La Cinémathèque Française fête les cent ans de la Major Hollywoodienne en présentant du 5 décembre 2012 au 2 mars 2013, cent films. Autour d’une programmation qui couvre l’essentiel de la production du Studio de sa création à nos jours. Considérée comme la plus « petite » des Major companies, Universal navigua longtemps entre volonté de produire des films de prestige, la série B et des œuvres modestes à destination des zones rurales à fort potentiel commercial. Cette diversité de production s’explique par le fait que contrairement aux autres Major, Universal ne possédait pas de circuit de salles de cinéma. La loi anti-trust ne s’appliquera aux Major companies qu’en 1947.
Ce beau voyage dans le temps, de trois mois, nous permettra de découvrir ou de redécouvrir les principales productions Universal. Des grands classiques de la période muette (essentiellement les films de Stroheim), de revivre sur grand écran l’âge d’or du cinéma fantastique avec sa magnifique galerie de monstres (Dracula, Frankenstein, la momie, le loup-garou, etc.), mais aussi de pleurer avec les mélodrames des années 30 de John M. Stahl et ses superbes remakes des années 50 sous la direction de Douglas Sirk.
Cet important cycle offrira peut-être l’occasion de réévaluer les comédies cultissimes chez l’Oncle Sam d’Abbott et Costello et de l’improbable Francis « le mulet qui parle ». Signalons les remarquables polars qui s’échelonnent des années 40 au milieu des années 70 sous la direction de Robert Siodmak, Jules Dassin, Orson Welles ou Don Siegel. Gros actionnaire du Studio, Alfred Hitchcock y signe, quant à lui, quelques chefs-d’œuvre de la dernière période. Le Studio connait d’énormes succès au début des années 70, Airport, qui deviendra la matrice des films catastrophes à vedettes, L’arnaque de George Roy Hill et ses six Oscars jusqu’au premier blockbuster, Les dents de la mer, d’un enfant du Studio, Steven Spielberg. Le cinéaste restera fidèle à la Major pour de nombreuses productions qu’il signera ou produira via sa structure Amblin. Aujourd’hui, Universal participe aussi bien à la production d’œuvres indépendantes, comme les films des Frères Coen, qu’à l’exploitation de franchises extrêmement lucratives comme American Pie ou Jason Bourne.
Ce n’est pas seulement un voyage au sein d’une usine à rêve auquel nous invite la cinémathèque Française mais surtout à la découverte d’un siècle de cinéma américain.
Fernand Garcia