Geronimo (Miguel Inclan) est sur le sentier de la guerre. Des chercheurs d’or se sont installés sur le territoire Apache. Rendant de fait le traité entre l’Etat et les Indiens caduque. Le capitaine Case McCloud (George Montgomery) à la tête de la cavalerie US s’interpose entre les belligérants. Il réussit à convaincre Geronimo de revenir à la table de négociation. McCloud interdit l’accès au territoire Indien ainsi que toute chasse et surtout exploitation minière. Dans la foulée, il met en place des contrôles d’accès. L’initiative déplaît aux chercheurs d’or mais aussi aux riches négociants. Le plus important négociant d’Arizona, Alsop (Hugh Sanders), active ses contacts à Washington, tout en manipulant la population locale. Les riches gisements doivent lui revenir quitte à entraîner le pays dans une guerre contre et les Apaches…
Il y a les grands westerns, les grands auteurs du genre, et puis les petits films, les séries B, destinés au double programme. Dans cette production souvent négligée à tort, il y a certes de tout mais aussi de petites pépites. Les derniers jours de la nation Apache en fait partie, non pas qu’il s’agisse d’une série B exceptionnelle, mais le film aborde courageusement et frontalement un sujet sensible, le racisme dont les Indiens ont été victimes. Le film montre simplement comment le racisme est encouragé et utilisé par les riches négociants. La haine des Indiens est si fortement ancrée dans l’imaginaire d’une partie de la population blanche qu’un meurtre imputé aux Apaches suffit à mettre la population en émoi, et cela aboutit dans l’arène politique à des décisions aberrantes et discriminatoires. On retrouve dans dialogues tout le ressentiment des blancs envers les Indiens, cette manière de réduire les Apaches à une ethnie barbare, sans culture, sans intelligence, sans parole. Alors que la parole donnée est sans cesse malmenée et trahi par ceux qui imposent ces règles – les blancs. Une formidable séquence en est la démonstration. Tandis que les Apaches rendent les armes, un groupe de citoyens déboulent pour une action punitive. Interloqués, les tuniques bleues refusent, dans un premier temps, de tirer sur des blancs, alors que ceux-ci massacrent les Indiens.
A chaque nouvelle édition d’un film de Ray Nazarro on se dit qu’il est un cinéaste non seulement fréquentable et mais estimable. De lui, on ne connaît pas grand-chose, comme si sa filmographie suffisait à tout dire de lui et à en faire un sombre tâcheron. Ce qui est parfaitement injuste. Nazzaro aura donc tourné principalement des westerns avec des budgets de misère pour les studios. Il aura recyclé dans ses films des bouts de décors et des costumes de productions de séries A, allant jusqu’à réutiliser les musiques de ses confrères plus fortunés. Avec ses westerns faits de bric et de broc, Ray Nazzaro a eu intelligence ou la chance de tomber sur des scénarios au-dessus des westerns du tout-venant. Pour les films que nous connaissons, il faut reconnaitre qu’ils possèdent un véritable fond, ce qui fait de Nazzaro un artisan avec un véritable regard sur l’Ouest Américain. On peut aussi mettre à son crédit son excellente utilisation des extérieurs qu’il sait parfaitement mettre en valeur.
Les derniers jours de la nation Apache prend fait et cause pour Geronimo. Tout l’intérêt du scénario de Kenneth Gamet et Richard Schayer est de nous raconter comment le peuple Indien va être déposséder de ses terres par la cupidité des hommes de pouvoir. C’est la mise en place d’un système de corruption et de ses courroies de transmission. Le mythe de la nouvelle frontière se confond avec l’expansion économique. Les pauvres chercheurs d’or ainsi que la population blanche sont grossièrement manipulés. Les négociants n’hésitent pas à recourir aux instincts les plus primaires, la haine et le racisme envers les Indiens, afin de s’enrichir toujours plus. La démonstration est simple, peut-être schématique, mais parfaitement efficace.
Les derniers jours de la nation Apache est une nouvelle preuve que le western est un territoire à réinvestir et qui nous réserve, à ne pas en douter, de bonnes surprises.
Fernand Garcia
Les derniers jours de la nation Apache fait partie de l’excellente collection Western de légende des Editions Sidonis/Calysta. Cette édition spéciale bénéficie d’un magnifique report image et son superbement restaurés du film. En complément, une présentation par Patrick Brion (14 minutes). Enfin une galerie de photos et la bande-annonce américaine complètent cette section.
Les derniers jours de la nation Apache (Indian Uprising) un film de Ray Nazarro avec George Montgomery, Audrey Long, Carl Benton Reid, Eugene Iglesias, John Baer, Joe Sawyer, Robert Dover, Eddy Waller… Scénario : Kenneth Gamet et Richard Schayer. Histoire : Richard Schayer. Directeur de la photographie : Ellis Carter. Décors : Walter Holscher. Montage : Richard Fantl. Producteur : Bernard Small. Production : Edward Small Production – Columbia Pictures Corporation. Etats-Unis. 1952. 72 mn. Couleur (SuperCineColor). Format 1,33 :1. VOSTF. VF. Tous Publics.