Deux films sur la barbarie nazie, le remarquable Le Fils de Saul de László Nemes, Grand prix du Festival de Cannes et Elser, un héros ordinaire d’Olivier Hirschbiegel, viennent d’être interdits en France au moins de 12 ans sur recommandation de la Commission de Classification. Deux interdictions qui restreignent grandement l’accès aux films en salles et les condamnent à une diffusion tardive sur les chaînes hertziennes. Voici les motivations de la Commission de Classification concernant ces décisions.
Le fils de Saul, interdiction aux mineurs de moins de douze ans motivée par la grande difficulté des images, la continuité de la souffrance et de la déshumanisation à l’écran qui sont de nature à heurter la sensibilité du jeune public.
Elser, un héros ordinaire, l’histoire d’un héros ordinaire soumis à la barbarie nazie après un attentat raté contre Hitler peut avoir un intérêt pour mieux faire connaître la réalité du national-socialisme. Néanmoins, la scène de l’exécution, les scènes de torture et de pendaison, ainsi que celle montrant une femme enceinte rouée de coups sont de nature à heurter la sensibilité d’un jeune public. La circonstance que ces scènes soient dispersées tout au long du film ne suffit pas à dissiper cette appréciation. Une interdiction aux mineurs de moins de douze ans est pour ces motifs justifiés.
Pour mémoire, Requiem pour un massacre/Va et regarde (1984) d’Elem Klimov ou La Liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg, sont tous publics et la diffusion de la série Holocauste (1978) de Marvin Chomsky, en prime time eut un effet « salutaire » sur la société française. Dès années plus tard, les classifications du Fils de Saul et d’Elser, un héros ordinaire, au nom de la protection de l’enfance, ne sont pas exemptes d’ambiguïtés. Les temps changent ?
Le Fils de Saul en salle le 4 novembre 2015
Elser, un héros ordinaire en salle le 21 octobre 2015