et efficace, l’esthétique visuelle, le montage serré, le rythme soutenu et l’interprétation inspirée des comédiens, participent pleinement à la forme radicale et au discours sans concession de ce polar implacable qui, de bout en bout, tient le spectateur en haleine.
Âpre et noir, violent et percutant, d’une modernité manifeste et dans le même temps peinture fidèle d’une époque, tout dans Passeport pour Deux Tueurs vient témoigner de l’originalité et de l’inventivité de Fernando Di Leo. Tout dans Passeport pour Deux Tueurs vient témoigner de la maitrise totale de son auteur. Passeport pour Deux Tueurs connaîtra le succès mérité qui permettra de lancer le projet de Le Boss, le troisième et dernier volet de la « trilogie du Milieu ». Malgré tout cela, Passeport pour Deux Tueurs est passé inaperçu sur les écrans en France. Grand film oublié, Passeport pour Deux Tueurs est une pépite à (re)découvrir absolument ! Un classique du cinéma. Culte.
Steve Le Nedelec
La Trilogie du milieu – Milan Calibre 9, Passeport pour deux tueurs et Le Boss, une indispensable édition Éléphant Classics Films, en coffret Blu-ray ou DVD, masters HD superbes avec une myriade de suppléments, pour Passeport pour deux tueurs : Une présentation du film par René Marx « peut-être le seul des trois films de la trilogie où le personnage principale est vraiment attachant » (22 minutes). Fernando Di Leo par Laurent Aknin, « Di Leo un très grand contributeur au western italien, mais qui n’en réalisa aucun, un paradoxe… » (23 minutes). Passeport pour deux tueurs : un documentaire « Un film aussi important que L’Ultime Razzia de Kubrick et Le Cercle rouge de Melville » un formidable document de 2004 avec plusieurs intervenants dont Fernando Di Leo (20 minutes). Dans la même collection : Bande-annonce des films de La Trilogie du milieu (2 minutes). Et cadeau supplémentaire, un excellent livret : La Trilogie du milieu, belle introduction au Poliziottesco, de son contexte historique, aux principaux comédiens du genre en passant, bien sûr par les films de Fernando Di Leo par Alain Petit (52 pages). Un must !
Passeport pour deux tueurs (La Mala Ordina) un film de Fernando Di Leo avec Mario Adorf, Henry Silva, Woody Strode, Adolfo Celi, Luciana Paluzzi, Sylva Koscina, Franco Fabrizi, Cyril Cusack, Peter Berling, Femi Benussi, Gianni Macchia, Francesca Romana Coluzzi, Jessica Dublin, Ulli Lommel… Scénario : Fernando Di Leo, Augusto Finocchi, Ingo Hermes. Directeur de la photographie : Franco Villa. Montage : Amedeo Giomini. Décors et costumes : Francesco Cuppini. Musique : Armando Trovajoli. Producteur : Armando Novelli. Producteur : Cineproduzioni Daunia 70 – Hermes Synchron. Italie – RFA (Allemagne de l’Ouest). 1972. Version intégrale non-censurée : 95 minutes. Version française : 91 minutes. Eastmancolor. Arriflex. Format image : 1,66 :1. Son : Version originale anglaise avec ou sans sous-titres français et Version française. DTS-HD Dual Mono 2.0. Tous Publics avec avertissement : « Les nombreuses scènes de violence et de meurtre peuvent impressionner les jeunes spectateurs ».