La Cinémathèque Française ouvre ses portes à Gérard Depardieu pour une rétrospective couvrant près de cinq décennies de cinéma.
Cinquante films sélectionnés dans une filmographie qui en compte plus de deux cents, où le meilleur, l’exceptionnel côtoie l’improbable, le nanar, le Z. Pourtant chaque film est une aventure, et Gérard Depardieu appartient à cette catégorie d’acteurs qui oscille entre monstrueux et fragile, celui qui par sa seule présence rend des bandes poussives intéressantes.
C’est un acteur qui a su se fondre dans des univers d’auteurs très différents les uns des autres : Bertrand Blier (Les Valseuses, Préparez vos mouchoirs, Buffet Froid, Tenue de soirée, Trop belle pour toi), Marguerite Duras (Nathalie Granger, Le Camion), Barbet Schroeder (Maîtresse) Marco Ferreri (La dernière femme, Rêve de singe) Bernardo Bertolucci (1900), André Téchiné (Barocco, Les temps qui changent) Maurice Pialat (Loulou, Police, Sous le soleil de satan, Le Garçu), Andrzej Wajda (Danton), Alain Resnais (Mon Oncle d’Amérique, I Want to Go Home), François Truffaut (Le dernier métro, La femme d’à côté), Jean-Luc Godard (Hélas pour moi).
A ce cinéma de l’exigence répond un cinéma commercial et populaire auquel la programmation fait la part belle : Francis Veber (La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs), Gérard Lauzier (Mon père, ce héros), Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac, Bon Voyage), Alain Chabat (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre), ou d’honnêtes artisans pour de remarquables films : Claude Miller (Dites-lui que je l’aime), Jacques Rouffio (Sept morts sur ordonnance), Alain Jessua (Les Chiens), Alain Corneau (Fort Saganne, Le Choix des armes, Tous les matins du monde), François Dupeyron (Drôle d’endroit pour une rencontre). Curieusement dans la programmation on ne trouve aucun film de Claude Berri qui à sa façon lui aussi conciliait l’ambition et le cinéma populaire (Je vous aime, Jean de Florette, Uranus, Germinal). Dommage aussi de ne pas y retrouver quelques films intéressants en particulier comme Aime ton père de Jacob Berger (2002), étrange confrontation entre un père et son fils, où Gérard Depardieu donnait la réplique à son fils Guillaume, et d’autres rarement programmés à la cinémathèque comme Rosy la bourrasque (1980) de Mario Monicelli ou encore le méconnu Dina (2002) du danois Ole Bornedal…
Si l’on peut faire l’impasse sur les deux réalisations de Depardieu, Tartuffe (1984) et Un pont entre deux rives (1999), nous ne pouvons que nous réjouir de voir pour l’ouverture de cette rétrospective l’étonnant Rêve de singe (Ciao maschio, 1978) de Marco Ferreri.
August Tino
Gérard Depardieu, rétrospective à la Cinémathèque Française du 6 janvier au 27 février 2016