Hank Stone (Lucio Rosato) zieute la belle Lizzy (Rosalba Neri). A la différence d’autres jours, il est le seul homme valide présent au ranch. Hank attend ce moment depuis longtemps. Dans la grange, il agresse Lizzy. La belle est sauvée de justesse par Johs Lee (Peter Lee Lawrence). Hank, minable, s’enfuit. M. Evans (Andrea Bosic), le propriétaire, homme irascible et tyrannique, regrette le départ de Hank pour une simple histoire de femme (sa propre fille). Il retient son beau-fils, Clell (Romano Puppo), qui veut prendre Hank en chasse. Johs et Christine (Beba Loncar), la seconde fille d’Evans, sont secrètement amoureux. Evans n’a qu’un but dans la vie : la sauvegarde de son ranch. Clell et Johs subissent en silence les sarcasmes d’Evans. Ils doivent faire tourner le domaine depuis la fuite des esclaves et le départ des autres pour la guerre. Seul Nathan (Harold Bradley) est resté par amitié pour les deux femmes. Les troupes nordistes se préparent à prendre le ranch grâce aux informations de Hank…
Furie au Missouri se déroule durant la guerre de Sécession. Au Missouri, la confusion est totale, les troupes nordistes pillent et tuent à tout-va. De leur côté, les sudistes s’organisent en milices. C’est à qui profitera au mieux du chaos. Johs va être entraîné dans la guerre, du côté des rebelles sudistes. Mais ceux qu’il pensait être de bons petits soldats s’avèrent être en réalité de redoutables tueurs profitant de la situation.
Le point de départ est valable et tient la route. Il ne s’agit pas d’un cours d’histoire, le film n’en a pas la prétention ni les moyens. A sa petite échelle, Furie au Missouri évite le manichéisme des bons Nordistes et des méchants Sudistes, ici tous sont de sacrés salopards. Là, s’arrête la dimension « politique » du film. Johs est le héros traditionnel du western italien, victime de machinations et de trahisons. Il ne fait aucun doute dans Furie au Missouri que le moteur de la dépravation humaine est l’argent. Dans le flot de sang qui éclabousse les bottes du héros, c’est son histoire d’amour avec Christine qui prime sur le reste. L’action se déroule en deux parties, pendant la guerre et après. Johs est dans un premier temps un renégat puis un hors-la-loi avec sa tête mise à prix. Tandis que le capitaine nordiste Clifford (Luigi Vannucchi) est un opportuniste qui prend possession du ranch et de Christine qu’il « vole » à Johs (avec la bénédiction du père).
Furie au Missouri est un western européen solide et sans fioritures : action, grandes chevauchées, trahisons, guet-apens, fusillades avec son héros, son lot de sales tronches et de belles en détresse. Le scénario (à quatre mains) est des plus classiques avec quelques rebondissements (attendus), mais habilement mis en place. Alfonso Brescia ne fait pas preuve d’une ambition visuelle démesurée, mais il réussit toutefois quelques très bonnes scènes bien violentes. La bagarre entre Johs et Hank hache en main ou le duel final entre Johs et le capitaine Clifford valent un détour. Brescia fait même preuve d’originalité (ou est-ce le chef-op) avec quelques cadres particulièrement intéressants et quelques prises de vue à l’épaule.
Côté décors, on retrouve la fameuse villa Mussolini, lieu de prédilection des tournages de westerns (dans la banlieue de Rome), cadre qu’utilisera à son tour Lucio Fulci pour son époustouflant Temps du massacre. Le compositeur Bruno Nicolai (longtemps collaborateur d’Ennio Morricone) apporte tout son savoir-faire en matière d’envolée lyrique et de soutien musical à Furie au Missouri.
Peter Lee Lawrence, de son vrai nom Karl Hyrenbach, est un acteur d’origine allemande. Beau gosse, Lawrence a eu une carrière assez courte (neuf ans) et vingt-neuf films. Il est une des stars du western européen avec dix-sept films en vedette ! Une tumeur au cerveau mettra un terme à sa carrière en 1974 à 30 ans. Dans Furie au Missouri (son quatrième western) il fait le taf, une vraie présence. A ses côtés, des figures bien sympathiques du cinéma bis : Nello Pazzafini, Andrea Bosic, Romano Puppo. Côté charme, deux beautés : la blonde Beba Loncar, actrice serbe, et la brune Rosalba Neri ne déméritent pas dans cet univers d’hommes.
Furie au Missouri, à voir pour le simple plaisir du western européen et pour enrichir sa collection.
Fernand Garcia
Furie au Missouri est édité dans la collection Western Européen (combo DVD + Blu-ray) par Artus Films, très beau report HD, master 2K restauré et en version intégrale. L’éditeur propose en supplément : Une présentation impec du film par Curd Ridel (10 minutes), un diaporama d’affiches et de photos et enfin sa film-annonce original (3 minutes).
Furie au Missouri (I giorni della violenza) un film de Alfonso Brescia (Al Bradley) avec Peter Lee Lawrence, Beba Loncar, Rosalba Neri, Luigi Vannucchi, Andrea Bosic, Lucio Rosato, Nello Pazzafini… Sujet : Gian Luigi Buzzi. Scénario : Mario Amendola, Gian Luigi Buzzi, Paolo Lombardo, Antonio Boccacci. Directeur de la photographie : Fausto Rossi. Décors : Carlo Gervasi. Costume : Tigano Lo Faro. Montage : Antonietta Zita. Musique : Bruno Nicolai. Producteur : Bruno Turchetto. Production : Concord Film. Italie. 1967. 104 minutes. Technicolor. Techniscope. Format image : 2,35 :1. 16/9e. Son : VOSTF et VF mono. Dolby Digital. Tous Publics.