Un pistolero, Ed Pinchot (Leo Gordon) débarque en ville, irrité par le chien d’un jeune garçon, il l’abat. Il doit rencontrer le patron du saloon le Palace, Lescaux (Ted de Corsia). Au même moment, Clint Tollinger (Robert Mitchum), un régulateur, traverse le cimetière de Sheridan City, il rend en ville afin de régler une affaire personnelle. Il essaye de prendre contact Nellie (Jan Sterling), cheffe des danseuses du Palace. Elle refuse de le voir. Tollinger décide de rester à Sheridan…
L’homme au fusil est le premier film de Richard Wilson et de son producteur Samuel Goldwyn, Jr. Richard Wilson a longtemps été associé à Orson Welles. Il a occupé divers postes au sein de la Mercury, régisseur, assistant-réalisateur, acteur, producteur exécutif. Wilson n’a pas le sens baroque de son mentor, on peut même regretter une certaine platitude dans ses réalisations. Sa mise en scène assez fade de L’homme au fusil, fini par être un atout, tant Wilson laisse de l’espace à Robert Mitchum. Le décor (de la ville) et la photographie baignent dans une sorte de banalité sans relief. Volonté évidente de Richard Wilson d’aller vers un réalisme neutre, alors qu’il a à la photo Lee Garmes, célèbre pour ses collaborations avec Josef von Sternberg (Morocco/Cœurs brûlés, Agents X27, Shanghai Express) et Alfred Hitchcock (Procès Paradine / The Paradine Case, 19). Cette volonté du non-spectaculaire ajoute à la qualité du film presque par défaut. Richard Wilson, auteur du scénario, se concentre sur le travail d’acteur, un peu comme au théâtre, afin de construire psychologiquement ses personnages. La tension permanente du film vient principalement du jeu des acteurs.
Dans L’homme au fusil, l’interprétation est excellente. La distribution est dominée par Robert Mitchum. L’acteur porte littéralement le film sur ses épaules, à tel point que sans lui, le film n’existerait pas. Totalement de tout sentimentalisme et romantisme. Il traverse la ville comme une âme en peine. Il s’agit d’une de ses très bonnes interprétations. Il ne mange pas ses partenaires, mais partage avec eux. Ainsi, ses scènes avec Jan Sterling et Karen Sharpe sont d’une grande finesse et justesse de jeu.
L’autre qualité du film outre l’interprétation est la musique d’Alex North. Elle accompagne subtilement l’action sans effets, mais avec une grande efficacité. Alex North réorchestrera, avec plus de puissance, sa partition de l’incendie du saloon, pour la scène de combat à mort des gladiateurs dans Spartacus (1960) de Stanley Kubrick.
L’homme au fusil est une petite production. La première de Samuel Goldwyn, Jr. le fils de Samuel Goldwyn, l’un des fondateurs de la MGM. Comme son père, il sera un farouche indépendant dans l’industrie cinématographique. Il produira sur de nombreuses années dont le remake de la Vie secrète de Walter Mitty, produit en son temps par son et surtout distribuera nombre de film dont Sailor et Lula (Wild at Heart, 1990) de David Lynch. Parmi la distribution, non créditée au générique, deux acteurs qui connaîtront une belle carrière : Claude Akins, un second rôle solide, et surtout la superbe Angie Dickinson, en brune et encore un gauche dans un petit rôle de danseuse.
L’homme au fusil porte la signature de Richard Wilson, mais surtout la marque de Robert Mitchum.
Fernand Garcia
L’homme au fusil, une édition Sidonis – Calysta dans l’indispensable collection Western de légende. Le film est proposé pour la 1ère fois en combo Blu-ray-DVD (et unitaire DVD) en version remasterisée. En bonus : Une présentation par Bertrand Tavernier : « le film mérite d’être vu, totalement porté par Robert Mitchum » (env. 15 minutes). Une deuxième par Patrick Brion : « Un western avec Robert Mitchum, c’est un bonheur » (4 minutes). Enfin une dernière par Jean-François Giré : « un film qui mérite d’être redécouvert (.) agréable à voir » (13 minutes). Robert Mitchum par Jean-Claude Missiaen : Robert Mitchum « 25 rôles de cow-boy sur près de 100 films » une évocation sympathique de ce grand d’Hollywood avec un diaporama de ses westerns (6 minutes). Enfin, la bande-annonce complète cet ensemble.
L’homme au fusil (Man with a Gun), un film de Richard Wilson avec Robert Mitchum, Jan Sterling, Karen Sharpe, Henry Hull, Emile Meyer, Ted de Corsia, John Lupton, Leo Gordon, Barbara Lawrence, James Westerfield, Claude Akins, Angie Dickinson… Scénario N.B. Stone, Jr. et Richard Wilson. Directeur de la photographie : Lee Garmes. Décors : Hilyard M. Brown. Montage : Gene Milford. Musique : Alex North. Producteur : Samuel Goldwyn, Jr. Production : Formosa Productions – United Artists. Etats-Unis. 1955. 1h24. Noir et blanc. Format image : 1.85 :1. Son : Version originale avec ou sans sous-titres et Version française. DTS-HD.