Ambiance quelque peu morose pour l’ouverture de la XXIIe édition de l’Étrange Festival. Frédéric Temps, Président et délégué général, sur la scène de la salle 500, a évoqué les difficultés auxquelles est confronté le partenaire historique du festival Canal +. Il a de quoi être inquiet avec l’annonce de coupes drastiques dans le budget de Canal + exigé par Vincent Bolloré. Il n’est donc pas acquis que la chaîne cryptée reste partenaire. Ce qui, dans le pire des scénarios, serait un coup dur pour le festival, mais aussi pour l’image de Canal +. Un très mauvais signal en quelque sorte pour les abonnés d’une chaîne intrinsèquement liée au cinéma, à l’innovation, à la recherche et à l’effervescence de la création cinématographique. Si quelques nuages gris planent au-dessus du festival, l’important reste le présent et cette nouvelle édition.
Pour la première fois, L’Étrange Festival se délocalise avec une programmation au cinéma Gaumont Les Fauvettes, constituée de films issus du catalogue à la société à la marguerite. C’est aussi une journée supplémentaire de projection. 12 jours non-stop au Forum des Images avec le seuil symbolique des 130 projections atteint, de quoi satisfaire le plus affamé des festivaliers.
La XXIIe édition de L’Étrange Festival est dédiée à Alejandro Jodorowsky, véritable « esprit » du festival. Accueilli par une standing ovation, l’auteur d’El Topo a recommandé aux futurs cinéastes de faire des films en accord avec eux-mêmes, qui soit l’expression de leur être, appel auquel nous ne pouvons que souscrire. Puis, cette XXIIe édition est officiellement déclarée ouverte. Nous le retrouverons pour une séance de cryto-cinéma où il décortiquera un classique du cinéma, samedi 10 septembre à 15h30.
La soirée s’est poursuivie avec Decorado, court-métrage d’animation au superbe graphisme en noir et blanc de l’espagnol Alberto Vasquez. Son thème, des personnages enfermés dans un monde d’apparence, rejoignait les préoccupations de son confrère mexicain Daniel Castro Zimbrón, qui présentait en première mondiale, The Darkness. Deux œuvres de création sombres sur un monde qui inspire la peur… Brontis Jodorowsky (photo ci-contre) s’est réjoui d’être à l’affiche de deux films en compétition. En effet, on le retrouvera l’acteur dans Poésie sans fin où il est dirigé par son père, Alejandro.
L’autre événement de la soirée était la présentation du documentaire The Sion Sino sur le cinéaste nippon et la première européenne de Antiporno. A l’entrée de la salle 300, les festivaliers ont eu le plaisir de se voir remettre un superbe exemplaire de la revue La Tranchée racine de Stéphane Blanquet. Et c’est dans une salle pleine à craquer que les spectateurs ont pu découvrir Antiporno, la dernière merveille d’un cinéaste hors norme.
Jodorowsky – Sono Sion on ne pouvait rêver meilleur début… Longue vie à L’Étrange Festival !
Fernand Garcia