Amrit Rathod (Lakshya) est membre d’un commando des forces spéciales, sa petite amie depuis quatre ans, Tulika (Tanya Maniktala), fille de Baldeo Singh Thakur (Harsh Chhaya) d’un riche magnat des affaires, est pourtant promisse à un autre homme. Amrit retrouve Tulika, le jour de ses fiançailles et la supplie de s’enfuir avec lui, mais elle refuse. Le lendemain, Tulika et sa famille montent à bord du train express de Ranchi à New Delhi. Amrit décide de la suivre en cachette, avec un camarade, Viresh (Abhishek Chauban). A bord, un groupe de voleurs armés, sous les ordres de Fani (Raghav Juyal) s’apprête à dépouiller les voyageurs des premières classes…
Kill est un film d’action, de baston pour ceux qui aiment la nuance. Dans cette catégorie, le film de Nikhil Nagesh Bhat est un must, un clou de plus dans le cercueil du cinéma d’action américain. Nouvelle preuve que l’Asie a depuis des années régénéré le cinéma de genre avec panache. Pourtant, le marché occidental reste sous la domination « historique » du cinéma de l’Oncle Sam. Les salles ne s’ouvrent qu’avec parcimonie aux blockbusters, coréens, chinois ou japonais, leur préférant les films d’auteurs mondialisés, coproduits par l’Europe, loin du cinéma de genre. Mais la situation change petit à petit avec les succès surprises de RRR ou de Godzilla Minus One, récompensés par un Oscar, le premier pour la chanson, le second pour les effets spéciaux, une première.
Kill se déroule quasi intégralement à l’intérieur de l’express à destination New Delhi. La jeune Tulika retrouve Amrit en cachette de sa famille et surtout de son père. Pendant ce temps un gang de voleurs d’une quarantaine de sales gueules dirigé par Viresh, un jeune chien, s’empare des wagons des classes supérieurs. La rencontre entre les deux des commandos et le gang va être explosive. Le film se découpe clairement en deux parties, une première romantique, roucoulement et gentillesse, avec cet amour contrarié entre les deux jeunes amoureux dans une étonnante demande avec bague de fiançailles dans les toilettes du train. Nous sommes dans le classicisme du cinéma indien, c’est-à-dire celui des sentiments. Et puis tout éclate dans la deuxième partie, après un acte tellement surprenant, immoral et si impardonnable que l’image se fige sur un arrêt sur image où éclate le titre Kill. Le choc est total !
Amrit, le héros se métamorphose en machine à tuer dans un déchaînement monstrueux de violence. Viresh, le méchant, petite frappe de la pire espèce, en est presque doux en comparaison. Une violence alimenté par un désir de de revanche exacerbé par les liens familiaux. La riche famille des Singh d’un côte, la famille des pauvres voleurs de l’autre. Une lutte à mort de wagon en wagon où le moindre recoin est utiliser dans un combat titanesque. L’aspect sirupeux du début se dissous totalement dans le fracas des os brisés et les éclaboussures de sang.Un engrenage infernal d’ultraviolence que rien n’arrête dans un emballement plus fou que celui du train.
Nikhil Nagesh Bhat réalise un Revenge Movie virtuose. Il pousse les potentiomètres au rouge et c’est absolument jouissif. Le challenge n’était pas gagné d’avance avec des scènes de bagarres uniquement dans l’espace confiné du train. Nagesh Bhat ne manque pas d’imagination pour filmer ses bastons dans les couloirs, compartiments, couchettes. Il utilise tout ce qui se trouve à portée de main, extincteur, portes métalliques qui séparent les wagons, etc. sans jamais devenir répétitif. C’est comme si les célèbres scènes de L’espion qui m’aimait (The Spy Who Loved Me, 1977), de la bagarre entre 007 et Requin (Jaws) dans un compartiment et celle des coups de marteau d’Old Boy (2003), étaient démultipliées à l’infini. La réussite de Kill vient de la mise en scène, les bastons sont chorégraphies comme des scènes de danse, avec le soutien d’une formidable colonne musicale et des effets sonores impressionnants. Dans le flot d’ultra-violence se glisse des touches d’humour comme les policiers qui dorment dans les wagons de queue. L’intelligence du film est de surprendre le spectateur et de réussir son happy-end, un pied de l’au-delà. Étonnant, mais conforme aux standards romantiques de Bollywood. Kill a fait un carton en Inde et sort dans de nombreux pays occidentaux, quant aux droits de remake, ils sont déjà entre les mains des producteurs Hollywoodiens. Une réussite impressionnante et exaltante.
Fernand Garcia
Kill, un film de Nikhil Nagesh Bhat avec Lakshya, Raghav Juyal, Tanya Maniktala, Abhishek Chauhan, Ashish Vidyarthi, Adrija Sinha, Pratap Verma, Harsh Chhaya… Scénario : Nikhil Nagesh Bhat. Dialogue : Ayesha Syed. Directeur de la photographie: Rafey Mehmood. Décors : Mayur Sharma. Costumes : Rohit Chaturvedi. Musique : Haroon-Gavin, Vikram Montrose, Shashwat Sachdev. Producteurs : Achin Jain, Hiroo Johar, Karan Johar, Apoorva Mehta, Guneet Monga Kapoor. Production : Sikhya Entertainment – Dharma Productions, Distribution (France) : Originals Factory (sortie le 11 septembre 2024). Inde. 2023. 105 mn. Format image : 2.39:1. Son : Dolby Atmos. Dolby Digital. Interdit aux moins de 16 ans.