Andrzej Leszczyc (Jerzy Skolimowski), un jeune homme sans attaches, ancien boxeur et polytechnicien, retrouve par hasard une femme qui l’a jadis trahi. Elle l’invite à l’accompagner dans sa journée et il en tombe amoureux. Mais il se laisse convaincre par une vieille connaissance de remonter sur le ring et de participer à un nouveau combat de boxe.
Influencé par la Nouvelle vague naissante un peu partout dans le monde et plus particulièrement en Europe, en France comme dans les pays de l’Est, Jerzy Skolimowski écrit et réalise Walkover en 1965 dans la continuité de Signes particuliers : Néant (Rysopis) son premier film, en poursuivant les déambulations de son personnage principal, Andrzej Leszczyc, qu’il interprète à nouveau lui-même à l’écran. Jeune adulte marginal désabusé par la société, Leszczyc vit sans illusions. Sous le charme de Teresa, ancienne étudiante à Polytechnique, il l’accompagne mais décidera tout de même de remonter sur le ring.
Alors que le pays est toujours sous contrôle soviétique, en donnant la parole avec des dialogues impertinents à des personnages atypiques voir marginaux, en les plaçant dans des situations absurdes et en choisissant de filmer des paysages désenchantés de désolations industriels froids, gris, tristes et lugubres dans de remarquables longs plans séquences novateurs, le cinéaste n’hésite pas à dépeindre un pays en devenir comme s’il était au contraire en pleine déconstruction et à aller, comme ses personnages et son film, avec impertinence, à l’encontre des règles établies, à l’encontre du politiquement correct.
Le titre du film renvoie à un terme sportif qui désigne une course où le vainqueur, n’ayant pas de concurrent, n’a besoin que de marcher pour gagner.
Remarqué à l’époque en Festival et salué par Jean-Luc Godard, Walkover est un uppercut cinématographique qui vient confirmer le talent et l’audace d’un cinéaste aussi doué et singulier dans le discours que dans la forme. Immanquable.
Steve Le Nedelec
Walkover (Walkower) un film de et avec Jerzy Skolimowski et Aleksandra Zawieruszanka, Krzysztof Chamiec, Andrzej Herder, Franciszek Pieczka… Scénario : Jerzy Skolimowski. Directeur de la photographie : Antoni Nurzynski. Montage : Alina Faflik et Jerzy Skolimowski. Décors : Zdzislaw Kielanowski. Musique : Andrzej Trzaskowski. Production : Zespol Filmowy « Syrena ». Distribution (France) : Malavida (sortie le 10 avril 2019). Pologne. 1965. 75 minutes. Noir et blanc. Tous Publics.
Jerzy Skolimowski – Invité d’honneur – Toute la mémoire du monde – 7ème édition – Festival International du Film Restauré – Du 13 au 17 mars 2019 à La Cinémathèque Française et « Hors les murs ».