L’année 2017 à peine terminée avec son cortège de manifestations confondant les hommes (et les accusations graves pesant sur eux) à leur œuvre, défiant le droit à la liberté de création, qui a vu la Cinémathèque Française maintenir la rétrospective Roman Polanski mais céder à la pression en annulant celle dédiée aux films de Jean-Claude Brisseau; qui a vu la sortie de Tout L’Argent du monde de Ridley Scott,où l’acteur Kevin Spacey a été effacé et remplacé par Christopher Plummer, 2018 démarre sous des auspices inquiétants.
Consacré au cinéma fantastique, le Festival « Même pas peur » doit se tenir pour la 8e fois à La Réunion en février 2018. Directrice de ce festival ouvert gratuitement à tous, la réalisatrice Aurelia Mengin décrit ainsi son affiche : « deux siamoises d’un autre monde qui, après une mutation biologique, peuvent se reproduire seules, en pondant des œufs, ce qui les classe parmi les espèces volatiles, libérant ainsi leur corps de la douleur de l’accouchement.». On est dans le fantastique et le surréalisme, mais ce n’est pas l’avis de tout le monde. Le mouvement activiste CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), arguant du supposé caractère raciste de l’œuvre, a exigé le retrait de cette affiche qui nourrit un de ses fantasmes favoris : le « blackface » (Blancs grimés en Noirs). Bien que réfutant cette accusation de grimage, « Même pas peur » a cédé, n’ayant pas les moyens de mener un combat devant la justice. Malgré ce geste, le CRAN menace de s’attaquer désormais à ses subventionneurs, ce qui revient à menacer la survie même du festival. Jugeant légitime de combattre le sexisme, le racisme et les abus de pouvoir, le SFCC tient également à attirer l’attention de chacun sur les débordements inquiétants de ces combats, conduisant à la généralisation d’un climat néfaste à la liberté d’expression et à la liberté artistique, voire à la censure pure et simple.
Gérard Lenne/ Président d’honneur
Isabelle Danel/ Présidente
Chloé Rolland/ Secrétaire générale