En fin de compte, la carrière de René Clément est des plus étrange, cinéaste de la commande, cet ex-architecte réussit dans le cadre d’un cinéma commercial une œuvre d’artisan, témoin de son temps. Du 5 juin au 1er juillet 2013, la Cinémathèque Française organise une rétrospective intégrale. Assistant de Jacques Tati et conseiller technique de Jean Cocteau sur La Belle et la Bête, il réalise son premier long-métrage La Bataille du Rail en 1945. Premier film et première commande, celle-ci émanait de la Coopérative générale du film français. Le film est un succès populaire et une réussite. Noël-Noël lui propose la réalisation du Père tranquille (1946), autre succès populaire. L’Occupation, l’exode et la résistance resteront les sujets de prédilection de René Clément, jusqu’à Paris brule-t-il ?, commande du Général De Gaulle que la Paramount produira, sorte de mise en image de l’histoire officielle et destinée à préparer les élections de 1967.
L’autre versant de Clément est le thriller psychologique, ce qui lui vaudra surnom du « Hitchcock français » par la presse américaine. Plein Soleil (1959), adaptation du roman de Patricia Highsmith par Clément et Paul Gegauff, est le premier film avec en vedette d’Alain Delon. Suivront dans cette veine, Les félins (1963) avec Alain Delon et Jane Fonda, Le Passager de la pluie (1969) avec Charles Bronson et Marlène Jobert, La course du lièvre à travers les champs (1971) avec Robert Ryan et Jean-Louis Trintignant d’après le roman de David Goodis, La maison sous les arbres (1971) avec Faye Dunaway et Frank Langella jusqu’à son dernier film en 1975, La Baby-Sitter avec Sydne Rome, Maria Schneider et Robert Vaughn. Son meilleur film, et peut-être le plus personnel, reste Monsieur Ripois, réalisé en 1953 avec un excellent Gérard Philipe. Cinéaste de films à gros budget à vedettes, il est produit par les frères Hakim, Carlo Ponti, Serge Silberman, Dino de Laurentiis, Robert Dorfmann, c’est-à-dire les plus importants producteurs des années 60-70. Cinéaste reconnu par ses pairs, il a obtenu par deux fois l’Oscar du meilleur film étranger, en 1951 avec Au-delà des grilles et en 1953 avec Jeux interdits.
Fernand Garcia
René Clément – Rétrospective du 5 juin au 1er juiller 2013 à la Cinémathèque Française. Table ronde le 8 juin à 14h30, « René Clément, un cinéaste « maudit » ?, animée par Bernard Benoliel avec Denitza Bantcheva, Costa-Gavras, Noël Herpe et Sylvie Lindeperg.