Sortie chez l’éditeur anarcho-libertaire « Le Chat qui fume » dans un anonymat quasi-total de deux véritables brûlots politiques du cinéma alternatif américain des années 70, The Klansman (L’homme du clan) de Terence Young et Émeute à Los Angeles (The Final Comedown) d’Oscar Williams.
The Klansman
En 1985, Alan Parker a voulu nous endormir avec un Mississippi Burning bien conformiste alors que 10 ans auparavant M. Terence Dr No Young déclarait la guerre à l’Amérique rurale en leur mettant le nez dans leur merde.
Suite au viol d’une jeune femme noire, une petite ville d’Alabama est au bord de l’explosion. Le shérif (Lee Marvin) est alors pris en étau entre un groupe de notables affilié au Ku Klux Klan et une bande d’activistes noirs se réclamant du mouvement des droits civiques. Jamais un film dénonçant la ségrégation raciale dans le sud des Etats-Unis n’aura été aussi proche du « tirer dans le tas » populiste si dangereux à mettre en avant sous peine d’amalgame artistique pour son auteur.
En effet, Samuel Fuller utilise dans l’écriture de son scenario toute la puissance des images documentaires pour montrer les exactions des WASP sur la population noire. Humiliation, émasculation, viol en réunion, assassinat de policier, corruption…. Rien ne nous est épargné pour témoigner de l’ignominie humaine alors si courante dans cette partie du pays dans les années 70. Avec un Lee Marvin impuissant face à tant de sauvagerie dont l’issue du personnage en mettra plus d’un KO et un Richard Burton handicapé mais prêt à sortir la barre de fer afin de faire retrouver la raison à toute cette bande de fanatiques. Deux stars littéralement en danger face à la folie des hommes représentée par un Cameron Mitchell dans son rôle le plus pervers.
Émeute à Los Angeles
Émeute à Los Angeles est un véritable manifeste pour la révolte des noirs aux Etats-Unis mais contrairement à The Klansman, l’action se déroule en milieu urbain.
Émeute à Los Angeles est un film guerrier à mettre à la suite du film fondateur de la Blaxploitation : Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin van Peeble. Pourtant pas de flic, de karatéka black vengeur ou mercenaire, le propos politique prime sur la forme. D’abord verbale pendant la première moitié du film, puis il devient un film d’action brut et sans concession comme une conséquence de ce qui fut dit plus tôt dans l’histoire. On vous prévient…. On vous avez prévenu.
Émeute à Los Angeles est baigné par un sentiment de fatalité et de propagande. Propagande évidente quand la milice – très Black Panther -, nous dicte face caméra la marche à suivre pour résister. Nous sommes d’ailleurs véritablement désarmés lorsqu’au cours d’un affrontement entre miliciens et policiers, un médecin noir se fait abattre par un flic blanc alors qu’il venait en secours aux blessés. Devant l’incompréhension de son collègue, le flic tueur lui répond que malgré sa fonction, cela fait toujours un noir de moins. Effarant.
The Klansman et Émeute à Los Angeles sont deux films indispensables donc pour se faire une idée du climat politique et social aux Etats-Unis au début des années 70. Deux films qui ne mentent pas. Véritables raretés débusqués par ces francs-tireurs du Chat qui fume. Longue vie aux contrebandiers de la vidéo.
Lionel Fouquet
The Klansman (L’Homme du clan) un film de Terence Young avec Lee Marvin, Richard Burton, Cameron Mitchell, O.J. Simpson, Lola Falana, Linda Evans, Luciana Paluzzi. David Huddleston. Scénario : Samuel Fuller, Millard Kaufman d’après le roman de William Bradford Huie. Photo : Lloyd Ahern. Musique : Stu Gardner & Dale O. Warren. Producteurs : William Alexander & Bill Shiffrin. Production : Atlanta Productions. USA. 1974. 112 mn.
Émeute à Los Angeles (The Final Comedown) un film d’Oscar Williams avec Billy Dee Williams, D’Urville Martin, Celia Kaye, Raymond St. Jacques, R.G. Armstrong. Scenario: Oscar Williams. Photo : William B. Kaplan. Musique : Grant Green & Wade Marcus. Production : Oscar Williams & Associates – Billy Dee Williams enterprises. USA. 1972. Durée : 83 mn.
The Klansman et Émeute à Los Angeles disponibles en DVD édition Le Chat qui fume.