« Je m’appelle Max… mon monde est à feu et à sang… » face à lui une étendue désertique de terre acide. Max (Tom Hardy) contemple ce chaos né de la main de l’homme. Il y eut un commencement à cette désolation, enchaînement de crises économiques, de multiples désastres écologiques, de guerres thermonucléaires… le grand plongeon de la civilisation… Des îlots sont apparus de-ci delà aux mains de despotes tyranniques. Même pour une zone désertique, un quadrillage invisible fractionne l’espace que contrôlent différentes ethnies. Max Rockatansky est un survivant… nous l’avions abandonnés, il y a des années… dans ce laps de temps, il a eu une femme, une enfant… qu’il n’a pu protéger… Max a repris la route sans réelle destination ni but, c’est un nomade des temps futurs… Pris comme esclave et muselé dans l’enclave d’Immotan Joe (Hugh Keays-Byrne), La Citadelle. Par un hasard du destin le sang de Max n’est pas contaminé. Il est devenue un Globular et alimente en sang des War Boy. Des surexcités, kamikazes de la route au service de leur chef suprême, Immotan Joe… dans cet univers de folie, L’Imperator Furiosa (Charlize Theron) décide de quitter la Citadelle vers un nouvel horizon et y bâtir un nouveau monde sur les mythiques Terres Vertes…
Dans un monde où toutes les lignes entre le bien et le mal se sont brouillées, où l’humanité se retrouve ensevelie sous des tonnes de sable, George Miller remet Max sur une route perdue, la Fury Road. Cette fois-ci, Max n’est plus un loup solitaire, et c’est au côté de l’Imperator Furiosa qu’il va livrer un nouveau combat et redonner un sens à sa vie. Univers stérile post-apocalyptique ou l’homme contrôle par la violence des territoires. Immotan Joe s’est accaparé d’imposants blocs de rochers dont les sommets verdoyants regorgent d’eau. Par bonté et de manière parcimonieuse, Immotan Joe ouvre parfois les vannes pour que la plèbe profite de l’eau. Son peuple est hiérarchisé en fonction de l’intérêt qu’il revêt pour la survie de son système barbare. Les plus jeunes, totalement décérébrés sont maintenu dans le culte de la mort. Les War Boy agissent comme des kamikazes. Et la mort sur Fury Road est l’acte suprême, un don de soi pour une place dans l’éternité mythologique de la route. Comme pour tout accès à un passage vers un stade supérieur, il passe par un cérémonial, bombage de la bouche, et hurlement de joie : « Soyez témoin ! ». La vie n’acquière de la valeur dans l’esprit des plus faibles que dans la mort. L’homme n’est plus qu’un élément de la mécanique. Le langage est réduit à sa plus simple expression, une sous-novlangue a fait son apparition. Pourtant dans toute cette désolation, la vie est là, qui ne demande qu’à éclore et il n’y a pas de mouvement destructeur qui ne puisse s’interrompre. Et c’est cette volonté de changer l’ordre des choses qui intéresse George Miller.
Comme toute grande œuvre de science-fiction, Mad Max : Fury Road est un miroir tendu à notre société. Sous le couvert d’un brillantissime spectacle total, George Miller analyse la désintégration de l’humain dans le magma du chacun pour soi. Dans cet univers des plus sombres, le réalisateur y entrevoit toutefois des lueurs d’espoir. S’il redonne une perspective à Max s’est surtout par le biais des femmes que tout peut redevenir possible. Max devient presque un personnage secondaire laissant la place à Imperator Furiosa. Elle, les femmes qui l’entourent et celle, qu’elle rencontre en chemin, sont toutes porteuses d’un espoir de renouveau. Que ce soit la favorite d’Immortan Joe enceinte ou les graines que porte en bandoulière l’une des guerrières du désert sont autant de signes en gestation de la naissance d’un nouveau monde. A un peuple aveuglé par de faux prophètes avides de plaisir et de pouvoir d’ordre divin, George Miller ne voit d’autre issu que le renversement peut être par la violence mais surtout par une prise de conscience collective. Même un War Boy, pantin stupide, peut voir le monde autrement pour peu qu’il puisse être pris en main.
Mad Max : Fury Road est une prodigieuse course-poursuite et un film d’une formidable inventivité. Esthétiquement admirable : sous un soleil de plomb ou de nuit, surtout pour la prodigieuse séquence du tractage du véhicule de Furiosa vers un arbre desséché. Les séquences d’anthologie se succèdent à un rythme effréné nous laissant pantois d’admiration. Dans ce film incroyablement physique, George Miller réussit le tour de force de caractériser ses personnages dans un maelstrom d’action pure et de ne jamais perdre de vue leurs motivations et les enjeux qui vont se révéler au fur et à mesure que progresse le récit. Mad Mad : Fury Road est assurément une œuvre d’auteur et du très grand cinéma.
Au bout de ce voyage hallucinant de ce chaos va naître une étoile… des prémices d’un monde plus juste… une étoile Furiosa…
Fernand Garcia
Mad Max : Fury Road, un film de George Miller avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Hugh Keays-Byrne, Josh Helman, Nathan Jones, Zoë Kravitz, Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Abbey Lee, Courtney Eaton, John Howard. Scénario : George Miller, Brendan McCarthy & Nick Lathouris. Directeur de la photo : John Seale. Décors : Colin Gibson. Costumes : Jenny Beavan. Montage : Jason Ballantine. Musique : Junkie XL. Producteurs : George Miller, Doug Mitchell & P.J. Voeten. Production : Kennedy-Miller Productions – Village Roadshow Pictures – Warner Bros. – Fury Road Pictures Pty. Limited. Distribution (France) : Warner Bros. Australie. 2015. 120 mn. Couleurs. 2.35 :1. Dolby Atmos. 3D & 2D. Tous Publics avec avertissement. Sélection officielle, hors compétition – Festival de Cannes 2015.
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