Le 70 mm a été conçu par un pionnier du cinéma italien Filoteo Alberini dans les années 30, mais c’est sous l’impulsion de Michael Todd que se format connaît un regain d’intérêt au milieu des années 50. Associé à la société American Optical Company, Michael Todd met au point des caméras et des projecteurs Todd-AO. Ce système utilise une pellicule de tournage 65 mm et 5 mm pour les 6 pistes magnétiques 3 couches de chaque côté de la pellicule pour obtenir en projection 70 mm. Pour Michael Todd, le cinéma devait être une expérience visuelle (par la dimension de l’écran), sonore (la stéréophonie) et culturelle (films historiques, scientifiques ou adaptations littéraires) – exceptionnelle. Cette volonté artistique était une réponse au développement de la télévision, en plein essor mais une volonté d’hégémonie technique sur le cinéma mondiale. Le coût de production étant si élevé que peu d’autres cinématographies pouvait rivaliser avec Hollywood. Le tour du monde en 80 jours est le premier film à répondre à ce cahier des charges. Adaptation luxueuse du roman de Jules Verne, avec une distribution internationale: David Niven, la superstar latino-américaine Cantinflas, Shirley MacLaine, mais aussi Fernandel, Martine Carol, John Gielgud, Marlène Dietrich et bien d’autres. Le film est présenté hors compétition à Cannes en 1957 et obtient 5 oscars dont celui du Meilleur film (dans la photo Michael Todd, Oscar du meilleur film pour le producteur, et sa femme Elizabeth Taylor).
Le 70 mm est sur orbite. Les salles s’équipent. Les projecteurs Todd-AO fabriqués par Philips équipent de plus en plus de salles à travers le monde et offrent la possibilité de pouvoir projeter aussi en 35 mm avec une qualité d’image optimale. De l’autre côté du rideau de fer, on décide aussi la production de films à grands spectacles en 70 mm.
La rétrospective de la Cinémathèque Française propose de redécouvrir 11 films emblématiques de ce format.
En ouverture
LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGT JOUR de Michael Anderson, directeur de la photographie Lionel Lindon, tourné en Todd-AO à 30 images/seconde en Technicolor, son 6 pistes magnétiques (USA, 1956, 167 mn).
2001, L’ODYSSEE DE L’ESPACE chef d’œuvre visionnaire de Stanley Kubrick, une des grandes dates de l’histoire du cinéma, directeur de la photographie Geoffrey Unsworth, tourné en SuperPanavision 70, Metrocolor, son 6 pistes. (USA – GB. 1968, 149 mn) Production MGM.
ANNA KARENINE adaptation de l’œuvre de Léon Tolstoï par Alexandre Zarkhi avec Tatiana Samoïlova (Véronika dans Quand passent les cigognes) dans le rôle-titre, directeur de la photographie Léonide Kalachnikov, tourné en Sovscope 70, Sovcolor, son 6 pistes magnétiques (URSS, 1967, 145 mn, production Mosfilm).
DERSOU OUZALA Chef d’œuvre d’Akira Kurosawa, directeurs de la photographie Asakazu Nakaï, Youri Gantman, Fiodor Dobronravov, tourné en décors naturels en Sovscope 70, Sovcolor, son 6 pistes magnétiques. (URSS – Japon, 1975, 141 mn), Grand Prix du Festival de Moscou et Oscar du meilleur film étranger 1976.
GOYA la vie du peintre Francisco Goya d’après le roman biographique de Lion Feuchwanger réalisé par Konrad Wolf. C’est l’acteur lituanien Donatas Banionis (dans la photo) remarquable dans le rôle du peintre espagnol. Tourné dans plusieurs pays d’Europe de l’Est en Sovscope 70, DEFA 70, Orwocolor, son 6 pistes magnétiques. (Allemagne de l’Est – URSS, 1971, 140 mn).
HELLO DOLLY ! Comédie musicale de Gene Kelly, directeur de la photographie Harry Stradling, Sr, tourné en Todd-AO, Eastmancolor, son 6 pistes magnétiques (USA, 1968, 146 mn). Production 20th Century Fox. Dans la photo Barbara Streisand et Gene Kelly lors du tournage d’une scène. Un des plus importants budgets de la fin des années 60. Production 20th Century Fox.
KHARTOUM film historique de Basil Dearden, directeur de la photographie Edward Scaife, tourné en UltraPanavision 70, Technicolor, son 6 pistes (GB. 1965, 134 mn). C’est le grand Charlton Heston qui incarne le Général Charles Gordon, héros de l’armée britannique, mort à Khartoum le 26 janvier 1885.
LORD JIM Adaptation de l’œuvre de Joseph Conrad par Richard Brooks, directeur de la photographie Freddie Young, tourné en SuperPanavision 70, Technicolor, son 6 pistes (USA – GB. 1965, 154 mn) Production Columbia Pictures. Le film fut un échec commercial. Dans la photo de tournage, Richard Brooks, au premier plan, et derrière lui à droite Freddie Young.
LA MÉLODIE DU BONHEUR comédie musicale d’une niaiserie désarmante de bons sentiments signée par Robert Wise, directeurs de la photographie Ted McCord et pour la séquence d’ouverture Paul Beeson, tourné en Todd-AO, DeLuxe, son 6 pistes magnétiques (USA, 1965, 174 mn), production 20th Century Fox. 5 oscars dont meilleur film et réalisateur en 1966. La Mélodie du Bonheur est l’un des plus grands succès de l’histoire du cinéma américain, avec Julie Andrews et Christopher Plummer (dans la photo).
PATTON Biopic dominé par l’extraordinaire prestation de George C. Scott, réalisation de l’auteur de » La planète des singes », Franklin J. Schaffner, chef opérateur Fred J. Koenekamp, tourné en Dimension 150, Eastmancolor, son 6 pistes (USA, 1970, 174 mn), 7 Oscars en 1971 dont film, acteur, réalisateur et scénario (Francis Ford Coppola et Edmund H. North). George C. Scott, opposé à toute sorte de compétition entre acteurs, refusa son Oscar. Production 20th Century Fox.
THE MASTER de Paul Thomas Anderson, directeur de la photographie Mihai Malaimare Jr, tourné en SuperPanavision 70, Eastmancolor, son 6 pistes DTS (USA. 2012, 144 mn), production Annapurna Pictures. Lion d’argent du meilleur réalisateur et double prix d’interprétation (Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix) à la Mostra de Venise en 2012.
Rétrospective Le cinéma en 70 mm à la Cinémathèque Française du 13 au 30 juin 2104. Horaires sur le site de la Cinémathèque Française.