Rendez-vous incontournable des écoles de cinéma du monde entier depuis son inauguration en 1998, la Cinéfondation à pour but de préparer le relève d’une nouvelle générations de cinéastes. Dimitra Karya, directrice de la sélection de la Cinéfondation, évoque avec nous l’édition 2013.
KinoScript : Quelles sont les tendances de la sélection de 2013 ?
Dimitra Karya : La Cinéfondation est toujours soucieuse d’exposer la diversité de l’enseignement du cinéma dans le monde. Cette année le tiers du programme provient d’écoles invitées pour la toute première fois. Et c’est aussi la première fois qu’une école chilienne est en sélection. On peut également constater que l’Europe Centrale et Orientale est fortement représentée avec 5 films (Pologne, République Tchèque – 2 films, Roumanie, Russie). Par ailleurs, 7 des 18 cinéastes de cette édition sont des femmes. En ce qui concerne la thématique, le tiers des films de cette année est en lien avec l’imaginaire : fable surréaliste, adaptations de contes populaires et autres histoires transcendant le réel, en animation ou fiction.
KS : Avez-vous des critères de sélection ?
D.K. : Le critère majeur reste le même : la découverte de jeunes réalisateurs doués, prêts à échapper à la voie conventionnelle. On ne cherche absolument pas des exercices de style ou de virtuosité technique. S’agissant de films d’école, ils peuvent avoir des faiblesses, mais doivent témoigner d’un ton personnel qui les fait sortir du lot des films bien fabriqués mais sans âme.
KS : N’est-il pas difficile de mettre en compétition des films de fiction et des films d’animation ?
D.K. : Les programmes sont mixtes, mais en effet, la fiction est au centre de la Cinéfondation, à l’image du festival de Cannes. Il arrive cependant qu’un film d’animation soit suffisamment brillant pour convaincre le jury de lui donner un prix. Cette année nous allons montrer 4 animations sur 18 films. Le maintien et le mélange des deux genres nous paraissent d’autant plus importants que la frontière entre les deux est parfois transgressée donnant naissance à des œuvres hybrides.
KS : 277 écoles de cinéma ont proposés des films, y a-t-il des pays où l’enseignement vous semble plus performant ?
D.K. : Si par performant on entend un enseignement de haut niveau qui encourage parallèlement une liberté et diversité d’expression, on peut citer quelques pays dont la qualité de la production annuelle est étonnante : en premier lieu les États-Unis, mais aussi la France, Israël, la Corée du Sud et le Royaume-Uni. Parmi les références traditionnelles souvent représentées à la Cinéfondation se trouvent la République Tchèque, la Pologne, la Russie, l’Argentine, la Belgique, mais aussi l’Allemagne, le Brésil, la Finlande, le Danemark, la Roumanie, la Serbie, le Japon… Il est également essentiel de parler d’écoles et non pas uniquement de pays car, à titre d’exemple, les États-Unis nous soumettent les meilleurs mais aussi les pires des films d’étudiants. Il faut également souligner que les performances des écoles fluctuent dans le temps. La bonne nouvelle est que malgré tout, nous arrivons à être agréablement surpris tous les ans, en élargissant notre spectre des écoles invitées.
KS : La réalisatrice Jane Campion succède à Jean-Pierre Dardenne, comme présidente du Jury, comment s’effectue le choix d’un jury ?
D.K. : En règle générale le président du jury est un réalisateur ou une réalisatrice de renom. Il n’est pas toujours facile pour les organisateurs du festival d’en trouver un. Soit ils sont pris par la préparation de leur projet ou sont en train de tourner ou monter leur film, soit ils soumettent leur film au festival de Cannes et par conséquent risquent d’être sélectionnés. Il y en a qui déclinent l’invitation car ils ne sont pas à l’aise avec la position du ‘juge’. Une fois que la présidence est assurée, les organisateurs invitent les autres 4 membres du jury, très souvent réalisateurs/trices ou acteurs/trices. Jean-Pierre Dardenne a été un excellent président l’année dernière, menant sa mission avec beaucoup d’intelligence et de générosité. Nous avons hâte d’accueillir la première Présidente du jury de la Cinéfondation et des Courts métrages, Jane Campion.
Propos recueillis par Rita Bukauskaite.