La Section « Pedro Costa», propose les restaurations récentes des trois premiers longs métrages de Pedro Costa, dont le déchirant Ossos. La projection d’Ossos sera suivi d’un dialogue avec le cinéaste portugais.
Né le 3 mars 1959 à Lisbonne, c’est après avoir abandonné ses études d’Histoire de l’université de Lisbonne que Pedro Costa décide de se tourner vers le cinéma. Il s’inscrit au cours de montage et de réalisation de l’Escola Superior de Teatro e Cinema (l’Ecole supérieure de théâtre et de Cinéma du Conservatoire National de Lisbonne). Il travaille ensuite comme assistant directeur sur plusieurs films nationaux, et se lance en 1987 dans la réalisation de son premier court métrage, Cartas a Julia, suivi par la réalisation d’une série pour enfants pour la télévision portugaise. Influencé par le cinéma de Friedrich-Wilhelm Murnau, en 1989, il signe son premier long métrage, Le Sang (O Sangue), un drame qui sera encensé par la critique. En 1994, Casa de Lava confirme le talent du réalisateur qui dévoile les caractéristiques de son travail : un esthétisme proche du maniérisme, des noirs et blancs nuancés et très travaillés, des thèmes récurrents tels que le sordide ou les marginaux, avec toujours une certaine volonté de les sublimer. Son goût pour le sang et la violence froide se retrouve dans Ossos (1997), son troisième long métrage qui traite de l’enfance malheureuse. Comme un héritage du cinéma muet, à travers une forme quasi-documentaire, son style marque un retour au cinéma des origines.
Le Sang (O Sangue, 1989) de Pedro Costa – 98 min – Avec Pedro Hestnes, Nuno Ferreira, Inês de Medeiros, Luis Miguel Cintra…
Dans la banlieue de Lisbonne, entre Noël et le Jour de l’an, deux enfants gardent le secret sur les absences répétées de leur père. À force de vouloir survivre à leur secret, ils finissent par se perdre.
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Les débuts vertigineux du cinéaste portugais, entre mélodrame nocturne et fable lyrique. Autour du secret de deux frères, lié à l’absence de leur père, Pedro Costa montre son amour du cinéma, tout en inventant une mise en scène singulière, dans un noir et blanc qui tantôt brûle, tantôt éclipse des personnages à la beauté crépusculaire. Un baptême du feu éblouissant. Restauration par la Cinemateca Portuguesa, Museu do Cinema / ANIM, approuvée par Pedro Costa.
Casa de Lava (1994) de Pedro Costa – 110 min – Avec Isaach de Bankolé, Inês de Medeiros, Édith Scob…
En cherchant à sortir son compagnon d’un cercle infernal, une jeune femme l’entraîne encore plus loin vers la mort.
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Après Le Sang, Pedro Costa part pour le Cap-Vert, où il projette de revisiter le joyau fantastique de Jacques Tourneur, Vaudou. Happé par la puissance brute des paysages, des sons, des textures, le cinéaste imagine un autre scénario : l’histoire d’une infirmière portugaise qui raccompagne un ouvrier capverdien, dans le coma, sur son île natale. Une trame dépouillée qui cache une œuvre incandescente, au croisement de l’anthropologie et du rêve. Casa de Lava a été présenté dans la section Un certain Regard au Festival de Cannes 1994. Restauration par la Cinemateca Portuguesa, Museu do Cinema / ANIM, approuvée par Pedro Costa.
Ossos (1997) de Pedro Costa – 94 min – Avec Vanda Duarte, Nuno Vaz, Mariya Lipkina, Inês de Medeiros…
L’errance dramatique d’un couple et d’un bébé dans les rues d’un quartier pauvre de Lisbonne.
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« J’ai commencé à y passer des journées, à traîner, boire, parler. Ça m’a beaucoup plu, ces choses que je devinais chez ces capverdiens [à Fontainhas], quelque chose de très concret et en même temps de très mystérieux : une espèce de tristesse, qui n’était pas loin, sûrement, de la mienne… Je me suis dit : peut-être qu’il y a quelque chose à faire ici, puisque j’y trouve un accord avec ma sensibilité et qu’en plus plastiquement, ça me plaît beaucoup. Mais davantage que les couleurs, les espaces et les sons, il y avait la force un peu désespérée de ce groupe de gens très en marge, très perdus, très misérables et très invisibles. » Pedro Costa.
Ossos est le premier des trois films tournés à Fontainhas, quartier pauvre de la banlieue de Lisbonne. Avec le parcours dramatique de deux jeunes parents et de leur bébé se dessine le portrait de Vanda, habitante du bidonville, témoin de la détresse d’une communauté dévastée, et figure centrale dans l’œuvre suivante, Dans la chambre de Vanda. Ossos a été présenté à la Mostra de Venise 1997. Restauration par la Cinemateca Portuguesa, Museu do Cinema / ANIM, approuvée par Pedro Costa.
Un dialogue avec Pedro Costa aura lieu à l’issue de la projection du film Ossos le samedi 8 mars à 19h30 à la Cinémathèque française.
Le Festival de la Cinémathèque (ex « Toute la mémoire du monde »), le Festival international du film restauré fête ses 12 ans avec une riche sélection de restaurations prestigieuses accompagnées d’un impressionnant programme de rencontres, de ciné-concerts et de conférences.
Moment privilégié de réflexion, d’échange et de partage qui met l’accent sur les grandes questions techniques et éthiques qui préoccupent cinémathèques, archives et laboratoires techniques mais aussi, bien évidemment (on l’espère encore !), éditeurs, distributeurs, exploitants et cinéphiles, le Festival de la Cinémathèque, né dans le contexte de basculement du cinéma dans l’ère du numérique, propose une fois de plus, cette année encore, une programmation exceptionnelle en donnant à voir aux spectateurs les chefs d’œuvre comme les œuvres moins connues (curiosités, raretés et autres incunables) du patrimoine du cinéma. Avec toujours un élargissement « Hors les murs » dans différentes salles partenaires de la manifestation à Paris et banlieue parisienne, puis, dans la continuité du festival francilien, en partenariat avec l’ADRC (Agence nationale pour le développement du cinéma en régions), plusieurs films qui tourneront après le festival dans des cinémas en régions, pour sa douzième édition, le Festival International du film restauré, renommé depuis l’année dernière « Festival de la Cinémathèque », s’affirme comme étant l’immanquable rendez-vous dédié à la célébration et à la découverte du patrimoine cinématographique mondial.
Créé par La Cinémathèque française en partenariat avec le Fonds Culturel Franco-Américain et Kodak, et avec le soutien de ses partenaires institutionnels et les ayants droit essentiels aux questions de patrimoine, ce festival est incontournable pour les cinéphiles passionnés, les amoureux du patrimoine cinématographique, les archivistes, les historiens, les chercheurs et autres curieux. Riche et foisonnante, la programmation du festival nous propose un panorama très éclectique des plus belles restaurations réalisées à travers le monde et salue ainsi non seulement le travail quotidien des équipes des différentes institutions, mais nous fait également prendre toute la mesure de la richesse incommensurable de cet Art qui n’a de cesse de témoigner tout en se réinventant tout le temps.
Cinq jours durant, dans 9 cinémas (La Cinémathèque française, La Filmothèque du Quartier Latin, Le Christine Cinéma Club, L’Ecole Cinéma Club, La Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, L’Archipel, L’Alcazar, Le Vincennes et Le Centre Wallonie-Bruxelles) le Festival de la Cinémathèque propose cette année encore, près d’une centaine de séances de films rares et/ou restaurés présentés par de nombreux invités et répartis en différentes sections pour célébrer le cinéma de patrimoine et fêter en beauté son douzième anniversaire.
Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous à La Cinémathèque française et dans les salles partenaires du festival du 5 au 9 mars.
Steve Le Nedelec
Festival de la Cinémathèque : Sans la connaissance de notre passé, notre futur n’a aucun avenir. C’est pourquoi le passé est un présent pour demain.
Festival de la Cinémathèque – 12ème édition – Festival International du Film Restauré – Du 5 au 9 mars 2025 à La Cinémathèque Française et « Hors les murs ».
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