Marathon Man (1976) de John Schlesinger
Babe, étudiant en histoire, s’entraîne dans Central Park pour le marathon de New York. Son frère Doc, membre d’une organisation gouvernementale secrète, est assassiné sous ses yeux. On apprend que le Dr Szell, un criminel de guerre nazi, serait venu récupérer un trésor de guerre qu’il avait confié autrefois à son frère…
Thriller paranoïaque incontournable des années 1970, après Macadam Cowboy (Midnight Cowboy) en 1969, Marathon Man marque la deuxième collaboration entre le réalisateur John Schlesinger (Loin de la foule déchaînée, 1967 ; Un Dimanche comme les autres, 1971 ; Le Jour du fléau, 1975 ; Yanks, 1979 ; Le Jeu du Faucon, 1985 ; Les Envoûtés, 1987 ; Fenêtre sur Pacifique, 1990 ;…) et le comédien Dustin Hoffman. Nerveuse et dynamique, la mise en scène du cinéaste est appuyée par l’une des toutes premières utilisations du Steadicam qui permet de suivre pas à pas Dustin Hoffman dans ses courses à pied, voir la scène d’ouverture du film lorsque ce dernier cours dans Central Park, et lors de ses fuites. Le Steadicam apporte ici au film et à son sujet une ambiance à la fois délicate et légère qui sublime la grisaille du New York et du Paris des seventies.
Marathon Man avec Dustin Hoffman, Laurence Olivier, Roy Scheider, William Devane, Marthe Keller…
Rocky (1976) de John G. Avildsen
Dans les quartiers populaires de la banlieue de Philadelphie, Rocky Balboa perd son temps et gaspille son talent de boxeur en collectant des dettes non payées pour Tony Gazzo, le caïd local. Il dispute de temps à autre, pour quelques dizaines de dollars, des combats de boxe sous l’appellation de « l’étalon italien ». Cependant, Mickey, son vieil entraîneur, le laisse tomber. Son ami Paulie, qui travaille dans un entrepôt frigorifique, encourage Rocky à sortir avec sa sœur Adrian, une jeune vendeuse réservée d’un magasin d’animaux domestiques. Pendant ce temps, Apollo Creed, le champion du monde de boxe catégorie poids lourd, recherche un nouvel adversaire pour remettre son titre en jeu. Son choix se portera sur Rocky qui trouvera là l’occasion de retrouver sa fierté.
En 1974, munit de son « bras » articulé en acier sûr et agile, Garrett Brown filme une série de plans incroyables dont celui avec sa femme qui monte les marches devenues célèbres du musée de Philadelphie tout en l’accompagnant dans sa course. Brown est loin de se douter un seul instant que celui-ci serait vu par le réalisateur John G. Avildsen alors en préparation de Rocky et, qu’impressionné, ce dernier allait décider de reproduire la scène dans son film et réaliser une séquence culte de l’histoire du cinéma.
Hommage au rêve américain, Rocky, réalisé par John G. Avildsen, est écrit et interprété par Sylvester Stallone. L’acteur ne le sait pas encore mais avec le personnage de Rocky Balboa qui s’inspire de sa propre vie, il vient de créer son double de cinéma. Le Steadicam est utilisé à de nombreuses occasions dans le film et c’est Garrett Brown lui-même qui, en accompagnant Sylvester Stallone sur le ring et les devenues mythiques marches du musée de Philadelphie, fait découvrir l’acteur, et dans le même temps son invention, au grand public.
Rocky avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Burgess Meredith…
En Route pour la Gloire (Bound for Glory, 1976) de Hal Ashby.
Durant les années 1930, dans la petite ville texane de Pampa, le chanteur de folk texan Woody Guthrie chante les misères et les luttes de travailleurs opprimés. Woody va laisser sa famille derrière lui pour vivre son rêve californien.
Réalisé en 1976 par le cinéaste Hal Ashby (Harold et Maud, 1971 ; La Dernière Corvée, 1974 ; Shampoo, 1975 ; Le Retour, 1978 ; Bienvenue Mister Chance, 1979 ; Huit Millions de façons de mourir, 1986 ;…), En Route pour la Gloire est un road movie qui retrace le parcours du compositeur folk américain Woody Guthrie dans les années 30 en pleine période de la Grande Dépression. Sublime fresque sociale, à l’instar des Raisins de la colère, En Route pour la Gloire nous montre l’exode massif des paysans du Texas et de l’Oklahoma vers le mirage Californien. Après avoir « testé » son invention sur les tournages de Marathon Man et de Rocky, c’est sur celui d’En Route pour la Gloire que Garrett Brown, lui aussi ancien chanteur de folk, tournera lui-même le premier plan séquence filmé à la Steadicam. Ce plan caractérise de manière époustouflante le sentiment d’empathie du personnage principal pour ses compagnons d’infortune et vaudra l’Oscar de la meilleure photographie à Haskell Wexler, le chef opérateur du film.
En Route pour la Gloire avec David Carradine, Melinda Dillon, Ronny Cox, Gail Strickland, Randy Quaid…
Shining (The Shining, 1980) de Stanley Kubrick. Avec : Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd,…
Écrivain, Jack Torrance est engagé comme gardien, pendant tout l’hiver, d’un grand hôtel isolé du Colorado – l’Overlook – où il espère surmonter enfin sa panne d’inspiration. Il s’y installe avec sa femme Wendy et son fils Danny, doté d’un don de médium. Tandis que Jack n’avance pas dans son livre et que son fils est de plus en plus hanté par des visions terrifiantes, il découvre les terribles secrets de l’hôtel et bascule peu à peu dans une forme de folie meurtrière où il s’en prend à sa propre famille…
Après avoir éclairé certaines scènes de Barry Lyndon (1975) à la bougie, toujours désireux d’expérimenter les nouvelles technologies pour réaliser ses films afin de proposer aux spectateurs de nouvelles expériences cinématographiques, avec Shining, Stanley Kubrick (L’Ultime Razzia, 1956 ; Les Sentiers de la Gloire, 1957 ; Spartacus, 1960 ; Lolita, 1962 ; Docteur Folamour, 1964 ; 2001, L’Odyssée de l’Espace, 1968 ; Orange Mécanique, 1971 ; Full Metal Jacket, 1987 ; Eyes Wide Shut, 1998 ;…) va une nouvelle fois révolutionner la manière de filmer.
Perfectionniste, exigent, précis et attaché aux travellings et déplacements dans l’espace, Stanley Kubrick s’empare de cette invention et s’offre les services de Garrett Brown sur le tournage de Shining en 1980. Désireux de mettre en scène le film avec des mouvements de caméra parfaitement fluides, comme peuvent en témoigner par exemple les scènes de l’enfant parcourant sur son tricycle les couloirs interminables de l’hôtel Overlook ou encore du labyrinthe enneigé, le cinéaste a fait sur Shining une utilisation si magistrale du Steadicam que celui-ci est devenu le film référence du Steadicam. Pour Garrett Brown, encore aujourd’hui, sa collaboration avec Kubrick sur Shining reste l’une de ses plus belles expériences de tournage.
Shining avec Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd…
Coup de Coeur (One from the Heart,1982) de Francis Ford Coppola. Avec: Frederic Forrest, Teri Garr, Raul Julia, Nastassja Kinski, Harry Dean Stanton, Tom Waits,…
A Las Vegas, après cinq ans de vie commune, la routine et la banalité se sont installées dans les rapports de Frannie et Hank. A la suite d’une dispute orageuse, le couple se sépare. Ils partent alors à la découverte de nouveaux visages et d’idylles au charme doux-amer…
Auteur d’une œuvre remarquable, féconde et de haute portée sociale et artistique, Francis Ford Coppola (Dementia 13, 1963 ; Le Parrain, 1972 ; Le Parrain 2ème partie, 1974 ; Conversation Secrète, 1974 ; Apocalypse Now, 1979 ; Rusty James, 1983 ; Outsiders, 1983 ; Dracula, 1992 ;…), a aussi bien connu des succès phénoménaux que des échecs cuisants au cours de sa carrière en dent de scie. Dans son impressionnante filmographie, Coppola alterne les genres avec une aisance, une intelligence et une intégrité qui forcent le respect et l’admiration. Tout au long de sa carrière, il n’a eu de cesse d’éviter, tant que possible, ou d’affronter l’industrie, le système, avec tout ce qu’il représente comme danger. La diversité des films et des chefs-d’œuvre qui composent son impressionnante filmographie témoigne de la richesse de son œuvre.
Coup de Cœur est le premier projet réalisé par les nouveaux studios de Coppola installés à San Francisco. Un budget phénoménal sera investi pour la construction des décors grandeur nature et dans les nouvelles technologies (steadicam, fond bleu, montage virtuel sur ordinateur en cours de tournage, moniteurs de visionnage,…) utilisées pour le tournage qui s’avèreront être les bases de ce qui deviendra vingt ans plus tard le «cinéma numérique». Pour mettre en valeur ses décors majestueux et démesurés, filmer ses chorégraphies et être au plus près des émotions de ses personnages avec la plus grande liberté de mouvement possible, le cinéaste fait appel à Garrett Brown et son Steadicam. Le projet ne cesse de prendre de l’ampleur et le budget explose. La presse qui fera écho des difficultés rencontrées par le réalisateur et qui publiera de mauvaises critiques avant la sortie du film sera en partie responsable de son échec commercial sans appel qui obligera Coppola, endetté pour des années, à fermer ses studios et à retourner travailler au sein des studios hollywoodiens pour réaliser des films de commande. Coup de Cœur reste à ce jour le film le plus emblématique du combat de son auteur contre les politiques agressives et commerciales que pratiquent les studios et qui tuent la création et l’Art tout en abrutissant dans le même temps les spectateurs.
Coup de Coeur avec Frederic Forrest, Teri Garr, Raul Julia, Nastassja Kinski, Harry Dean Stanton, Tom Waits…
Rolling Stones (Let’s Spend The Night Together, 1982) de Hal Ashby. Avec : Mick Jagger, Keith Richards, Ronnie Wood, Charlie Watts, Bill Wyman, Ernie Watts, Bobby Keys, Ian Stewart,…
Captations de deux concerts des Rolling Stones effectuées lors de leur tournée américaine en 1981, Rolling Stones -Let’s Spend The Night Together est un documentaire musical réalisé par le cinéaste Hal Ashby qui comporte pas moins de vingt-cinq titres interprétés par le groupe mythique.
Réalisé avec des moyens techniques colossaux, vingt caméras, des vues aériennes et un système sonore mobile de vingt-quatre pistes, grâce au talent de Hal Ashby, Rolling Stones -Let’s Spend The Night Together fait revivre aux spectateurs le concert dans les conditions du live. Avec la multiplicité des angles de vues disponibles, le cinéaste utilisera également beaucoup le montage et insufflera une incroyable énergie au film à laquelle contribuent inévitablement le jeu de scène endiablé et la véritable performance que réalise Mick Jagger. Performance magnifiée par la fluidité de déplacement de l’objectif que permet l’utilisation du Steadicam.
Rolling Stones avec Mick Jagger, Keith Richards, Ronnie Wood, Charlie Watts, Bill Wyman, Ernie Watts, Bobby Keys, Ian Stewart…
Philadelphia (1993) de Jonathan Demme
Andrew Beckett, brillant avocat, est appelé à une carrière fulgurante. Adulé par son milieu, rien ne semble pouvoir ralentir son ascension. Mais, le jour où ses associés apprennent qu’Andrew est atteint du sida, ils n’hésitent pas à prétexter une faute professionnelle pour justifier son renvoi. Andrew décide de ne pas se laisser faire. Il engage un confrère noir et homophobe pour l’aider à attaquer le cabinet pour licenciement abusif.
Réalisé en 1993 par Jonathan Demme (Meurtres en cascade, 1979 ; Dangereuse sous tous rapports, 1986 ; Veuve mais pas trop…, 1988 ; Le Silence des Agneaux, 1991 ; Un Crime dans la tête, 2004 ;…), inspiré d’une histoire vraie, Philadelphia est le premier film hollywoodien traitant du virus du SIDA, de l’homosexualité et de l’homophobie. Dès le générique de début du film, accompagné par le sublime titre Streets of Philadelphia de Bruce Springsteen, les plans de la ville de Philadelphie bénéficient du talent d’opérateur de Garrett Brown. La fluidité de ses mouvements donne non seulement une incomparable envolée et une ferveur aux lieux de tournages ainsi qu’aux extérieurs (rues, couloirs,…), mais aussi, dans le même temps, avec les plans en caméra subjective, une immersion dans l’évolution des symptômes physiques et psychologiques qu’engendre la maladie.
Philadelphia avec Tom Hanks, Denzel Washington, Mary Steenburgen, Jason Robards, Antonio Banderas…
Steve Le Nedelec
Garrett Brown – L’inventeur du Steadicam – Invité d’honneur – Toute la mémoire du monde – 7ème édition – Festival International du Film Restauré – Du 13 au 17 mars 2019 à La Cinémathèque Française et « Hors les murs ».