Baahubali est le futur héritier du royaume du Mahishmati, mais sa vie est en danger. Sa mère confie son bébé à une dame de compagnie, qui s’enfuit. Pourchassée, elle meurt en confiant le bébé aux eaux du fleuve. Le bébé est secouru par des villageois. Les années passent, Baahubali est devenu homme fort et bon. Il tombe amoureux d’une guerrière rebelle et pour la suivre il gravit la montagne, qui le mène au royaume de Mahshmati…
La légende de Baahubali est un film épique à grand spectacle. Présenté en clôture (et première mondiale de sa version internationale) de la XXIe édition de L’Étrange Festival, le film de S.S. Rajamouli y a fait sensation. Il faut dire que le film reprend avec bonheur de la mythologie indienne dans une mise en scène ample, puissante et qui reprend à son compte le style héroïque fantaisie développé dans le cinéma occidental depuis une quinzaine d’années. S.S. Rajamouli brasse bien plus large, on y retrouve cette emphase kitsch des grands péplums de Cecil B. DeMille comme Les dix commandements ou Samson et Dalila…
Les effets spéciaux numériques sont dans la droite ligne de la trilogie du Seigneur des anneaux et ne pâtissent pas de la comparaison, bien réalisés avec soin. La force de La légende de Baahubali vient de ses solides et profondes racines culturelles, même si S.S. Rajamouli empreinte de-ci de-là au cinéma occidental. C’est ce qui fait le charme du film. Il y a aussi cette façon si « Bollywoodienne » d’aborder les rapports entre les hommes et les femmes, surtout dans la première partie du film, ce côté désuet et machiste des personnages masculins. Le film assume totalement le côté brute de décoffrage des personnages, ce qui donne des dialogues assez savoureux, mélange de candeur et naïveté. Pourtant le film ne manque pas de subtilité dans la mise en place des enjeux et des trahisons, qui animent les protagonistes.
Curieusement dans un film de divertissement familial, le film est une critique d’un système pyramidal de domination. Mais nous sommes en pleine mythologie. Baahubali est un héros plus grand que nature, il va vivre une incroyable aventure dans un royaume sujet à toutes les intrigues et luttes de pouvoir. Le film est visuellement très réussit. Il faut reconnaître que les décors et les costumes sont particulièrement travaillés et participent grandement au succès de l’ensemble.
Le scénario n’est pas avare en rebondissements. Les scènes sont développées avec fugue et, contrairement au cinéma américain, qui ne conçoit l’action que dans la précipitation rendant la plupart des séquences illisibles, la mise en place est classique. Ceci permet à S.S. Rajamouli de ne jamais perdre le spectateur en cours de route. Nous savons toujours, où nous nous situons et où se déroule l’action. Ce qui dans le cinéma à grand spectacle d’aujourd’hui est de plus en plus rare. La séquence finale est un morceau de bravoure grandiose, un combat homérique qui laisse l’action en suspens et qui nous met l’eau à la bouche pour la suite…
Fernand Garcia
La Légende de Baahubali – 1ère Partie (Baahubali: The Beginning) un film de S.S. Rajamouli avec Prabhas, Ramya Krishnan, Satyaraj, Anoushka Shetty, Rana Daggubati. Scénario : S.S. Rajamouli & K.V. Vijayendra Prasad. Directeur de la photographie : Senthil Kumar. Direction artistique : Manu Jagadh, Rahul Panchang. Costumes : Rama Rajamouli et Prashanti Tipirineni. Montage : Vincent Tabaillon (version internationale), Venkateswara Rao Kotagiri. Musique : M.M. Keeravani. Producteurs : Prasad Devineni, Shobu Yarlagadda. Production : Arka Mediaworks. Distribution (France) : Aanna Films (sortie le 8 juin 2016). Inde. 2015. Durée : 159 mn (version international). Couleurs. Son : 7.1. Dolby Atmos. Format image : 1,85 :1. Sélection L’Étrange festival 2015, film de clôture, hors compétition. Tous Publics.