La Section « Hommage au Kofa » propose six restaurations récentes de la prestigieuse institution coréenne, reflet de la production des années 50 à nos jours, restaurés par le Korean Film Institute :
« Depuis leur création en 1974, les Archives du film coréennes jouent un rôle majeur dans la préservation du cinéma national. Au fil des décennies, nous avons développé nos compétences pour que le cinéma coréen soit préservé dans les meilleures conditions possibles, et pour qu’il soit accessible aux cinéphiles, aussi bien en Corée que dans le monde entier. Nous nous évertuons à maintenir le cinéma coréen classique bien vivant, ce dont témoigne la présente sélection. ». Young Jin Eric Choi (Programmateur aux Archives du film coréennes).
L’Arche de la chasteté (Yeolnyeomun, 1962) de Shin Sang-ok – 141 min – Avec Shin Yeong-gyun, Choi Eun-hee, Kim Dong-won…
Au fin fond de la Corée rurale, Han vit dans la maison familiale de son époux. Lorsque celui-ci décède précocement, la tradition confucianiste veut que Han, désormais veuve, vive dans la chasteté auprès de sa belle-mère – particulièrement acariâtre. L’arrivée d’un travailleur saisonnier va bouleverser la vie de Han.
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Un drame rural tourné en plein âge d’or du cinéma coréen, par l’un des cinéastes les plus prolifiques de sa génération. Interprété par son actrice et épouse Choi Eun-hee, le film aborde la condition des femmes dans les années 20, à travers la question de la fidélité d’une jeune veuve aristocrate, coincée entre son désir sexuel et le devoir de chasteté imposé par la morale confucéenne. Une œuvre majeure sur le rejet des autoritarismes.
Le classique de Shin Sang-ok, a longtemps disparu, jusqu’à ce qu’une copie soit retrouvée à l’Institut du film et de l’audiovisuel de Taïwan (TFAI) en 2004. Cette découverte met en lumière les efforts des Archives du film coréennes pour retrouver les pièces manquantes dans l’histoire du cinéma coréen, et la coopération féconde entre les différentes archives cinématographiques pour y parvenir. Ce film constitue également le tout premier projet de restauration numérique du KOFA, un jalon déterminant, qui a depuis ouvert la voie à la restauration de plus de 110 films. Restauration 2K en 2007 par le KOFA.
Festival (Chugje, 1996) de Im Kwon-taek, d’après le roman Festival de Lee Chung-joon – 108 min – Avec Ahn Sung-ki, Oh Jung-hae, Nam Jung-hee.…
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Aux obsèques de sa mère, un écrivain voit resurgir d’anciens conflits familiaux. Réflexion profonde sur la famille et ses tensions, Festival suit un romancier à succès, qui retourne dans sa ville natale pour assister aux funérailles de sa mère. À 60 ans, Im Kwon-taek porte un regard personnel et détaillé sur la vieillesse, la mort et les rituels du deuil, dans un drame presque documentaire, où l’onirisme d’un conte pour enfant vient souligner le poids et l’influence des ancêtres. Restauration 4K en 2022 par le KOFA.
Le Jour où le cochon est tombé dans le puits (Daijiga umule pajinnal, 1996) de Hong Sang-soo, d’après le roman Le Jour où le cochon est tombé dans le puits de Koo Hyo-seo – 121 min – Avec Cho Eun-sook, Park Jin-seong…
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Hyo-Seop, un écrivain sans grand talent, aime Pokyung, une femme mariée. Min-Jae, ouvreuse dans un cinéma, est amoureuse de Hyo-Seop. Elle occupe toutes sortes d’emplois pour subvenir aux besoins de ce dernier. Mais Hyo-Seop ne l’aime pas et se contente de lui emprunter régulièrement de l’argent. Pokyung, pour sa part, est mariée à Tong-Woo qui gagne bien sa vie grâce à un métier qu’il n’aime pas. Celui-ci soupçonne son épouse de le tromper…
Premier film, première radiographie des relations amoureuses selon Hong Sang-soo, à travers la vie et les liaisons secrètes de quatre Sud-Coréens désabusés. Scènes de repas, beuveries entre amis et silences embarrassants sont le leitmotiv d’une œuvre entièrement dévolue à la difficulté d’aimer et au malaise existentiel, marquée par un jeu narratif des plus raffinés. Restauration 4K en 2024 par le KOFA.
Une balle perdue (Obaltan, 1961) de Yoo Hyeon-mok, D’après la nouvelle Une balle perdue de Yi Beom-seon – 110 min – Avec Choi Mu-ryong, Kim Jin-kyu, Moon Jeong-suk…
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Cruelle description de la misère dans l’après-guerre, centrée sur une famille de la Corée du Nord refugiée à Seoul, qui cherche à survivre au jour le jour.
Le destin de deux frères et une sœur nord-coréens déplacés, installés dans un quartier pauvre de Séoul, qui tentent de survivre dans la société d’après-guerre. Une remarquable adaptation du roman par Lee Beom-seon, influencée par le néoréalisme italien et l’expressionnisme allemand, qui décrit la face sombre d’une nation divisée. D’abord interdit par le gouvernement en raison de son propos antisocial, Une balle perdue est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs films coréens de tous les temps. Restauration 2K en 2015 par le KOFA.
Une ville natale (Maeumui gohyang, 1949) de Yoon Yong-gyu – 77 min – Avec Byeon Ki-jong, Oh Heon-yong, Nam Seung-min…
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Un orphelin confié à un temple bouddhiste, s’attache à une jeune veuve qui vient y pleurer la mort récente de son fils…
L’un des films coréens les plus importants réalisés entre l’occupation japonaise et la Guerre de Corée, Une ville natale raconte la solitude d’un petit garçon élevé dans un temple bouddhiste, dans l’attente du retour de sa mère. Témoignage des préoccupations spirituelles de l’époque, dans un pays en quête d’identité et de réconciliation intérieure, l’œuvre miraculée d’un cinéaste qui choisira de rejoindre la Corée du Nord peu de temps après. Restauration 4K en 2022 par le KOFA.
The Widow (Mimangin, 1955) de Park Nam-ok – 90 min – Avec Lee Min-ja, Lee Seong-ju, Lee Tak-kyun…
Élevant seule sa fille dans la Corée d’après-guerre, Sin-ja peut compter sur le soutien d’un ami de son défunt mari, M. Lee. Mais la femme de celui-ci la soupçonne de chercher à séduire son époux. Elle est déterminée à confondre Sin-ja…
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À la mort de son mari, Shin accepte l’aide financière d’un ami, tout en résistant à ses avances. Premier long métrage réalisé par une femme en Corée du Sud, The Widow dépeint la dure réalité des veuves de l’après-guerre. Née en 1923, Park Nam-ok a trouvé un poste dans un studio de cinéma à la Libération, en 1945, travaillant notamment sur le film A New Oath, de Shin Kyeong-gyun, en 1947. En 1954, au sortir de la Guerre de Corée, c’est avec très peu de moyens qu’elle dirige son premier et unique long-métrage, The Widow, reconnu comme le premier film coréen réalisé par une femme. Park Nam-ok est décédée en 2017. Sur un scénario écrit par son mari dramaturge, la cinéaste signe un mélodrame lucide sur la maternité et le mariage, une vision féminine du conflit intérieur entre l’amour maternel et les désirs charnels. (Film incomplet, la dernière bobine étant perdue, et les dix dernières minutes étant dépourvues de son). Restauration 4K en 2022 par le KOFA.
Le Festival de la Cinémathèque (ex « Toute la mémoire du monde »), le Festival international du film restauré fête ses 12 ans avec une riche sélection de restaurations prestigieuses accompagnées d’un impressionnant programme de rencontres, de ciné-concerts et de conférences.
Cinq jours durant, dans 9 cinémas (La Cinémathèque française, La Filmothèque du Quartier Latin, Le Christine Cinéma Club, L’Ecole Cinéma Club, La Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, L’Archipel, L’Alcazar, Le Vincennes et Le Centre Wallonie-Bruxelles) le Festival de la Cinémathèque propose cette année encore, près d’une centaine de séances de films rares et/ou restaurés présentés par de nombreux invités et répartis en différentes sections pour célébrer le cinéma de patrimoine et fêter en beauté son douzième anniversaire.
Moment privilégié de réflexion, d’échange et de partage qui met l’accent sur les grandes questions techniques et éthiques qui préoccupent cinémathèques, archives et laboratoires techniques mais aussi, bien évidemment (on l’espère encore !), éditeurs, distributeurs, exploitants et cinéphiles, le Festival de la Cinémathèque, né dans le contexte de basculement du cinéma dans l’ère du numérique, propose une fois de plus, cette année encore, une programmation exceptionnelle en donnant à voir aux spectateurs les chefs d’œuvre comme les œuvres moins connues (curiosités, raretés et autres incunables) du patrimoine du cinéma. Avec toujours un élargissement « Hors les murs » dans différentes salles partenaires de la manifestation à Paris et banlieue parisienne, puis, dans la continuité du festival francilien, en partenariat avec l’ADRC (Agence nationale pour le développement du cinéma en régions), plusieurs films qui tourneront après le festival dans des cinémas en régions, pour sa douzième édition, le Festival International du film restauré, renommé depuis l’année dernière « Festival de la Cinémathèque », s’affirme comme étant l’immanquable rendez-vous dédié à la célébration et à la découverte du patrimoine cinématographique mondial.
Créé par La Cinémathèque française en partenariat avec le Fonds Culturel Franco-Américain et Kodak, et avec le soutien de ses partenaires institutionnels et les ayants droit essentiels aux questions de patrimoine, ce festival est incontournable pour les cinéphiles passionnés, les amoureux du patrimoine cinématographique, les archivistes, les historiens, les chercheurs et autres curieux. Riche et foisonnante, la programmation du festival nous propose un panorama très éclectique des plus belles restaurations réalisées à travers le monde et salue ainsi non seulement le travail quotidien des équipes des différentes institutions, mais nous fait également prendre toute la mesure de la richesse incommensurable de cet Art qui n’a de cesse de témoigner tout en se réinventant tout le temps.
Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous à La Cinémathèque française et dans les salles partenaires du festival du 5 au 9 mars.
Steve Le Nedelec
Festival de la Cinémathèque – 12ème édition – Festival International du Film Restauré – Du 5 au 9 mars 2025 à La Cinémathèque Française et « Hors les murs ».