La section This Is England ! Hommage au British Film Institute, propose cinq restaurations récentes du British Film Institute, parmi lesquelles des films de Mike Leigh et de Ken Russell :
FRIENDSHIP’S DEATH de Peter Wollen (1987) – 72 mn – Avec Tilda Swinton, Bill Paterson, Patrick Bauchau…
Dans les années 1970, une androïde extraterrestre, envoyée sur Terre pour une mission pacifiste, atterrit par erreur en plein conflit palestinien. Elle y rencontre un journaliste écossais, avec qui elle entame une grande conversation spirituelle.
Théoricien et professeur de cinéma, Peter Wollen s’est tout d’abord illustré dans l’écriture d’ouvrages essentiels de la cinéphilie britannique tels que Signs and Meaning in the Cinema en 1969. Coscénariste de Profession : reporter, il a également réalisé six films avec sa femme, Laura Mulvey, avant de réaliser son unique long métrage, Friendship’s Death. Dans cet inclassable mélange des genres, il imagine la rencontre entre un androïde messager de paix et un journaliste sarcastique, usé par le monde qui l’entoure. Au cœur d’une chambre d’hôtel érigée en refuge, les deux protagonistes vont se livrer à une suite de discussions philosophiques et politiques, où ils partagent leur propre vision du rapport à l’autre. Avec une mise en scène minimaliste et une photographie signée Witold Stok, collaborateur de Krzysztof Kieślowski, Peter Wollen évoque les thématiques présentes de ses différents écrits.
Restauration d’après le négatif couleur 16 mm d’origine, et la piste son 35 mm. Nouvel étalonnage des couleurs supervisé par le directeur de la photographie Witold Stok.
LOVE de Ken Russell (1969) – 130 mn – Avec Alan Bates, Oliver Reed, Glenda Jackson…
Dans les années 1920, Gerard et Rupert, deux industriels miniers de la bourgeoisie britannique, tombent amoureux de deux sœurs, émancipées et indépendantes. Mais ce quatuor se retrouve bientôt en pleine confusion sentimentale.
Ken Russell se lance dans le cinéma en 1956 avec un premier court métrage, Peepshow, puis travaille principalement comme documentariste à la télévision. Love, son troisième long métrage de fiction, est l’adaptation du roman Femmes amoureuses (Women in Love) de D. H. Lawrence, publié en 1920. Les droits de l’ouvrage, qui avait fait scandale à sa publication, avaient été achetés par le scénariste américain Larry Kramer et United Artists souhaitait le produire. Ken Russell n’a rejoint le projet du film que tardivement, après que d’autres réalisateurs en aient été écartés. Afin de rester plus fidèle à l’esprit du livre, le cinéaste va reprendre le scénario et réécrire certaines scènes clés du livre.
Restauration d’après la copie et le master son d’origine conservés par MGM, avec le soutien de Simon Hessel. Étalonnage supervisé par le directeur de la photographie Billy Williams, d’après la copie originale Technicolor déposée par ses soins au BFI.
NAKED de Mike Leigh (1993) – 126 mn – Avec David Thewlis, Greg Crutwell, Lesley Sharp, Katrin Cartlidge…
Johnny doit fuir Manchester après avoir violé une femme. Il se réfugie dans l’Est de Londres, chez son ancienne petite-amie, et entame une longue errance dans les rues de la ville, pleine de sombres rencontres.
Après un premier film, Bleak Moments, en 1971, Mike Leigh passe une quinzaine d’années à réaliser des séries et des téléfilms avant de revenir au cinéma avec High Hopes (1988) et Life is Sweet (1990), comédies dramatiques réalistes qui se concentrent sur la cellule familiale. Naked, comédie à la fois grinçante et violente, à l’esthétique réaliste blafarde, qui, avec sa vision cauchemardesque de l’Angleterre de Thatcher, opère un tournant sombre dans la carrière du cinéaste.
Restauration sous la supervision du directeur de la photographie Dick Pope, et approuvée par Mike Leigh, d’après le négatif et la piste magnétique d’origine, prêtés par Channel 4. L’étalonnage des couleurs reproduit le procédé de la copie originale, conservée au BFI.
NE PAS AVALER (Nil by mouth, 1997) de Gary Oldman – 128 mn – Avec Ray Winstone, Kathy Burke, Charlie Creed-Miles…
L’histoire d’une famille ordinaire dans un quartier ouvrier de l’Est de Londres, où Raymond, père de famille alcoolique et violent, voit peu à peu ses relations avec ses proches s’effriter.
Après s’être travesti en Joe Orton chez Stephen Frears (Prick Up Your Ears, 1987), en comte Dracula chez Coppola (1992) et en horribles méchants chez Luc Besson (Léon, 1994 ; Le Cinquième Élément, 1997), Gary Oldman se met à nu pour sa première réalisation. Il signe également le scénario du film qui est le portrait sombre et sans fard de sa propre famille dysfonctionnelle dans la banlieue Sud de Londres. Nil by mouth raconte la descente aux enfers d’une famille déchirée par l’alcool, la drogue et la violence de Ray, le père de famille, réplique de son propre père à qui le film est dédié. Portée à l’épaule, la caméra participe à la mise en scène nerveuse et sans concession du film qui s’apparente dans sa forme à un documentaire. Salué par la critique, Nil by mouth a été sélectionné à Cannes en 1997 et la comédienne Kathy Burke a remporté le Prix d’interprétation féminine. Classique du cinéma anglais, Nil by mouth est dans la droite lignée des films des plus grands maîtres du réalisme social (Stephen Frears, Mike Leigh, Ken Loach).
Restauration à l’occasion du 25e anniversaire du film, avec le soutien de Simon et Harley Hessel, à partir du négatif Super 16 mm et de la piste son 35 mm, prêtés par Sony Pictures Classics. Nouveau format 1,66 :1, étalonnage effectué à partir d’un tirage récent et approuvé par Gary Oldman.
LA VIE PRIVEE D’HENRY VIII (The Private life of Henry VIII, 1933) d’Alexander Korda – 96 mn – Avec Charles Laughton, Robert Donat, Merle Oberon, Elsa Lanchester…
Au XVIe siècle, à la cour d’Angleterre, le portrait du terrible roi Henry VIII, marié six fois, à travers ses déboires conjugaux.
Non seulement La Vie privée d’Henry VIII est le plus gros succès du producteur-réalisateur hongrois Alexander Korda, mais il est également le premier film anglais à s’imposer sur le marché américain et international. Au départ centré sur l’histoire d’Henry VIII et Anne de Clèves, le scénario du film englobe finalement les six mariages du roi d’Angleterre et fait d’un biopic historique une charmante et cynique comédie qui, au gré des personnages féminins, passe du léger au tragique.
Restauration par les Archives du BFI et la Film Foundation, en collaboration avec ITV et Park Circus, grâce au financement de la George Lucas Family Foundation, d’après une copie nitrate d’origine de 1933.
Cinq jours durant, dans 8 cinémas (La Cinémathèque française, La Filmothèque du Quartier Latin, Le Méliès, La Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, L’Archipel, L’Alcazar, Le Vincennes et Le Reflet Médicis) le festival « Toute la mémoire du monde » propose cette année encore, près d’une centaine de séances de films rares et/ou restaurés présentés par de nombreux invités et répartis en différentes sections pour célébrer le cinéma de patrimoine et fêter en beauté son dixième anniversaire.
Toute la Mémoire du Monde : Sans la connaissance de notre passé, notre futur n’a aucun avenir. C’est pourquoi le passé est un présent pour demain. Afin de ne rien manquer de cet évènement, rendez-vous à La Cinémathèque française et dans les salles partenaires du festival Toute la Mémoire du Monde du 8 au 12 mars.
Steve Le Nedelec