La Cinémathèque Française fête les 20 ans de sa programmation Cinéma Bis du 21 au 23 mars. 9 films emblématiques sont projetés durant ce week-end. Western spaghetti, arts martiaux, érotisme, animaux géants et aventure, tour d’horizon de ces films issus d’un temps, où le cinéma était un art populaire et transgressif.
EL CHUNCHO
El Chuncho (Quien Sabe ?) l’un des meilleurs westerns spaghetti, œuvre de gauche à dimension révolutionnaire signé par un Damiano Damiani très inspiré et porté par un Gian Maria Volonté prodigieux. Le film impressionne tellement Rainer Werner Fassbinder qu’il lui dédie son premier film. El Chuncho bénéficie d’un remarquable scénario, qui combine sens du spectacle et analyse politique. Il propose dans le cadre de la révolution mexicaine une analyse de la situation politique de l’Amérique latine des années 60 sous l’impérialisme américain et les manœuvres occultes et réactionnaires de la CIA. Le scénario est en grande partie l’œuvre de Franco Solinas, auteur et homme engagé, collaborateur de Gillo Pontecorvo (Kapo, La bataille d’Alger, Quiemada), Francesco Rosi (Salvatore Giuliano) Roberto Rossellini (Vanina Vanini), Costa Gavras (Etat de siège, Hanna K.) et de Joseph Losey (M. Klein).
« N’achètes pas de pain ! Achète de la dynamite ! » Ce must du western spaghetti est le film d’Ouverture.
El Chuncho (Quien Sabe ?) un film de Damiano Damiani avec Gian Maria Volonte, Lou Castel, Klaus Kinski, Martine Beswick, Jaimie Fernandez, Carla Gravina. Scénario : Franco Solinas & Salvatore Laurani. Photo : Antonio Secchi. Direction Artistique : Sergio Canevari. Musique : Ennio Morricone. Producteur : Bianco Manini. Production : M.C.M. Italie-Espagne. Technicolor. Techniscope. 1966. 135 mn.
CHI L’HA VISTA MORIRE ?
Chi L’ha vista morire ? est l’œuvre d’un cinéaste italien particulièrement intéressant mais inégal, Aldo Lado. Avec un point de départ somme toute assez classique: une jeune fille est sauvagement assassinée laissant un père fou de douleur. Chi l’ha vista morire ? est un excellent giallo avec une profusion de personnages secondaires forts bien typés. L’ex-James Bond George Lazenby (Au service secret de Sa Majesté) trouve ici son meilleur rôle au côté d’acteurs coutumiers du genre, Adolfo Celi, Peter Chatel et Anita Strindberg. Comme tout bon giallo qui se respecte, la musique obsédante et répétitive est du maestro Morricone, signalons aussi la très belle photographie de Franco Di Giacomo (La stratégie de l’araignée de Bernardo Bertolucci, La nuit de San Lorenzo des Taviani, La messe est finie de Nanni Moretti, entre autres) et la remarquable utilisation des extérieurs vénitiens.
Chi L’ha vista morire ?, un film de Aldo Lado avec George Lazenby, Anita Strindberg, Adolfo Celi, Dominique Boschero, Peter Chatel. Scénario : Francesco Barili, Massimo D’Avak, Aldo Lado & Rüdiger von Spiess. Photo : Franco Di Giacomo. Musique : Ennio Morricone. Montage : Producteur : Enzo Doria. Production : Dieter Geissler Filmproduktion (Monaco). Doria G. Film (Italie). Format image : 2,35 :1 TechniScope. Technicolor. Italie – Monaco. 1972. 95 mn.
L’EMPIRE DES FOURMIS GÉANTES
L’empire des fourmis géantes est un film du spécialiste des créatures géantes, Bert I. Gordon, dont les initiales forment le mot BIG est qui n’est absolument pas réducteur au vu de sa carrière. Après son grand succès, Soudain… les monstres (The Food of the Gods, 1976), inspiré d’une nouvelle de H.G. Wells, BIG entreprend avec cet empire, une nouvelle adaptation de l’auteur progressiste anglais de L’ Île du Dr Moreau et de L’homme invisible. Des fourmis se gavent d’un produit liquide issu de barils toxiques abandonnés en pleine forêt. Très vite, elles deviennent de plus en plus grosses… Série B bancale avec son lot de scènes grotesques et une Joan Collins quelque peu perdue au milieu de fourmis géantes en matière plastique.
L’Empire des Fourmis Géantes (Empire of the Ants) Un film de Bert I. Gordon avec Joan Collins, Robert Lansing, John David Carson, Jacqueline Scott. Scénario : Bert I. Gordon & Jack Turley d’après H.G. Welles. Producteur exécutif : Samuel Z. Arkoff. Producteur : Bert I. Gordon. Production : Cinéma 77 – AIP. Format Image : 1,85 :1. Couleur. USA. 1977. 89 mn.
LA FEMME REPTILE
La femme reptile est avec L’impasse aux violences (1959) et L’invasion des morts-vivants (1966), le film le plus « célèbre » de John Gilling, vieux routier du cinéma britannique. La Femme Reptile doit sa réputation à son étrange atmosphère qui se déploie autour d’une série de meurtres. Au fil des ans, le film a acquis une réputation d’œuvre culte.
La Femme reptile (The Reptile) un film de John Gilling avec Noel Willman, Ray Barrett, Jennifer Daniel, Jacqueline Pearce, Michael Ripper, John Laurie, Marne Maitland. Scénario : John Elder (Anthony Hinds). Photo : Arthur Grant. FX Maquillage : Roy Ashton. Effets spéciaux : Les Bowie. Montage : Roy Hyde. Musique : Don Banks. Producteur : Anthony Nelson Keys. Production : Seven Arts-Hammer. Grande-Bretagne. Couleur. 1966. 90 mn.
FEMMES CRIMINELLES
Œuvre culte et scandaleuse, Femmes criminelles décrie le calvaire et les sévices, dont sont victimes les premières nonnes chrétiennes arrivées au Japon dans la seconde partie du XVIIe siècle. Ce film à sketchs a fait les beaux jours de l’éditeur aujourd’hui disparu Scherzo, aux temps héroïques de l’édition VHS. Violence, torture et sadisme sont au menu de ce film, fort bien réalisé et interprété.
Femmes Criminelles (Tokugawa Onna Keibatsu Shi) un film de Teruo Ishii avec Yukie Kagawa, Asao Koike, Reiko Mikasa. Production : Toei. Japon. 1968. 85 mn.
LES GUERRIERS DE LA JUNGLE
Quatre mannequins et leur photographe sont pris en otage par un gang mafieux dans la jungle amazonienne. Film typique de la sexploitation avec son lot de femmes nues attachées et malmenées par des hommes particulièrement libidineux. Le film regorge de tronches du cinéma bis et de créatures hyper sexy. Un nanar absolu.
Les Guerriers de la jungle (Euer Weg durch die Hölle führt / Jungle Warriors), un film de Ernst R. von Theumer avec Nina Van Pallandt, Sybil Danning, Dana Elcar, Marjoe Gortner, Woody Strode, Alex Cord, Paul L. Smith, John Vernon, Ava Cadell. Scénario : Robert Collector & Marc Furstenberg. Photo : Nicholas Josef von Sternberg. Musique : Roland Baumgartner. Producteur : Ernst R. von Theumer. Production : International Screen Production – Araiz-Condoy Productions. Allemagne-Mexique. 1983. 93 mn.
MATALO !
Deuxième western spaghetti de la programmation et toujours avec Lou Castel dans un rôle quasi-muet. Matalo ! est un western psychédélique aux limites du baroque, mouvements de caméra des plus bizarres, musique en total contrepoint, un personnage quasi invisible dans une ville fantôme, et, parmi d’autres curiosités, Lou Castel utilise comme arme un boomerang !
Matalo ! un film de Cesare Canevari avec Lou Castel, Corrado Pani, Diana Sorel, Luis Davila, Claudia Gravi, Anne Marie Mendoza, Antonio Salines. Musique : Mario Migliardi. Production : Rofima Cinematografica (Milan) – Copercines (Madrid). Scope. Eastmancolor. Italie-Espagne. 1971. 90 mn.
LA POSSÉDÉE DU VICE
Une jeune mariée en voyage de noces est initiée aux rituels vaudou du dieu serpent Jambaya. La légende raconte que Nadia Cassini devait faire l’amour avant chaque scène de nue, car sinon ses seins tombaient ! Au rayons des curiosités: le film est produit par Alfredo Bini producteur de Pier Paolo Pasolini; et la présence de Evaristo Marquez, interprète principale au côté de Marlon Brando de Queimada. Quand à l’actrice Beryl Cunningham, elle est l’épouse du réalisateur.
La possédée du vice (Il Dio Serpente) un film de Piero Vivarelli avec Nadia Cassini, Beryl Cunningham, Sergio Tramonti, Evaristo Marquez, Arnaldo Palacios. Scénario : Piero Vivarelli & Ottavio Alessi. Montage : Carlo Reali. Musique : Augusto Martelli. Producteur : Alfredo Bini. Production : Finarco. Scope. Couleur. Italie – Vénézuéla. 1970. 94 mn.
LA RAGE DU TIGRE
Un jeune guerrier est contraint de se trancher le bras et de renoncer aux armes. Il se retire du monde, mais le passé le rattrape, et il doit reprendre le sabre pour affronter le responsable de sa mutilation. La rage du Tigre est l’un des films les plus célèbres de la Shaw Brothers produit par Run Run Shaw disparu récemment.
La rage du Tigre (The New One-Armed Swordsman) un film de Cheh Chang avec David Chiang, Lung Ti, Feng Ku, Hsing Chen, Chung Wang. Scénario : Kuang Ni. Musique : Chen Yung-yu. Producteurs : Run Run Shaw & Run Me Shaw. Production : Shaw Brothers. Scope. Couleur. Hong-Kong. 1971. 99 mn.
En parallèle de la manifestation, les éditions Serious Publishing publie sous la direction de Christophe Bier Le Coffret du BIS, 20 ans de cinéma Bis à la Cinémathèque, 5 volumes, 1000 pages reprenant l’intégralité des 20 ans de programmation, attention cette édition est limité à 500 exemplaires.
Week-end 20 ans de Cinéma Bis à la Cinémathèque Française du 21 au 23 mars 2014.