Sous le soleil écrasant du Texas, tout est paisible et calme dans ces contrées sauvages… tout au moins jusqu’à l’arrivée de Black Cat (Steve Ritch). Moitié Indien moitié Blanc, Black Cat avait rejoint sa tribu et l’entraîne sur le sentier de la guerre. Les destructions de fermes s’enchaînent, et les Séminoles emportent femmes et enfants avec eux. Le Lieutenant Cam Elliott (George Montgomery) est appelé au quartier général de Fort Mason avec pour mission de mettre hors d’état de nuire Black Cat… pour cela il doit rejoindre le Fort Clark, le poste le plus proche des montagnes, où se terre Black Cat… mais au Fort se trouve Susan, la fille du Colonel, le grand amour de sa vie…
J’avais déjà évoqué la carrière d’Earl Bellamy lors de l’édition de Sans foi ni loi, La Révolte des Séminoles est son premier film. Il avait été pendant plusieurs années assistant-réalisateur de Nicholas Ray (Le violent), Fred Zinnemann (Tant qu’il y aura des hommes), George Cukor (Comment l’esprit vient aux femmes, Une femme qui s’affiche, Une Etoile est née), Max Ophüls (Les désemparés) entre autres. Il mettait en place les plannings de tournage en prenant en compte l’aspect artistique, la manière de tourner des réalisateurs et devait par ailleurs respecter les directives de la production, pour faire entrer le film dans le cadre de son budget. C’est donc un bon professionnel qu’engage pour La Révolte des Séminoles en 1955 le producteur Sam Katzman, grand spécialiste des films à faible coût.
Quand il se retrouve à la tête de son premier long-métrage, Earl Bellamy s’était fait la main en réalisant trois épisodes de la série The Lineup. Toute l’expérience acquise au fil des années lui sera plus que profitable, tant le budget mis à sa disposition par Katzman est rachitique. Bellamy doit ainsi renoncer à réaliser les scènes les plus spectaculaires du film en utilisant, dans son montage, des chutes d’autres productions de la Columbia. Cela occasionne de sacrés aménagements, au premier rang desquels, pour être raccord avec les stock-shots, les Séminoles se retrouvent au Texas et non plus dans les Everglades en Floride dans un accoutrement assez éloigné de celui de la tribu. Autre problème pour Bellamy, le nombre de figurants et cascadeurs extrêmement limité, qu’il a à sa disposition, pose des problèmes de raccord entre les plans d’ensemble très impressionnants avec ses dizaines de figurants et ses contrechamps avec tout juste dix personnages.
La Révolte des Séminoles est un western de série B destiné au double programme de la Columbia. On peut dire que le scénario de Robert E. Kent prend en compte tous les impératifs liés aux petits budgets. L’histoire progresse par de longues plages de dialogues mettant en scène, entre autres, une sous-intrigue de rivalité amoureuse entre le lieutenant Cam Elliott et le capitaine Dudley au sujet de la belle Susan. Curieusement, la confrontation tant attendue entre les deux prétendants est totalement escamotée laissant le spectateur dans une sorte d’insatisfaction, et, d’autre part, celle entre Cam Elliott et Black Cat n’a pas lieu non plus. Pour rendre l’ensemble plus vivant au spectateur, il ajoute une voix off, l’aide de camp du Lieutenant Cam Elliott, avec moult touches d’humour. Le scénario bifurque à quelques moments vers des sommets quasi-surréalistes, certainement une réminiscence du serial genre dans lequel Robert E. Kent s’est illustré. Ainsi les Séminoles kidnappent Susan pour l’échanger contre des fusils et des munitions auprès des Blancs pour en faire une esclave dans les mines d’argent !
Côté interprétation, les acteurs masculins sont plutôt figés dans le sérieux de leurs interprétations et c’est Karin Booth (Susan) qui tire son épingle du jeu avec une interprétation toute en émotion.
La Révolte des Séminoles ou la manière de mettre sur pied un film avec les moyens du bord.
Fernand Garcia
La Révolte des Séminoles est édité pour la première fois en édition limitée combo DVD + Blu-ray par Sidonis Calysta dans la collection Western de légende. En complément de programme, Patrick Brion, comme à son habitude revient sur l’année de sortie du film, 1955, une très bonne année pour le western. Brion pointe les insuffisances de Seminoles Uprising en le mettant en parallèle avec L’Expédition du Fort King, autre film sur les Séminoles mis en scène avec plus de réalisme et de sérieux (10 minutes). Une agréable galerie de photos et d’affiches du film complète la section.
La Révolte des Séminoles (Seminoles Uprising) un film d’Earl Bellamy avec George Montgomery, Karin Booth, William Fawcett, Steve Ritch, Ed Hinton, John Pickard, Jim Moloney, Rory Mallinson, Joanne Rio… Scénario : Robert E. Kent d’après le roman Bugle’s Wake de Curt Brandon. Directeur de la photographie : Henry Freulich. Consultant Technicolor : Francis Cugat. Décors : Paul Palmentola. Montage : Jerome Thoms. Producteur : Sam Katzman. Production : Columbia Pictures Corporation. Etats-Unis. 1955. 71 minutes. Couleur. Technicolor. Format image : 1,85 :1. 16/9e. Master HD. Son mono d’origine version VOSTF et image restaurés. Tous Publics.