Sade au Cinéma

En parallèle-complément de la magnifique exposition Sade – Attaquer le Soleil, le Musée d’Orsay propose un cycle de 14 films inspirés ou dans l’esprit du Divin Marquis. De la radicalité la plus extrême au cinéma populaire de quartier, ces films distillent un vertige par-delà le bien et le mal et ouvre sur l’imaginaire et la contestation. Sade au Cinéma, le programme de ce voyage vers l’infini intérieur…

« J’ai aimé Sade.

J’avais plus de vingt-cinq ans quand je l’ai lu pour la première fois, à Paris.

Ce fut un choc encore plus considérable que la lecture de Darwin. (.) on aurait dû me faire lire Sade avant toutes choses. Que de lectures inutiles ! »

Luis Buñuel in Mon dernier soupir , Ramsay Poche Cinéma

L'Age d'Or

L’AGE D’OR de Luis Buñuel avec Gaston Modot, Lya Lys, Max Ernst (France, 1930, 60 mn) L’Age d’or est un chef d’œuvre, l’écrin de l’amour fou, film de toutes les audaces et de toutes les provocations jusqu’au Christ sortant d’une orgie ! Le scandale fut à la hauteur de la liberté créatrice de Buñuel. L’Age d’or fut interdit pendant 50 ans !

Zaroff

LES CHASSES DU COMTE ZAROFF (The Most Dangerous Game) de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel avec Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks (USA, 1932, 63 mn). Seul survivant d’un naufrage un chasseur de fauves échoue sur une île. Il rencontre le Comte Zaroff, un Russe en exil qui demeure dans un château. Incroyable film tourné dans les décors de King Kong, avec l’un des personnages les plus sadiens de l’histoire du cinéma, le comte Zaroff.

Daliah Lavi

LE CORPS ET LE FOUET (La Frusta e il corpo) de Mario Bava avec Christopher Lee, Daliah Lavi, Tony Kendall (Italie-France, 1963, 85 mn). La relation d’un baron sadique et de sa belle-sœur. Mais le baron est-il vraiment réel ? La puissance des phantasmes érotiques d’une jeune femme dans une dimension purement sadienne.

LE CRANE MALEFIQUE (The Skull) de Freddie Francis avec Peter Cushing, Patrick Wymark, Michael Gough, Patrick Magee, Christopher Lee, Jill Bennett (GB, 1965, 90mn). Sade est ici une figure maléfique. Le film s’inspire d’un fait réel, la disparition du crâne de Sade après son exhumation par son médecin. Le scénario est tiré de  l’œuvre de l’écrivain Robert Bloch auteur du célèbre Psycho d’Alfred Hitchcock, The Skull of the Marquis de Sade. Le réalisateur, solide artisan du cinéma fantastique anglais, poursuivit en parallèle une brillante carrière de chef opérateur, entre autres pour David Lynch (Elephant Man, Dune).

DEMENCE (Sileni) de Jan Svankmajer avec Jan Triske, Pavel Liska, Anna Geislerova (Rep. Tchèque, 2005, 118 mn). Regroupe des œuvres du grand cinéaste d’animation tchèque, la rencontre entre Poe et Sade. Horrible, morbide, expérimental et surréaliste le film est d’une grande liberté formelle et de toute beauté.

 de Sade

LE DIVIN MARQUIS DE SADE (De Sade) de Cy Enfield (et Roger Corman et Gordon Hessler, non crédités) avec Keir Dullea, Santa Berger, Lili Palmer, John Huston (USA-Allemagne, 1968, 113 mn). Première biographie de Sade, extrêmement documenté, le scénario De Sade est l’œuvre de l’écrivain américain Richard Matheson, auteur de remarquables nouvelles fantastiques souvent adaptées par la télévision, la série Twilight Zone (La quatrième dimension) et au cinéma Duel de Steven Spielberg. Matheson est aussi l’auteur d’une étonnante série d’adaptation d’Edgar Allan Poe dans les années 60 pour Roger Corman. C’est l’acteur Keir Dullea qui incarne Sade, il venait d’être l’astronaute Dave Bowman de 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick.

L'empire des sens

L’EMPIRE DES SENS de Nagisa Oshima avec Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji (Japon-France, 1976, 109 mn). L’amour fou jusqu’au vertige des sens, l’aboutissement et sommet de l’œuvre du grand cinéaste japonais. Sur un arrière fond politique, Oshima tisse une relation par-delà tous les codes moraux. Un chef d’œuvre absolu.

HURLEMENTS EN FAVEUR DE SADE premier film de Guy Debord (France, 1952, 64 mn). « 1906 Voyage dans la lune, 1920 Le Cabinet du docteur Caligari, 1924 Entr’acte, 1926 Le Cuirassé Potemkine, 1928 Un Chien Andalou, 1931 Les Lumières de la ville, naissance de Guy-Ernest Debord, 1951 Traité de bave et d’éternité, 1952 L’anticonceptHurlements en faveur de Sade… (.) Il n’y a pas de film, le cinéma est mort. » Ecran noir et blanc, alternance de textes, de commentaires, d’impressions en off et de silence dans un dispositif anti spectaculaire hommage à la clairvoyance de Sade.

JUSTINE DE SADE de Jess Franco avec Klaus Kinski, Romina Power, Akim Tamiroff (USA – Italie, 1969, 90 mn) Moins sexuellement explicite que d’autres réalisations du cinéaste espagnol, Justine n’en est pas moins une  excellente adaptation de Sade. Le film est une charge virulente et des plus réjouissantes contre le clergé.  C’est la toute jeune fille de Tyrone Powell, Romina qui personnifie l’ingénue Justine et le démentiel Klaus Kinski qui incarne le Divin Marquis.

Marat Sade

MARAT/SADE de Peter Brook d’après la pièce de Peter Weiss avec Patrick Magee, Glenda Jackson, Ian Richardson (GB, 1967, 116 mn). A l’asile de Charenton, Sade met en scène l’assassinat de Marat. Entre théâtre et réalité, acteurs et fous à lier, le film brouille toutes les lignes de séparation. La plus impressionnante mise en scène cinématographique de Peter Brook. C’est l’acteur irlandais Patrick Magee qui incarne Sade, on le retrouvera dans les années 70 au générique de deux films de Stanley Kubrick, Orange Mécanique, l’écrivain victime d’Alex, et dans Barry Lyndon, le Chevalier de Balibari le mentor de Redmond Barry.

queen-kelly

QUEEN KELLY de Erich Von Stroheim avec Gloria Swanson, Walter Byron, Seena Owen. Kitty Kelly perd une petite culotte devant le prince Wolfram. Il tombe éperdument amoureux, mais le lendemain il doit prendre pour épouse la reine de son pays. L’innocence amoureuse indissociable de son pendant de cruauté. Œuvre mutilée du plus sadien des réalisateurs hollywoodiens (USA, 1928, 101 mn).

salo

SALO OU LES 120 JOURNEES DE SODOME  de Pier Paolo Pasolini avec Paolo Bonacelli, Giorgio Cataldi, Umberto Paolo Quintavalle, Aldo Valletti, Hélène Surgère (Italie-France, 1975, 116 mn) Italie, pendant la république de Salò, quatre notables enlèvent des jeunes filles et hommes pour les soumettre à leurs désirs. Chef d’œuvre d’une violence radicale inouïe; elle analyse des mécanismes d’un système politique, le fascisme, toujours autant d’actualité. Un chef d’œuvre dont on ne sort pas indemne et dernier film de Pasolini.

LA VIE CRIMINELLE D’ARCHIBALD DE LA CRUZ (Ensayo de un crimen) de Luis Buñuel avec Ernesto Alonso, Rita Macedo (Mexique, 1955, 100 mn). La pulsion meurtrière chez un bourgeois ou le pouvoir de l’imagination et son prolongement dans la réalité. Une formidable réussite parmi tant d’autres il est vrai dans l’œuvre de Buñuel.

le voyeur

LE VOYEUR (Peeping Tom) de Michael Powell avec Carl Boehm, Moira Shearer, Anna Massey (GB, 1960, 101 mn) Un jeune homme filme la peur sur le visage des jeunes femmes qu’il assassine à l’aide de sa caméra. Le voyeur fut durant de nombreuses années une œuvre maudite. Objet d’un énorme scandale au Royaume-Uni, la critique fut si virulente qu’elle condamna Michael Powell à une retraite forcée. Cette réflexion sur le pouvoir de fascination des images et la place du spectateur est en tous points passionnant.

 Affiche-Sade Attaquer le soleil

Cycle SADE AU CINEMA à l’auditorium du Musée d’Orsay du 14 au 30 novembre 2014 (horaires et projections :

Exposition SADE. ATTAQUER LE SOLEIL au Musée d’Orsay du 14 octobre 2014 au 25 janvier 2015.

Commissaire d’exposition Annie Le Brun

A lire : Catalogue d’exposition Sade. Attaquer le soleil. d’Annie Le Brun aux Editions Musée d’Orsay – Gallimard.