Paradesi – L’esclave – Bala

L'Esclave

En 1939, dans un village du sud de l’Inde, une grande fête se prépare. Rasa est un grand garçon un peu simplet que les villageois surnomme « ramasse-poubelle ». Il est le souffre-douleur de la jeune Angamma. Mais très vite entre les deux des liens amoureux se tissent. La mère d’Angamma ne supporte pas l’amour que sa fille porte à Ramasse-poubelle, et devant tout le village elle tente de briser cette relation. Mais ils s’aiment trop fort. C’est alors que surgit dans le village, un recruteur qui propose aux villageois de le suivre dans une plantation de thé. Il leur fait miroiter une vie meilleure et la possibilité de revenir fortune faite. Le jeune Ramasse-poubelle comme la plupart des hommes acceptent la proposition du recruteur. Rasa promet à Angamma de revenir très vite. Elle reste au village. Les villageois partent pour un long voyage de 45 jours, les plus âgées décéderont en chemin. Le travail dans la plantation de thé tourne très vite à l’esclavage, et les villageois se retrouvent pris au piège sans espoir de retour.

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Étonnant croisement d’une certaine forme de néo-réalisme et de Bollywood, remarquablement mis en scène par Bala, dont j’avoue n’avoir vu aucun autre film. Paradesi se présente comme l’adaptation d’un roman de Paul Harris Daniel, Red Tea datant de 1969. Il se divise en deux parties de durée quasi égales. La première se déroule au village et décrie de manière extrêmement claire le fonctionnement et l’organisation sociale en cours au début du XXe dans le sud de l’Inde. La deuxième partie se déroule dans la plantation de thé, où l’organisation et le fonctionnement du camp sont alors analysés tout aussi clairement. L’enfer de cette plantation de thé n’a rien à envier au champ de coton du sud des Etats-Unis, ici les anglais remplacent simplement les américains. Fresque lyrique, Paradesi se rapproche autant des grands films humanistes de Satyajit Ray que de certains films japonais tel que L’Intendant Sansho (Mizoguchi) ou La Condition de l’homme (Kobayashi). Signalons encore une remarquable photographie, une excellente caractérisation des personnages, et un accompagnement musical de fort bonne tenue. D’amples mouvements de foules et des scènes d’un étonnant réalisme témoignent d’un véritable savoir-faire de la part du réalisateur. Regrettons toutefois le manque d’assurance dans la description des colons anglais avec ses personnages caricaturaux, et une séquence mettant en scène un médecin indien et sa femme, une bigote anglaise, se rattachant de manière maladroite et, dans ce contexte, parfaitement inutile à la comédie musicale. Paradesi – L’esclave prouve que tout un pan important du cinéma reste encore totalement inconnu en occident et que ce film est bien plus intéressant que bon nombre de productions Hollywoodiennes.

Fernand Garcia

L'esclave

Paradesi – L’esclave un film de Bala avec Aadharva Murali, Dhansika, Vedika Kumar. Scénario : Bala, Nanjil Nadan. Photo : Chezhiyian. Musique : G.V. Prakash Kumar. Producteurs : Bala, S.M. Venhat Manickam. Production : B Studio. Inde. Couleur. Scope. 2013. 127 mn. Distribution France : Ayngaran International.