Mon tour du monde – Charlie Chaplin

Après son voyage de février 1931 à juin 1932, Charlie Chaplin se met à l’écriture pour un magazine américain The Woman’s Home Companion (entre juin 1932 et février 1933). Son style est dépouillé, généreux, modeste, sincère et empreint de nostalgie. Il y avoue que la principale raison à son aspiration à la célébrité était de trouver des amis… Parmi ses amis on trouve les personnalités les plus influentes de l’époque : Churchill, Einstein, Bernard Shaw, Franck Harris et beaucoup d’autres écrivains, comédiens, réalisateurs, compositeurs, peintres, hommes politiques, les amis avec qui il partage ses pensées, ses opinions, ses goûts, ses anecdotes, ses souvenirs et sa vision du monde.

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Le principal but de ce voyage, qui au départ n’était pas prévu pour être aussi long, est de retourner dans son Angleterre natal, qu’il n’a pas vue depuis une dizaine d’années, et de revenir aux endroits qu’il fréquentait tout jeune. L’un de ces lieux est l’orphelinat où il a passé quelques années quand il avait cinq ans. Il se rappelle non sans émoi sa punition au jour du Noël, quand tous les enfants ont reçu deux oranges et un sac de bonbons chacun et pas lui. Alors que Chaplin pleurait toutes les larmes de son corps, ses camarades d’infortune se sont mis d’accord pour lui donner un bonbon chacun.

C’est au cours d’un dîner avec un écrivain allemand Emil Ludwig, que Chaplin lui révèle qu’il aurait été éleveur de porcs dans l’Arkansas si Mack Sennett, le célèbre dénicheur de talents et fondateur de la Keystone à Hollywood, n’avait pas raté un rendez-vous avec ami. Ne sachant que faire Mack Sennett décide d’aller à l’American Music Hall où se produisait Chaplin. Les spectacles de sa troupe de pantomime marchaient mal, les affaires n’étaient pas reluisantes et Chaplin pensait sérieusement à une reconversion comme fermier.

Après ses visites en Angleterre, France, Allemagne, Autriche, Italie, Algérie, Espagne, Suisse, Sri Lanka… Chaplin s’éprend de l’île indonésienne de Bali. « Une île préservée de la civilisation, où on peut s’asseoir sous la chaleur des palmiers, cueillir les fruits à même les arbres et vivre au rythme de la nature », selon les explications de son frère. Une fois à Bali, Chaplin décrit minutieusement les paysages, l’architecture, les coutumes, la musique et les traditions des habitants de cette île merveilleuse. Il en profite pour faire plusieurs films des cérémonies balinaises.

Lire Mon tour du monde de cet immense comédien et réalisateur visionnaire qu’est Charlie Chaplin est comme si on jetait un œil sur une époque précédant la Deuxième Guerre mondiale et, le temps d’une lecture fugitive et gourmande, portait les chaussures de celui qui a contribué à façonner notre regard humaniste sur le monde.

Rita Bukauskaite

Chaplin

Mon tour du monde (A Comedian Sees the Word) de Charlie Chaplin aux Editions du Sonneur. L’ouvrage était jusqu’à présent inédit en français, il est traduit de l’anglais par Moea Durieux.