La Section Hommage à André S. Labarthe, propose des portraits de cinéastes au travail, un essai sur la couleur et le rarissime L’Homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours.
Après des études universitaires en philosophie, André S. Labarthe commence sa carrière de critique cinématographique dans les années cinquante. Le jeune homme dont la cinéphilie était avant tout imaginaire (il a commencé par lire sur le cinéma avant de voir des films) rencontre André Bazin lors d’une projection. Séduit par son regard critique, le théoricien le sollicite pour rejoindre la rédaction des Cahiers du cinéma, revue qu’il a cofondée en 1951.
À l’instar de ses collaborateurs, Labarthe préfère le cinéma qui fait « travailler » le spectateur et est de ce fait un grand admirateur de Michelangelo Antonioni, même s’il partage avec ses confrères une même admiration pour des auteurs comme Howard Hawks ou John Ford.
André S. Labarthe passe à la réalisation et à la production quand il démarre avec Janine Bazin la série Cinéastes de notre temps de 1964 à 1970, une collection de portraits d’une durée de 52 minutes portant sur des cinéastes réputés et dont le premier est consacré à Luis Buñuel. Parallèlement, il collabore à l’émission Cinéma Cinémas de 1982 à 1987 ainsi qu’à de nombreux magazines consacrés à la danse, à la peinture, au théâtre ou encore à la littérature.
En 1990, André S. Labarthe remet en chantier sa collection de portraits de cinéastes renommée Cinéma, de notre temps. Elle comprend la restauration de films de la première série et de nouvelles réalisations.
ADIEU RITA de André S. Labarthe (1987) – 5 mn –
Une critique acerbe de la médiatisation du Festival de Cannes et du cinéma, au moment de la disparition de l’actrice Rita Hayworth.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas. Numérisation et restauration par l’INA à partir d’un enregistrement vidéo 1 pouce B.
LE DINOSAURE ET LE BEBE de André S. Labarthe (1967) – 60 mn – Avec Jean-Luc Godard, Fritz Lang.
Les questions improvisées du « bébé » français, Godard, au « dinosaure » allemand, Lang. Rencontre entre deux âges du cinémas, fascinés l’un par l’autre.
En 1965, Jean-Luc Godard a déjà réalisé un peu moins d’une dizaine de films et sait parfaitement qu’il est déjà entré dans l’histoire du cinéma. Mais devant la caméra de Labarthe, Godard reste humble face à Fritz Lang, qui a commencé sa carrière en 1919, et demande qu’on l’appelle « dinosaure ».
Épisode de la collection Cinéastes de notre temps. Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir du marron 16 mm noir et blanc et d’un son magnétique séparé.
ANTONIONI, LA DERNIERE SEQUENCE de André S. Labarthe (1985) – 14 mn – Avec Michelangelo Antonioni.
À la table de montage, Michelangelo Antonioni commente la célèbre dernière séquence de son film Profession : reporter.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
ARTHUR PENN, LA DERNIERE SEQUENCE de André S. Labarthe (1985) – 10 mn – Avec Arthur Penn.
Arthur Penn, à la table de montage, commente la dernière séquence de Bonnie and Clyde.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
JOHN CASSAVETES (HOLLYWOOD 1965, PARIS 1968) de Hubert Knapp et André S. Labarthe (1998) – 50 mn – Avec John Cassavetes.
Deux rencontres improvisées avec John Cassavetes à Hollywood en 1965, alors qu’il va devenir le chef de file du jeune cinéma indépendant américain, et à Paris en 1968, pour la sortie de Faces.
En 1965, André S. Labarthe et Hubert Knapp sont à Los Angeles pour filmer les derniers survivants du cinéma classique. En aparté, Labarthe décide de parier sur un jeune acteur qui, en tant que cinéaste, a déjà une merveille à son actif : Shadows. Fait en totale liberté et indépendance, son nouveau film, Faces, sera un nouveau départ.
Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur, et d’un son magnétique séparé.
CLAUDE CHABROL A LA TABLE de André S. Labarthe (1985) – 15 mn – Avec Claude Chabrol.
André S. Labarthe invite Claude Chabrol à la table de montage, pour analyser plan par plan son film Les Bonnes Femmes.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
FULLER A LA TABLE de Claude Ventura et André S. Labarthe (1982) – 11 mn – Avec Samuel Fuller.
André S. Labarthe invite Samuel Fuller à la table de montage pour analyser plan par plan son film Le Port de la drogue.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
SAMUEL FULLER, INDEPENDANT FILMMAKER de André S. Labarthe (1967) – 68 mn – Avec Samuel Fuller.
Cinéaste de la violence, Samuel Fuller raconte en vingt-trois chapitres une histoire américaine, avec la sécheresse qui caractérise son cinéma.
« Si je veux manger du poisson, je ne veux pas que vous me disiez de manger du poisson ! » C’est avec cette déclaration que Samuel Fuller, posté derrière sa machine à écrire Royal, donne le ton de ce troisième portrait de cinéastes américains de la série Cinéastes de notre temps. Filmé sur une journée dans son appartement parisien où il travaille sur le projet avorté des Fleurs du mal avec Noël Burch, à l’image de la forme même de son cinéma, le film de Labarthe saisit la parole à la fois tendue et implacable de Fuller.
Épisode de la collection Cinéastes de notre temps. Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur, et d’un son magnétique séparé.
DENEUVE, REVUE DE DETAILS de André S. Labarthe (1984) – 7 mn – Avec Catherine Deneuve.
Catherine Deneuve commente des passages de L’Ève future de Villiers de l’Isle-Adam.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas. Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur et d’un son magnétique séparé.
TAXI DRIVER MIS EN PIECES PAR MARTIN SCORSESE (Taxi Driver broken Down by Martin Scorsese) de André S. Labarthe (1995) – 30 mn – Avec Martin Scorsese.
Martin Scorsese, à la table de montage, commente la dernière bobine de Taxi Driver.
JEAN-PIERRE MELVILLE : PORTRAIT EN NEUF POSES de André S. Labarthe (1970) – 52 mn – Avec Jean-Pierre Melville.
Portrait en neuf chapitres, qui sont autant de facettes du cinéaste. Les entretiens sont illustrés d’extraits de ses films les plus célèbres.
En 1971, comme s’il marchait dans les cendres d’un certain cinéma, toujours très affecté, Jean-Pierre Melville montre à Labarthe ce qu’il reste de son studio de la rue Jenner, détruit par un incendie en juin 1967 pendant le tournage du Samouraï.
Épisode de la collection Cinéastes de notre temps. Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur, et d’un son magnétique séparé.
FRANJU, L’AVION ET LA DS de André S. Labarthe (1987) – 9 mn – Avec Georges Franju.
À la table de montage, Georges Franju, commente deux séquences de son film, Les Yeux sans visage.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
SKOLIMOWSKI A LA TABLE de André S. Labarthe (1990) – 10 mn – Avec Jerzy Skolimowski.
André S. Labarthe invite Jerzy Skolimowski à la table de montage, pour analyser plan par plan son film Walkower.
Épisode de l’émission Cinéma, cinémas.
BLEU COMME UNE ORANGE de André S. Labarthe (1968) – 58 mn – Avec Pierre Soulages, Andy Warhol, Brassaï, William Klein.
Documentaire sur l’utilisation de la couleur et du noir et blanc dans les arts contemporains à travers neuf artistes.
Parce qu’il n’est pas consacré à un auteur, mais à une question esthétique, la couleur, Bleu comme une orange est un épisode plus méconnu de la série Cinéastes de notre temps. Pour son documentaire Labarthe fait appel à des peintres (Soulages, Warhol), à des photographes (Brassaï), à un décorateur (Trauner) et à des cinéastes.
Épisode de la série Cinéastes de notre temps. Numérisation et restauration par l’INA en 2K à partir des éléments originaux inversibles 16 mm couleur, et d’un son magnétique séparé.
L’HOMME QUI A VU L’HOMME QUI A VU L’OURS de André S. Labarthe (1987) – 106 mn – Avec László Szabó, Ágnes Bánfalvy, Peter Bogdanovich, Henry Jaglom.
Un cinéaste hongrois enquête sur les traces que Welles a laissées à Hollywood, maintenant l’ambiguïté entre le vrai et le faux.
Janine Bazin et André S. Labarthe ont longuement espéré pouvoir réaliser un numéro de Cinéastes de notre temps consacré à Orson Welles. L’idée était de poursuivre Welles de lieu en lieu, là où il avait l’habitude de résider, et de le retrouver à la fin de cette enquête pour une longue interview sur ses films. Mais Welles meurt en 1985 et Labarthe doit relever le défi : réaliser un film sur Welles, mais sans Welles.
« Pendant quinze ans, Janine Bazin et moi avons couru après un Orson Welles insaisissable que nous ne parvenions à localiser puis à sédentariser autour d’une table de restaurant que pour le voir s’enfuir en nous faisant la promesse que la prochaine fois… En dépit des interventions de Melville et de Truffaut il n’y a pas eu de prochaine fois. Il n’y a donc pas eu de Cinéma, de notre temps consacré à Orson Welles. Lorsqu’il meurt en 1985, j’ai pensé que cette fois il ne pourrait plus m’échapper. Mais je me heurtais à un dernier tour de prestidigitation : il s’était fait incinérer. » André S. Labarthe.
Restauration par la Cinémathèque française, en collaboration avec Documentaire sur grand écran et Danielle Labarthe. Travaux de restauration image et son menés au laboratoire Lobster Films à partir du négatif original 16 mm et au Studio L. E. Diapason à partir de la bande magnétique 16 mm. Étalonnage réalisé par François Ede, avec la collaboration du chef opérateur du film, Jacques Audrain.
Cinq jours durant, dans 8 cinémas (La Cinémathèque française, La Filmothèque du Quartier Latin, Le Méliès, La Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, L’Archipel, L’Alcazar, Le Vincennes et Le Reflet Médicis) le festival « Toute la mémoire du monde » propose cette année encore, près d’une centaine de séances de films rares et/ou restaurés présentés par de nombreux invités et répartis en différentes sections pour célébrer le cinéma de patrimoine et fêter en beauté son dixième anniversaire.
Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous à La Cinémathèque française et dans les salles partenaires du festival Toute la Mémoire du Monde du 8 au 12 mars.
Steve Le Nedelec