Vingt ans séparent les deux parties de ce film portrait consacré à Dario Argento. Tourné à Turin puis à Rome entre 2000 et 2019, Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain cale son pas sur l’un des cinéastes les plus marquants de ces cinquante dernières années. Ses obsessions, son travail, ses souvenirs, ses hantises, son rapport à la ville éternelle, les blessures de l’Histoire italienne, et puis le temps qui passe…
Né en 1969 à Paris, Jean-Baptiste Thoret est réalisateur et historien du cinéma. En 2017, il réalise Blew It, sélectionné au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Ancien critique de cinéma (Charlie Hebdo, France Inter, France Culture), il est l’auteur d’une douzaine de livres sur le cinéma, parmi lesquels Le Cinéma américain des années 1970, Dario Argento, magicien de la peur et Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique. Il dirige également la collection Make My Day chez Studio Canal.
« Tant que là-dehors se trouvera quelqu’un à qui faire peur, je pourrai me considérer comme un homme heureux » Dario Argento – Peur : Autobiographie (Rouge Profond, 2018)
Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain est un portrait de l’artiste divisé en deux parties distinctes. C’est en 2000, à Turin, sur le plateau de tournage du magnifique film Le Sang des Innocents (Non ho sonno, 2001) que Jean-Baptiste Thoret a commencé son documentaire au long cours sur Dario Argento. Tournée en numérique et dans un format 4/3 pour la télévision et principalement constituée d’extraits de films et d’images d’archives, la première partie du documentaire se veut principalement analytique et théorique sur l’œuvre du réalisateur que l’on observe ici au travail.
Calée sur le pas du cinéaste, la deuxième partie du documentaire se déroule aujourd’hui, près de vingt ans plus tard, à Rome. Tournée en scope dans un sublime noir et blanc, cette deuxième partie suit le cinéaste lors de ces déplacements quotidiens et revient avec nostalgie sur la carrière du Magicien de la Peur. La caméra le suit dans un parc, un opéra ou encore à la recherche de vieux manuscrits occultes datant de l’inquisition dans la célèbre bibliothèque Angelica à Rome et nous livre dans le même temps une visite guidée des obsessions et des passions qui animent l’homme et habitent toute son œuvre.
A la fois riche et sensible, tourné vers la création, le portrait que dresse ici Thoret du Maître du giallo est à l’image de l’homme et de l’œuvre qu’il a créé dans la souffrance. Confidences, images d’archives, retours et visites sur des lieux de tournages comme par exemple le quartier de l’EUR, quartier à la fois moderne et monumental, vitrine architecturale éclatante de l’Italie fasciste et la villa où il a tourné Ténèbres ou encore les lieux du tournage de Profondo Rosso (Les Frissons de l’Angoisse, 1975) mais aussi d’Inferno (1980), entretiens et témoignages de collaborateurs sont au programmes de ce somptueux film.
Avec le merveilleux documentaire Dario Argento, Soupirs dans un corridor lointain, Jean-Baptiste Thoret nous livre non seulement sa fascinante vision du cinéaste mais également un touchant portrait intimiste et mélancolique de l’homme, de ses angoisses, de ses doutes existentiels et de sa vision unique sur la création, l’Art en général et le cinéma en particulier. Indispensable.
Steve Le Nedelec
Dario Argento, Soupirs dans un Corridor Lointain, un film de Jean-Baptiste Thoret avec Dario Argento. Ecrit par Jean-Baptiste Thoret. Image et étalonnage : Laurent Brunet. Son : Julien Brossier. Montage : Paul Gauthier & David Parra Braceli. Musique : Jean-Baptiste Thoret. Producteurs : Christophe Gougeon – Yann Brolli – Richard Frank – Ronald Chammah. Production : Aqua Alta – Les Films du Camélia avec la participation de Ciné +. Distribution : Les Films du Camélia (Sortie France le 3 juillet 2019). France. 2019. 97 minutes. Couleur et Noir et Blanc. Format image : 1.33 :1 et 2.35 :1. Son 5.1. Tous Publics.