La nuit dans la banlieue londonienne. Une descente de police dans une boite de nuit. Les policiers sont violents. Ils ramassent la drogue et se la partage. Michael Logan dirige l’intervention, c’est le chef du groupe. Au matin, il rencontre un « ami » turc dans son bureau au fond d’un entrepôt. Une grosse arrivée de drogue doit avoir lieu en suivant un nouvel itinéraire, que lui indique le turc sur une carte. Michael a investi £ 100 000 dans l’opération. Brusquement, des violents coups retentissent dans l’entrepôt, Michael se cache, il ne doit pas être vu avec le turc. Entre deux frères albanais, ni une ni deux, ils massacrent le turc, et repartent avec les documents concernant la livraison de la drogue. La donne change, ce n’est plus les turcs qui règnent sur le marché de la drogue mais les albanais. Michael est un flic qui a hérité d’un système et qui l’a développé avec l’aide de sa brigade. Chaque transaction enrichit Michael par le biais d’un pourcentage sur la revente de la drogue. Au fil du temps, Michael s’est enfoncé dans la routine de la corruption, sa vie privée est un échec, il ne vit plus avec sa femme et dort le plus souvent dans sa voiture. Bien noté par ses supérieurs, qui croque au passage, il poursuit ses activités illicites, jusqu’à l’arrivé d’un ancien collègue, venu mettre la main sur les Albanais. Michael intègre son service… Le monde de Michael prend l’eau de tout part…
Hyena est un double portrait, celui d’un flic corrompu jusqu’à la moelle, Michael, et celui de quartiers londoniens peu ou pas vu au cinéma. Gerard Johnson met donc en place une double topographie celle d’un corrupteur et celle d’un monde corrompu. Michael évolue dans un monde multiculturel où il laisse les communautés vivre à leurs guises. Dès les premières séquences, nous comprenons que les policiers ont investi un espace communautaire où ils font la loi et sont la loi. La justice n’est pas leur problème. Ils ferment les yeux sur tout le contexte social environnant. La prise de pouvoir des frères albanais va précipiter Michael dans une spirale infernale. Pris en tenaille entre la police des polices anglaise et les albanais, Michael tente coûte que coûte de récupérer sa mise. Mais, dans cet univers hyper masculin, c’est une femme qui va lui faire prendre conscience du marasme moral, dans lequel il évolue. Ariana est ni plus ni moins qu’une esclave au service des frères albanais. Elle vit dans la terreur de représailles sur sa famille au pays. Le lien qui va unir Michael et la jeune albanaise est en écho avec celui qui a uni Michael à sa femme. Michael peut-il retrouver un semblant de dignité morale ?
Sur un scénario remarquable et des acteurs au diapason, Gerard Johnson nous offre un thriller passionnant de bout en bout. Peter Ferdinando domine la distribution, où disons-le encore une fois, tous les acteurs sont excellents. Une mention particulière à Elisa Lasowski, qui dans le rôle d’Ariana, fait passer une réelle émotion sans à aucun moment rechercher une quelconque pitié pour son personnage chez le spectateur.
Y a-t-il une issue à ce monde de dépravation et de corruption ? C’est certainement la question que se pose Michael et le spectateur à la fin de Hyena.
Fernand Garcia
Hyena, un film de Gerard Johnson avec Peter Ferdinando, Stephen Graham, Neil Maskell, Tony Pitts, Gordon Brown, Richard Dormer, Elisa Lasowski, MyAnna Buring, Orli Shuka, Gjevat Kelmendi. Scénario : Gerard Johnson. Directeur de la photo : Benjamin Kracun. Montage : Ian Davies. Musique : Matt Johnson. Producteurs : Stephen Woolley, Joanna Laurie, Elizabeth Karlsen. Production : Film4, Number 9 Films. Grande-Bretagne. Couleurs. 2.40 :1. Dolby Digital. 2014. 112 mn. Distribution (France) : The Jokers en association Le Pacte. Sélection en compétition internationale à la XXe édition de L’Etrange Festival, 2014. Prix du Jury, Festival International du film policier – Beaune 2015. Prix d’Interprétation masculine – Festival des cinémas européen des Arcs 2014.