Le soleil se lève à peine que Hunter (Cameron Mitchell) est déjà en chasse. Il traîne avec lui, son fils, Randy (Darby Hinton) rétif à l’utilisation des armes, pacifiste et écolo, « une poule mouillée » selon son père. Dès le matin, ils s’engueulent. Hunter veut du gibier, mort à ses pieds. Ce qu’ignore Hunter est que la chasse a déjà commençait et que lui et son fils sont les proies… Sandy (Tarah Nutter), Beth (Lynn Theel), Greg (Christopher S. Nelson) et Tom (David Caruso) se rendent dans la même zone pour prendre du bon temps au lac. A la station-service, Joe Taylor (Jack Palance) leur déconseille fortement de s’y rendre…

Terreur Extra-terrestre est un petit film fantastique des années 80. « Petit » n’est absolument pas péjoratif, mais plutôt une manière de ranger le film parmi le flot de productions qui voyaient le jour à l’époque hors des studios. Ses films destinés à un public jeune, prioritairement adepte des drive-in et des doubles programmes aux Etats-Unis et aux salles de quartier en France. Terreur Extra-terrestre est distribué dans les salles de l’hexagone par Ciné Paris Distribution. Un distributeur qui avait une vraie prédilection pour les films genre : Cauchemars à Daytona Beach, Mutant, Les doigts du diable, Les Traqués de l’an 2000, Les tueurs de l’éclipse, que de l’excellent bis. Pour la sortie de Terreur Extra-terrestre, il avait apposé une accroche plutôt efficace sur l’affiche : « Rencontre d’un certain type à éviter ! », référence à Rencontres du troisième type, le méga hit de Steven Spielberg. Et coup de bol, Guy Lux, légende de la TV française, propose tous les soirs juste avant le JT de 20 h, un extrait du film pendant une semaine. De quoi aiguiser la curiosité de plus d’un jeune passionné par le fantastique. Le film de Greydon Clark décroche le Prix du public au Festival du Film Fantastique de Paris ! Les spectateurs surexcités du Grand Rex avaient du nez puisque Terreur Extra-terrestre attire plus de 300 000 spectateurs lors de son exploitation. Ciné Paris Distribution n’existe plus depuis bien longtemps, mais Terreur Extra-terrestre poursuit depuis son bonhomme de chemin, l’alien chasseur ressurgissant sur tous les supports, pas mal pour un film sympatoche du samedi soir.

Terreur extra-terrestre n’est pas un chef-d’œuvre, mais avec des moyens financiers limités tient parfaitement debout. De quoi faire pâlir d’envie nombre de films actuels. Greydon Clark est un artisan des années 70/80. Assistant et scénariste pour Al Adamson sur ses films de Bikers, Clark passe à la réalisation en 1971 avec Mothers, Fathers and Lovers (inédit en France) et enchaîne les films d’exploitations. Il œuvre dans tous les genres, suivant la mode bis du moment. Avec Terreur Extra-terrestre, Greydon Clark est pile au bon moment, suivant de quelques mois Alien de Ridley Scott, – le scénario à quatre a été écrit avant -, et d’une certaine manière anticipe Predator de John Mac Tiernan. Clark n’a d’autre ambition que de raconter son histoire, il est grandement aidé par son chef op : Dean Cundey tout juste sorti d’Halloween. Cunday impose le Steadycam qu’il a admirablement, dans le chef-d’œuvre de John Carpenter. Choix judicieux qui dynamise la mise en scène de Clark. Comment Cundey s’est-il retrouvé sur une si petite production ? Tout simplement parce que Cundey a déjà fait 4 films avec Greydon Clark : Black Shampoo (1976), Satan’s Cheerleaders (1977), Riders (1978) et Les 7 filles en or (Angel’s Brigade, 1979). Dean Cundey n’est pas encore le grand nom de la photo qui s’imposera par la suite avec sa collaboration quasi-permanente avec John Carpenter, mais aussi avec Robert Zemeckis (A la poursuite du diamant vert, Roger Rabbit, les Retour vers le futur, etc.) ou Steven Spielberg (Jurassic Park), pour l’instant, il gagne sa vie dans les séries B. Son apport à Terreur Extra-terrestre est primordial.

Pas de chance – Pas d’aide – Pas d’espoir !

Tournage rock n’roll, trois semaines intensives, les stigmates d’épuisement sur les visages des jeunes acteurs, cette fatigue des longues journées de tournage jusqu’au bout de la nuit. Ceci est particulièrement frappant chez les jeunes acteurs et en particulier chez Tarah Nutter qui incarne Sandy, la jeune vierge blonde à couette. Elle tire la gueule dans la majorité des plans. A sa décharge, c’est une débutante, avec qui Clark a eu toutes les peines du monde. Cependant, les « vieux » sont des pros haut de gamme : Cameron Mitchell, Neville, Ralph Meeker (dans une toute petite apparition) et surtout Jack Palance et Martin Landau. Les deux sont grandioses.

Martin Landau incarne un ex du Viêtnam, revenu profondément traumatisé. Les adeptes de l’intériorité diront que Landau et Palance surjouent, oubliant au passage qu’il faut ternir la note de plan à plan, scène après scène sur plusieurs jours. Il faut avoir de la technique pour y parvenir. Landau et Palance s’en donnent à cœur-joie dans la tension, entraînent les scènes vers une sorte de folie qui les rendent intéressantes, de quoi maintenir l’attention des spectateurs jusqu’aux scènes chocs et l’apparition de l’Alien chasseur.

Terreur Extra-terrestre est un bon film de genre, le meilleur de Greydon Clark avec deux performances d’acteurs, Martin Landau et Jack Palance, aussi époustouflante que l’Alien et ses frisbees tueurs.

Fernand Garcia

Terreur Extra-terrestre, comme vous n’allez jamais vu, surtout si vous étiez adolescent dans les années 80, habitué à arpenter les salles de quartier avec leurs copies 35 mm en bout de course. Sidonis Calysta propose le film, en version intégrale, dans un report HD solide, pour la première fois en digibook Blu-ray/DVD et livret, dans sa collection « Cauchemar » dédié au cinéma fantastique. Pléthore de compléments de programme : Une présentation d’Olivier Père (18 minutes). Greg et Sandy – Aventures extra-terrestres, les souvenirs de tournage de Tarah Nutter et Christopher S. Nelson (20 minutes). Les producteurs face aux Extra-terrestres, entretien avec Daniel Grodnik « A cette époque avec un scénario, un réalisateur et un producteur, il suffisait d’avoir un projet et vous étiez dans le cinéma » (11 minutes). La Sang du chasseur, entretien avec Greg Cannom « Terreur extra-terrestre est un film de Rick Baker. Il avait dessiné tous les effets spéciaux. Tout était prêt. » (5 minutes). Le jour des indépendants, entretien avec Dean Cundey « On n’avait pas assez de temps. C’était très ambitieux. Je dois dire que je suis impressionné par ce qu’on a réussi à faire, à partir d’un temps de tournage si court, 3 semaines seulement » (15 minutes). Et, enfin, sur la « galette », la bande-annonce d’époque (2 minutes env.). Cette impeccable édition s’accompagne d’un livret : Terreur Extra-terrestre : Rencontre du mauvais type de Marc Toullec, grand spécialiste du fantastique, pour tout connaître des coulisses du film.

Terreur Extra-terrestre (Whithout Warning) un film de Greydon Clark avec Jack Palance, Martin Landau, Tarah Nutter, Christopher S. Nelson, Cameron Mitchell, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker, David Caruso, Larry Storch, Lynn Theel, Kevin Hall… Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Ben Nett et Steve Mathis. Directeur de la photographie : Dean Cundey. Décors : Jefferson Richard. Montage : Curtis Burch. Musique electronique : Dan Wyman. Producteurs exécutifs : Skip Steloff et Paul Kimatian. Coproducteurs : Daniel Grodnik et Lyn Freeman. Producteur : Greydon Clark. Production : Heritage Enterprise. Etats-Unis. 1980. Version intégrale. 97 mn. Couleur. Format image : 1,85 :1. 16/9^e Son : Version originale sous-titrées ou non en Français et Version Française. Interdiction aux moins de 12 ans.