« Dieu a créé certains hommes pour être des poètes,
de certains autres il a fait des rois ou des mendiants.
De moi, il a fait un chasseur ! »
Comte Zaroff
Suite à un naufrage, Rainsford échoue sur une île. Il y rencontre l’étrange Comte Zaroff…
C’est en novembre 1934, deux ans après sa présentation aux Etats-Unis, le 9 septembre 1932, que The Most Dangerous Game sort à Paris. La chasse du Comte Zaroff au fur et à mesure des années va se transformer en Les chasses du Comte Zaroff. A l’aube de son 80ème anniversaire, Zaroff réapparaît dans une version restaurée – l’occasion de revenir sur ce classique du cinéma fantastique.
The Most Dangerous Game apparait dans les registre de la RKO sous le numéro 602 et succède dans ce même registre de production à King Kong (n° 601). Les deux films utilisent en grande partie la même équipe. Le futur producteur d’Autant en emporte le vent, David O. Selznick, producteur exécutif des deux films, devant l’énormité du budget de King Kong, aurait eu l’idée de faire en parallèle un autre film afin de diminuer les coûts de production. Selznick avec les producteurs et réalisateurs de King King, Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, portent leur choix sur une nouvelle qui s’accorde assez bien avec les décors de King Kong, alors en construction.
The Most Dangerous Game est une nouvelle assez terne de Richard Edward Connell, que l’on trouve en France dans les anthologies Alfred Hitchcock présente sous le titre Le plus dangereux des gibiers. « Game » signifie en anglais à la fois « jeu » et « gibier ».
James Ashmore Creelman se charge de l’adaptation de la nouvelle alors qu’il travaille sur King Kong. Il est probable qu’il ait accentué le côté sadien du Comte Zaroff et mis en place cet univers que n’aurait pas renié le Divin Marquis. Quant à la structure, elle reprend plus ou moins celle d’H.G. Welles et son Île du Dr. Moreau. Ex-journaliste, Creelman est appointé par la RKO depuis 1929 et écrira pour le cinéma jusqu’en 1935. En 1941, il se suicide en sautant du haut d’un gratte-ciel.
Le duo Cooper et Schoedsack ne peut assurer la réalisation et la préparation des deux films. Merian Cooper reste sur la préparation de King Kong, tandis qu’Ernest Schoedsack se consacre à Zaroff. Cette division du travail s’explique par le fait que dans le duo Schoedsack – Cooper, Schoedsack est plus metteur en scène que Cooper, ex-journaliste devenu scénariste est surtout producteur. Cooper se consacre donc à la préparation de King Kong.
Ernest Beaumont Schoedsack est à la base un caméraman. Il est marié à l’actrice Ruth Rose en charge avec Creelman de l’écriture de King Kong. Il s’adjoint les services d’un ex-acteur Irving Pichel comme co-réalisateur.
Fay Wray et Robert Armstrong, futurs vedettes de King Kong, sont du voyage, ainsi que Joël McCrea et pour le rôle du Comte Zaroff, c’est le comédien anglais Leslie Banks qui l’incarne.
Plusieurs remakes des Chasses du Comte Zaroff verront le jour, entre autres A Game of Death en 1946 sous la direction de Robert Wise et La course au soleil (Run for the Sun) de Roy Boulting. Plusieurs films s’inspirent de Zaroff, signalons parmi les plus notables, Le temps du massacre western baroque de Lucio Fulci (1966), sur un mode politique l’impressionnant Punishment Park de Peter Watkins (1971), et le violent et malsain Open Season de Peter Collinson (1974).
August Tino
Les Chasses du Comte Zaroff (The Most Dangerous Game) un film de Ernest B. Schoedsack & Irving Pichel avec Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks, Robert Armstrong, Hale Hamilton, Noble Johnson. Scénario : James Ashmore Creelman d’après une histoire de Richard Connell. Directeur de la Photographie : Henry Gerrard. Décors : Carroll Clark. Montage : Archie Marshek. Musique : Max Steiner. Producteurs : Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Production : RKO Radio Pictures. USA. 1932. Noir et blanc. 63 mn. Collection RKO, Editions Montparnasse.