Sinbad (Kervin Mathews) navigue à travers un épais brouillard. L’équipage est angoissé, le bateau approche des récifs quant à tribord apparaît une île. Il faut attendre l’aube pour descendre à terre. Sinbad rejoint sa promise la princesse Parisa (Kathryn Grant). Au matin, sous un magnifique ciel bleu, Sinbad accompagné de Sokurah le magicien (Torin Thatcher) et de quelques hommes, s’aventure à terre. Ils découvrent les marques d’une ancienne civilisation. L’île est sous la garde d’un cyclope qui les attaque. Tandis que Sinbad et ses hommes combattent le monstre, Sokurah en appelle au Génie (Richard Eyer) de la lampe magique. Un invisible mur se dresse entre le Cyclope et l’équipage. Dans leur fuite, la lampe magique tombe à la mer et le cyclope la récupère. Au grand désespoir de Sokurah, Sinbad refuse de revenir sur l’île pour reprendre la lampe magique…
J’ai vu Le 7ème Voyage de Sinbadà l’âge de 8 ans et il a changé ma vie.
John Landis
Bien des années après avoir émerveillé le futur réalisateur des Blues Brothers et du Loup-garou de Londres, Le 7ème Voyage de Sinbad n’a rien perdu de son pouvoir de fascination. C’est le premier des trois films que Ray Harryhausen et Charles Schneer consacreront au marin des Mille et Une nuits. Le 7e Voyage de Sinbad est un spectacle féerique, haut en couleurs des plus euphorisants.
Le 7ème Voyage de Sinbad n’a rien perdu de sa superbe, tout fonctionne admirablement bien et l’enchantement opère dès l’apparition du cyclope. Œil unique, front orné d’une corne, buste d’homme et jambes de bouc, le cyclope de Ray Harryhausen est l’une des créatures les plus mythiques du cinéma fantastique. La séquence du combat opposant Sinbad à un squelette est un autre moment d’anthologie du film. L’impact sera si important que Ray Harryhausen se surpassera en concoctant un combat encore plus spectaculaire dans Jason et les Argonautes avec sept squelettes. Résurrection des morts qui marque un tournant dans le cinéma fantastique. Depuis, les squelettes belliqueux n’ont cessé de hanter l’imaginaire des scénaristes et réalisateurs jusqu’au récent Game of Thrones. Autre personnage récurrent de Ray Harryhausen, la femme-serpent, dans le 7ème Voyage…, c’est une servante qui se retrouve transformée en cet étrange animal. Dans ces bestiaires des plus sympathiques, le dragon occupe une place de choix. Le combat de ce fabuleux animal contre le cyclope sur la plage sous le regard de Sinbad et de ses marins apeurés offre un final grandiose. L’ensemble n’est pas dépourvu d’humour: ainsi, le cyclope se lèche-t-il les babines alors qu’il fait rôtir l’un des hommes de Sinbad.
Le 7ème Voyage de Sinbad est le premier film en couleurs de Ray Harryhausen, le technicolor est flamboyant et techniquement le film est bluffant, quelle ingéniosité pour faire de la princesse une Lilliputienne ! C’est aussi le premier film de la série des Sinbad suivi par deux autres : Le Voyage Fantastique de Sinbad (1973) et Sinbad et l’œil du tigre (1977).
Le 7ème Voyage de Sinbad est un pur divertissement pour petits et grands parfaitement réalisé par Nathan Juran qui signe par la même occasion son meilleur film. Le rythme soutenu et les scènes de bravoures emportent les faiblesses scénaristiques.
Les extérieurs tournés en Espagne sont fort bien utilisés parmi les assistants, on trouve Eugenio Martin qui passera à la réalisation se spécialisant dans la série B, Les Quatre mercenaires d’El Paso avec Lee van Cleef, James Mason et Gina Lollobrigida (1971), Terreur dans le Shanghaï-Express avec Christopher Lee et Peter Cushing (1972) et Pancho Villa (1972) avec Telly Savalas, compte parmi ses réussites.
Jouer avec des personnages invisibles n’est pas si simple et Kerwin Mathews s’en sort avec panache et humour, sa prestation est si bonne que Ray Harryhausen et Charles H. Schneer le réemploieront dans Les Voyages de Gulliver (1960) et Jack le tueur de géants (1961). Athlétique, au charme ravageur, Kevin Mathews incarna le célèbre Hubert Bonnisseur de la Bath plus connu sous le matricule d’OSS 117 pour deux de ses plus mémorables aventures sous la houlette d’André Hunebelle: OSS 117 se déchaîne (1964) et Banco à Bangkok pour OSS 117. Signalons aussi qu’il est excellent en âme damnée d’un psychopathe incarné par Warren Oates dans Barquero (1970) western cynique et violent de Gordon Douglas. Kevin Mathews et Nathan Juran se retrouveront bien des années après ce 7ème Voyage de Sinbad pour une histoire de loup-garou avec The Boy Who Cried Werewolf (1973), petit film fantastique assez ridicule.
Autre participation à mettre au crédit du film, Bernard Herrmann dont la formidable musique donne une profondeur et une amplitude à l’action comme seuls les grands compositeurs en sont capables. Herrmann a enchaîné la même année Les nus et les morts pour Raoul Walsh et Vertigo d’Alfred Hichcock avant de revenir au maître du suspense pour La Mort aux trousses. Le tout en l’espace de quelques mois. Impressionnant.
Le 7ème Voyage de Sinbad est l’une des plus belles pages de l’histoire des effets spéciaux au cinéma.
Fernand Garcia
Le 7ème Voyage de Sinbad est édité par Sidonis Calysta dans le coffret Ray Haryhausen – Trilogie Sinbad ou à l’unité (Blu-ray – DVD) dans une splendide restauration HD avec en suppléments : L’héritage de Ray Harryhausen, cinéastes (John Landis, Joe Dante…) et maîtres des effets spéciaux (John Dykstra, Dennis Muren, Rick Baker…) évoquent le choc de la découverte du 7ème Voyage de Sinbad et la révolution que cela a entraîné (24 minutes), Et voici… la Dynamation, document sur la technique mise au point par Ray Harryhausen (3 minutes) et des Trailers : une première bande-annonce de la ressortie du 7ème Voyage de Sinbad (1’43), et une deuxième commentée par Kathryn Grant (3’22).
Le 7ème Voyage de Sinbad (The 7th Voyage of Sinbad) un film de Nathan Juran. Effets spéciaux conçu par Ray Harryhausen. Avec Kerwin Mathews, Kathryn Grant, Richard Eyer, Torin Thatcher, Alec Mango, Danny Green, Harold Kasket, Alfred Brown, Nana de Herrera, Nino Falanga… Scénario : Kenneth Kolb. Directeur de la photographie : Wilkie Cooper. Consultant technicolor : Henri Jaffa. Décors : Gil Parrendo. Générique : Bob Gill. Montage : Edwin Bryant & Jerome Thoms. Musique : Bernard Herrmann. Producteur : Charles H. Schneer. Production : Columbia Pictures – Morningside Production. Etats-Unis. 1958. 88 minutes. Dynamation. Technicolor. Format image : 1.85 :1. 16/9e. Son VOSTF et VF en 2.0 et 5.1. Tous Publics.