Frank Henenlotter est un réalisateur de films d’exploitation, c’est-à-dire qui use et abuse de scènes de sexes, d’horreur, de drogues et de bien d’autres « atrocités »… pour le plus grand plaisir, un peu pervers et voyeur, des spectateurs en quête de sensations fortes et d’œuvres transgressives.
Henenlotter est un cinéaste new-yorkais, certes moins renommé que Martin Scorsese, Woody Allen ou Abel Ferrara, mais lui aussi a été biberonné au jus de films dans les salles glauques de la 42e rue. Entre putes, drogués, cinéphiles déviants et SDF, Henenlotter y découvre un cinéma qui s’affranchit de la bienséance hollywoodienne. A force d’ingurgiter chefs-d’œuvre et nanars, Henenlotter décide de faire le grand saut.
En 1982 à 32 ans il entreprend avec un budget de misère la réalisation de son premier film, Basket Case. Le film est vite repéré tant il sort du cadre habituel du cinéma d’horreur. Basket Case transpire l’amour du cinéma et son discours sur la monstruosité et la différence en fait un film profondément attachant.
Ce n’est que sept ans plus tard que Henenlotter réussit à mettre sur pied la production de son deuxième film. Elmer, le remue-méninges (1987) est une expérience de cinéma autre, et c’est tant mieux. Henenlotter mélange à qui mieux mieux sexe et drogue.
… Et donne naissance à l’une des créatures les plus bizarroïdes du cinéma mondial, Elmer le phallus-LSD ! Le film est une réjouissante réussite qui vaut le détour.
Et c’est avec plaisir que l’on retrouve Duane et son frère dans Basket Case 2 (1990), monstrueuse parade dans une institution spécialisée. Le film est produit par un autre réalisateur d’exploitation, James Glickenhaus (Le droit de tuer/The Exterminator, 1980). Doté d’un plus important budget que le premier opus, Basket Case 2 est un succès.
Toujours produit par Glickenhaus, il enchaîne avec sa déjantée relecture de Mary Shelley, Frankenhooker (1990).
Un inventeur reconstitue le corps d’une femme à partir d’éléments disparates, prélevés sur des prostituées. Avec Frankenhooker, Henenlotter est au top de la création déjantée du cinéma d’exploitation. Après un tel sommet de mauvais goût, Henenlotter ne pouvait que dégringoler. Basket Case 3 (1992) est une déception. Il met alors entre parenthèses sa carrière de cinéaste pour se consacrer à l’édition vidéo avec sa société Something Weird Video, prolongeant ainsi pour les spectateurs en quête de découverte bis et nostalgique des délires cinématographiques des salles de la 42e rue. Une manière de faire revivre le cinéma de sa jeunesse.
16 ans après le dernier opus de Basket Case, Henenlotter revient à la réalisation avec Bad Biology (2008) où l’on retrouve intact tous ses centres d’intérêt : sexe, drogue et freaks !
Après une telle carrière, quoi de plus normal que le focus que lui consacre L’Etrange Festival ! Frank Henenlotter se fera donc un plaisir de projeter quatre œuvres cultes, Basket Case 1 et 2, Elmer le remue-méninges et Frankenhooker.
Fernand Garcia