Une Carte Blanche à Wim Wenders était au programme de cette sixième édition du festival Toute la Mémoire du Monde. Le cinéaste a ainsi choisi quatre films qui ont marqué son rapport au cinéma et influencé ses choix. Cette sélection de films a permis de témoigner non seulement du brillant sens critique du réalisateur mais aussi de la place qu’il occupe dans l’histoire du cinéma et du dialogue constant qu’il effectue dans son travail avec les grands cinéastes et leurs œuvres.
La Blonde et Moi (The Girl can’t help it, 1956) de Frank Tashlin avec Jayne Mansfield, Tom Ewell, Edmond O’Brien, Julie London…
Tom Miller est un imprésario fini, obnubilé par les visions d’une célèbre chanteuse qui l’a abandonné, seule gloire à mettre au compte d’une carrière qui se termine le nez dans les bouteilles. Murdock, un malfrat sorti de prison, fait appel à lui pour qu’il fasse de sa protégée, la pulpeuse Jerri Jordan, la nouvelle star du Rock’n’ Roll. Mais si le physique de miss Jordan peut faire exploser les charts, sa voix de crécelle est par contre un sérieux handicap… à moins que ce ne soit une bénédiction pour elle, qui rêve de devenir une mère au foyer modèle, et pour Miller qui s’en amourache…
Frank Tashlin (1913-1972) débute pour Paul Terry et évolue dans plusieurs studios d’animations. A partir de la fin des années 1930 et pendant les années 1940, il travaille au département scénario de Walt Disney et à l’animation chez Warner Bros. Puis, il écrit pour le cinéma burlesque (notamment pour les Marx Brothers, Bob Hope) et réalise plusieurs comédies : La Blonde et Moi (1956) ou Un vrai cinglé de cinéma (1956), avec le duo Jerry Lewis et Dean Martin, des films inspirés par un esprit cartoon. Il est aussi l’auteur d’une série de livres illustrés pour enfants.
Bonjour (Ohayô, 1959) de Yasujirô Ozu avec Koji Shidara, Yoshiko Kuga, Keiji Sada…
Dans une ville de la banlieue de Tokyo, la vie suit tranquillement son cours : les mères de famille s’occupent de leur intérieur tout en jalousant celui des autres, les pères se croisent au café du coin et s’inquiètent de leur retraite à venir, tandis que les fils passent leur temps à regarder la télévision chez un voisin jugé trop excentrique. Un soir, les jeunes Minaru et Isamu pressent leurs parents pour avoir leur propre poste de télévision, en vain : l’aîné se met alors en colère face à l’hypocrisie des adultes et décide de faire une « grève de la parole », aussitôt suivi par son jeune frère…
Réalisateur prolixe, fidèle à ses équipes techniques et à ses acteurs, Yasujirô Ozu élabore un style personnel (caméra à hauteur de tatami, plans d’ensemble, rareté des mouvements de caméra et célèbres « faux »-raccords de regard). Ses thèmes se concentrent sur la famille (le couple, la transmission aux enfants, la séparation, les conflits de générations), confrontant la société japonaise traditionnelle à la société moderne d’après-guerre. Son œuvre ne sera découverte en France qu’à partir de 1978.
Restauré en 2K, à partir des éléments négatifs originaux, par la Shochiku Co., Ltd. et le National Film Center, National Museum of Modern Art, Tokyo
Les Indomptables (The Lusty Men, 1952) de Nicholas Ray avec Susan Hayward, Robert Mitchum, Arthur Kennedy…
La vie des cow boys qui participent aux rodéos modernes. Jeff McCloud, vieille gloire des rodéos, doit prendre sa retraite à la suite d’un accident. Désargenté, désœuvré, il retourne vers les lieux de son enfance. Un cow boy du voisinage, Wes Merritt, lui fournit du travail et lui demande de l’initier à l’art du rodéo. Mais sa femme Louise voit cette activité d’un très mauvais oeil. Jeff annonce à Louise qu’il est amoureux d’elle. Les deux hommes se battent. Jeff décide, malgré le fait qu’il n’y soit pas du tout préparé, de concourir à la prochaine compétition de rodéo.
Les Amants de la nuit (They Live by Night, 1949) donne le ton de l’œuvre de Nicholas Ray. Beaucoup de ses films seront accidentés, remontés, terminés sans lui, son caractère s’adaptant mal aux exigences hollywoodiennes. Il signe néanmoins des films mémorables comme Johnny Guitare (1954) avec Joan Crawford ou encore La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause, 1955) avec James Dean et Natalie Wood. Au début des années 1960, rejeté par un système en crise, Ray ne parvient plus à mener ses projets. Il est acteur (L’Ami Américain – Der Amerikanische Freund, de Wim Wenders) et continue de tourner en enseignant (We Can’t Go Home Again, 1973) ou en mettant en scène ses derniers jours sous le regard d’un autre, Wim Wenders (Nick’s Movie – Nick’s Film / Lightning Over Water, 1980).
Seuls les Anges ont des Ailes (Only Angels Have Wings, 1939) de Howard Hawks avec Cary Grant, Jean Arthur, Rita Hayworth, Richard Barthelmess…
Au cours d’une escale à Barranca, un petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee, une danseuse de music-hall, rencontre Joe Souther et Les Peters, deux pilotes d’une compagnie assurant le transport du courrier. Joe doit accomplir une mission. Mais durant son vol, le temps s’aggrave et ce dernier refuse de revenir à la base.
Natif d’une riche famille industrielle, Howard Hawks débute à Hollywood en 1924. Auteur prolixe et éclectique, incarnation du cinéma classique hollywoodien, il œuvre dans tous les genres : westerns (Rio Bravo, 1959), comédies (L’Impossible Monsieur Bébé – Bringing up Baby, 1938), films noirs (Le Grand Sommeil – The Big Sleep, 1946), musicaux (Les Hommes préfèrent les Blondes – Gentlemen Prefer Blondes, 1953), films de gangsters (Scarface, 1932).
Steve Le Nedelec