Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation (Wasteland), à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.
Neuf ans après le stupéfiant Mad Max : Fury Road (2015) et quarante-cinq ans après le mythique Mad Max (1979), la célèbre et incontournable saga culte de science-fiction du réalisateur, scénariste et producteur australien George Miller est de retour sur les écrans avec le très attendu Furiosa : une saga Mad Max.
Cinquième volet en cinq décennies, après Mad Max (1979), road movie apocalyptique et violent qui suivait un flic solitaire dans un futur proche où la société a tourné au chaos et révélait Mel Gibson, Mad Max II : Le Défi (1981), Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (1985) et Mad Max : Fury Road (2015), tout en jouant toujours avec les codes du genre, avec Furiosa : une saga Mad Max, George Miller nous replonge dans un désert hostile peuplé de gangs motorisés qui s’affrontent dans des véhicules hallucinants et poursuit brillamment le développement de sa chronique visionnaire et dystopique de l’effondrement de notre monde, aussi bien de la société que de l’équilibre environnemental, pour questionner notre avenir.
L’univers singulier qu’a su créer et affirmer le cinéaste au fil des opus est caractérisé par une esthétique originale, et dans le même temps, ultra référencée. L’univers mythologique de la saga et son esthétique sont un extraordinaire condensé de toute la pop culture. Westerns mécaniques en occident, références aux films de samouraïs en Asie ou encore référence au cinéma underground, composée d’histoires allégoriques, la saga Mad Max résonne chez les spectateurs du monde entier depuis quarante-cinq ans maintenant. Présente dans notre imaginaire collectif, la saga Mad Max est une fable universelle.
Mad Max : Fury Road était principalement marqué par la modernisation et l’actualisation du propos de départ du cinéaste qui donnait un virage féministe à sa saga très masculine des années 80. Préquel de Fury Road et dans le même temps spin-off de la trilogie originelle, Furiosa : une saga Mad Max revient sur la genèse, de ses dix ans à ses vingt-six ans, du personnage de l’impératrice Furiosa, guerrière de la route. Furiosa raconte l’émergence de la nouvelle figure héroïque de la saga initialement interprétée par Charlize Theron dans l’épisode précédent et incarnée ici par l’actrice Anya Taylor-Joy que l’on a pu voir entre autres à l’affiche de The Witch (2016) de Robert Eggers ou encore Last Night in Soho (2021) d’Edgar Wright. C’est d’ailleurs après avoir vu l’actrice dans un montage provisoire de Last Night in Soho que le réalisateur a proposé le rôle de Furiosa à Anya Taylor-Joy. L’action de Furiosa se situant avant celle de Fury Road, Miller a préféré choisir la jeune comédienne plutôt que d’avoir recours à la technologie numérique qui lui aurait permis de « rajeunir » Charlize Theron en post-production. Aux côtés d’Anya Taylor-Joy on retrouve à l’affiche du film les comédiens Chris Hemsworth, incroyable dans le rôle du seigneur de guerre Dementus, Tom Burke, parfait lui aussi dans celui de Praetorian Jack ou encore Lachy Hulme dans le rôle du tyran Immortan Joe. Notons que la jeune comédienne Alyla Browne, qui incarne Furiosa enfant, a déjà été dirigée par George Miller dans son film précédent, Trois Mille ans à t’attendre.
Produit par George Miller et Doug Mitchell, son coproducteur depuis Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre en 1985, Furiosa est une œuvre à l’image du cinéaste, à la fois singulière et inclassable. Tourné à l’origine dans l’Outback australien, la production de ce dernier opus ne fait pas exception à la règle. Débuté en juin 2022, le tournage de Furiosa s’est donc déroulé en Australie durant près de sept mois et a nécessité, du fait des choix artistiques et de la volonté du cinéaste d’avoir recours au travail inégalable des véritables artisans des métiers du cinéma, la participation de près de 1300 personnes. Certains sont même sortis de leur retraite pour le seul plaisir de travailler avec le réalisateur.
« Un film doit se voir avec les oreilles et s’entendre avec les yeux. » George Miller.
Aussi impressionnant qu’il soit du point de vue visuel ou technique, de ses véhicules et ses cascades à ses décors en passant par ses costumes ou encore ses maquillages, Furiosa est un film artisanal dans sa conception. Comme l’action vient ici servir la caractérisation des personnages et la progression de l’intrigue, tout dans le film a été créé avec un souci du détail méticuleux pour servir l’histoire. Les costumes, les maquillages, les véhicules ou encore les armes ont été conçus comme des extensions des personnages et viennent les définir.
Afin de l’accompagner sur les différents postes clés de créations du film, George Miller s’est entouré d’une équipe de collaborateurs de longue date. Co-écrit avec Nico Lathouris, qui avait déjà co-écrit Mad Max : Fury Road avec Miller, on retrouve à la tête des différentes équipes techniques de Furiosa, les assistants réalisateurs PJ Voeten et Guy Norris (ce dernier est également coordinateur des cascades), le directeur de la photographie Simon Duggan (Prédictions, 2009 ; Gatsby le Magnifique, 2013…) dont le travail remarquable imprime nos rétines, le compositeur Tom Holkenborg (aka Junkie XL), l’ingénieur concepteur du son Robert Mackenzie, les monteurs Eliot Knapman et Margaret Sixel, le chef décorateur Colin Gibson, la costumière Jenny Beavan (Les Vestiges du jour, 1993 ; Raison et Sentiments, 1995 ; Gosford Park, 2001 ; Le Dahlia noir, 2006…) ou encore la maquilleuse Lesley Vanderwalt. Nombreux parmi ces derniers ont déjà remporté un Oscar pour leur travail sur Mad Max : Fury Road. Après un tournage long et intense, un an et demi de post-production a été nécessaire entre la fin du tournage et la sortie du film aujourd’hui. Le plus important reste le film terminé, le résultat de tout ce travail titanesque est là, présent à l’écran.
L’étude de la construction d’une légende que le cinéaste effectue avec ce film apporte à toute la saga une dimension de fresque épique. Comme chacun des films de la saga, Furiosa est différent des opus précédents. Le cinéma de George Miller ne se répète pas mais se renouvelle. Derrière chacune de ses réalisations, on sent parfaitement la curiosité du cinéaste et sa volonté d’essayer de nouvelles choses. Quand, à l’image de la technologie, on constate que le cinéma et les films de George Miller ne cessent d’évoluer et de changer, ce qui ne change pas et qui reste primordial dans son travail, c’est le récit. Film d’action pur, avec Furiosa, Miller nous rappelle que l’action est à l’origine du cinéma. L’action c’est l’image en mouvement. L’action est l’essence même du cinéma. Avant l’invention du son au cinéma, de Buster Keaton à Harold Lloyd en passant par Chaplin, tous réalisaient des films dont le récit passait par l’action. Furiosa est donc un pur film de cinéma.
Maitrise du rythme (frénétique) comme de la narration, Furiosa est une authentique démonstration de mise en scène. Mais, lorsque l’on regarde Furiosa, il est important d’avoir à l’esprit que George Miller, le cinéaste visionnaire et créateur de cette saga unique dans l’histoire du cinéma, n’est autre que le même homme qui a, entre autres, écrit et produit Babe (1995), écrit, produit et réalisé Babe, le cochon dans la ville (1998), mais aussi Happy Feet (2006) et Happy Feet 2 (2011) …
George Miller a également réalisé Les Sorcières d’Eastwick (1987) avec Jack Nicholson, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer et Cher, Lorenzo (1992) avec Nick Nolte et Susan Sarandon ou plus récemment Trois Mille ans à t’attendre (2022) avec Idris Elba et Tilda Swinton.
D’une incroyable virtuosité, à l’image d’une partition musicale visuelle, aussi furieuse et délirante que précise et élégante, la mise en scène ultra chorégraphiée de George Miller nous offre un spectacle hallucinant et d’une incomparable beauté esthétique. Toujours plus fort et plus loin dans le « délire » créatif, avec ce nouvel opus aux séquences dantesques, George Miller pousse tous les curseurs et, à 79 ans, donne une nouvelle gifle, une humiliante leçon de cinéma aux blockbusters américains de ces vingt dernières années. Œuvre magistrale s’il en est, Furiosa fonce à tombeau ouvert et nous fait mordre la poussière. Furiosa est un grand film de science-fiction post-apocalyptique qui suinte le sang et l’huile de moteur. Furiosa est un grand film d’action. Furiosa est un grand film. Une expérience unique et sidérante à vivre en salle, sur grand écran. Culte.
Steve Le Nedelec
Furiosa : une saga Mad Max (Furiosa : A Mad Max Saga) un film de George Miller avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke, Alyla Browne, Lachy Hulme, George Shevtsov, Angus Sampson, Elsa Pataky, Nathan Jones… Scénario : George Miller & Nick Lathouris. Image : Simon Duggan. Décors : Colin Gibson. Costumes : Jenny Beavan. Montage : Eliot Knapman et Margaret Sixel. Musique : Tom Holkenborg. Producteurs : George Miller & Doug Mitchell. Production : Kennedy – Miller – Mitchell – Warner Bros. Distribution (France) : Warner Bros. (sortie le 22 mai 2024). 2024. 2h28. Couleur. Arri Alexa 65. Format image : 2.39 :1. Son : IMAX 6-Track. Dolby Surround 7.1. Dolby Atmos. Sélection officielle, hors compétition, Festival de Cannes, 2024. Interdit aux moins de 12 ans.