Depuis son enfance, Marcello est hanté par le meurtre d’un homosexuel qu’il croit avoir commis. En quête obsessionnelle de rachat, il s’efforce de rentrer dans le rang. Il épouse Giulia, une jeune bourgeoise naïve. Fasciste par conformisme, il est envoyé par les services secrets de Mussolini en mission en France pour approcher et supprimer son ancien professeur de philosophie en exil qui lutte au sein d’un groupe de résistance antifasciste. A Paris, Marcello rencontre le professeur en compagnie de sa séduisante femme Anna, du même âge que Giulia.
Adapté du roman d’Alberto Moravia publié en 1951, dans Le Conformiste, Stefania Sandrelli interprète Giulia, la fiancée bourgeoise et médiocre de Marcello Clerici (Jean-Louis Trintignant) dont le voyage de noces à Paris cache en fait une mission politique secrète : assassiner un opposant au régime qui mène une ardente campagne antifasciste à Paris. A travers ce film Bertolucci effectue une analyse d’une adhésion au fascisme motivée par des ressorts intimes et psychologiques. Ne cessant de vouloir effacer ses traumatismes en se fondant dans une pseudo-normalité, Marcello va entrer au parti fasciste, se marier, se conformer à ce qu’attend la société italienne, l’Église et le régime de Mussolini. En effet, ce dernier ne voit en Giulia qu’un moyen d’accomplir son « conformisme » et de se fondre dans la masse médiocre des petits bourgeois fascistes, indifférents et inertes. Mais la sensualité et la brillante interprétation de Stefania Sandrelli appuyées par la non moins brillante mise en scène de Bertolucci qui utilise ici le gigantisme glacé de l’architecture des bâtiments officiels, filme un Paris quasi désert dans une lumière bleutée, l’inquiétante solitude d’une forêt glacée de Savoie et offre de véritables moments de grâce, comme ce tango dansé par Stefania Sandrelli et Dominique Sanda dans une guinguette des bords de Seine, font de ce personnage détestable une personne doucereusement ambigüe.
Né en 1941, fils du poète Attilio Bertolucci, Bernardo Bertolucci s’intéresse à l’écriture et assiste Pier Paolo Pasolini sur Accattone (1961), son premier long métrage. Il réalise à son tour son premier film en 1962 (La Commare Secca). En 1964, Prima Della Rivoluzione, son deuxième long métrage, l’impose comme l’espoir d’un renouvellement générationnel. Le Dernier Tango à Paris (Ultimo Tango a Parigi, 1972) le fera connaître mondialement. Le Dernier Empereur (The Last Emperor, 1987) reçoit neuf Oscars et l’ensemble de son œuvre est récompensé par la Palme d’honneur du Festival de Cannes en 2011.
Steve Le Nedelec
Le Conformiste (Il Conformista, 1970) un film de Bernardo Bertolucci Avec Jean-Louis Trintignant, Stefania Sandrelli, Dominique Sanda, Pierre Clémenti, Gastone Moschin… Restauration 2K réalisée par la Cineteca di Bologna, en collaboration avec le groupe éditorial Minerva/Rarovideo, d’après l’étalonnage supervisé par Vittorio Storaro.