Paul Kersey (Charles Bronson) se rend à la présentation de la collection d’Olivia Regant (Lesley-Anne Down), son nouvel amour. Tout se passe admirablement, le défilé plaît au public et à la critique. En coulisses, Olivia tombe sur son ex-mari Tony O’Shea (Michael Parks), le père de sa fille unique. Il ne supporte pas l’indépendance d’Olivia, ni son succès. O’Shea est un mafieux qui règne sur l’industrie du textile. Le jour même, il s’attaque aux commanditaires d’Olivia…
Le Justicier : L’ultime combat est vraiment le combat de trop. Vingt ans après le premier film de Michael Winner, Allan A. Goldstein s’avère totalement incapable de prendre la relève et de donner une forme convaincante à cette ultime aventure. Là où il fallait s’inscrire dans la mythologie du justicier, retrouver les rues mal éclairées, les parkings angoissants, Goldstein opte pour l’univers clinquant de la mode, sans rien en tirer de particulier (contrairement aux Yeux de Laura Mars, par exemple). La pauvreté de la production, – la majeure partie du budget couvre certainement le cachet de Bronson -, n’excuse en rien l’indigence du scénario. Ajoutons que la réalisation d’Allan A. Goldstein, sans la moindre imagination, lorgne vers la pire esthétique télévisuelle. Goldstein pousse Paul Kersey vers la tombe, sans gloire ni couronne, en catimini. Malheureusement pour Charles Bronson, Le Justicier : L’ultime combat est son dernier film pour le cinéma, un départ sur la pointe des pieds. John Wayne aura plus de chance en tirant sa révérence avec le magnifique Dernier des géants (The Shootist, 1976) de Don Siegel. Bronson n’aura pas eu une fin à la hauteur de sa légende.
Le Justicier : l’ultime combat n’est plus sous la bannière de la Cannon, morte pour avoir grossi trop rapidement. C’est sous le pavillon tout neuf de la 21st Century Film Corporation, la nouvelle structure de Menahem Golan, sans son cousin Yoram Globus, que le Justicier reprend du service. Golan tente de reprendre la main avec le « moneymaker » de la Cannon : Charles Bronson. Ce nouvel opus du Justicier doit mettre sur orbite sa nouvelle société. Hélas, Golan oublie au passage de prendre un réalisateur et un scénariste dignes de ce nom. Le film n’aura pas cet effet de levier financier qui aurait permis à Golan de revenir sur le devant de la scène. Il aura bien du mal à réunir des fonds pour ses nouvelles productions. En ces temps lointains de la fin du XXe siècle, c’est dans les couloirs du marché du film de Cannes que l’on croise Menahem Golan, vieilli et affaibli, mais encore des tas de projets sous le bras et son lot d’affiches, mais signe des temps en noir et blanc. Il n’était alors plus l’objet de toutes les attentions comme au temps de sa splendeur. Les quotidiens professionnels, Variety, The Hollywood Report, Moving Pictures, n’étalaient plus sur des pages et des pages ses affiches et pré-affiches de films en production. Golan était redevenu un petit producteur et vendeur à l’international. Les distributeurs qui lui faisaient fête se détournaient de lui, la 21st Century ne décollera jamais.
Charles Bronson a 73 ans, le héros est bien fatigué. Son dernier film digne d’intérêt reste Kinjite : sujet tabou (Kinjite ; Forbidden Subjects, 1989) de son ami J. Lee Thompson. En 1994, Bronson n’intéresse pas les jeunes réalisateurs américains, ni les Majors. Rien de surprenant à cela, Bronson est une star de la production indépendante. Grâce à son extraordinaire aura à l’international, il a permis à Dino De Laurentiis de s’installer durablement aux Etats-Unis et à la Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus de se bâtir une réputation de faiseur de série B commercialement valable. Seul, Sean Penn lui a donné un beau rôle à contre-courant dans Indian Runner (1991). Les temps changent, les producteurs aussi. Jill Ireland, sa compagne et partenaire dans de nombreux films est décédée. Charles Bronson quitte le grand pour le petit écran. Il termine sa carrière en étant la vedette de plusieurs téléfilms et avec la série Family of Cops, trois films narrant les exploits de Paul Fein. Des films fades, sans grand intérêt et sans personnalité, même si l’on trouve derrière la caméra Ted Kotcheff, loin de l’inspiration de ses débuts et de Rambo, et deux routiers de la TV : David Greene et Sheldon Larry. Charles Bronson est décédé le 30 août 2003. Il est pour l’éternité une des grandes stars du cinéma d’action et du western.
Le Justicier : L’ultime combat signe la fin d’une série, d’une époque, d’un type de cinéma et d’un héros, sans le moindre panache.Triste.
Fernand Garcia
Sidonis Calysta propose Le Justicier : L’ultime combat en double programme avec Le Justicier braque les dealers / Un Justicier dans la ville 4 et dans le coffret Un Justicier dans la ville regroupant l’intégralité de la série. Curieusement, cette dernière aventure de Kersey n’est proposée qu’en version française.
Le Justicier : L’Ultime combat (Death Wish V : The Face of Death) un film d’Allan A. Goldstein avec Charles Bronson, Lesley-Anne Down, Robert Joy, Michael Parks, Chuck Shamata, Miguel Sandoval, Erica Lancaster, Saul Rubinek, Kenneth Welsh… Scénario : Allan A. Goldstein d’après une histoire de Michael Colleary et Allan A. Goldstein basé sur les personnages crées par Brian Garfield. Directeur de la photographie : Curtis Petersen. Décors : Csaba A. Kertesz. Montage : Patrick Rand. Musique : Terry Plumeri. Producteur exécutif : Ami Artzi. Producteurs : Damian Lee et Menahem Golan. Production : 21st Century Film Corporation. Etats-Unis. 1994. 95 minutes. Couleur. Panavision. Format image : 1,85 :1. Son : Version française. Tous publics.