Communiqué de la Cinémathèque Française
Mercredi 25 octobre 2017
D’abord l’essentiel, l’évidence : la rétrospective intégrale des films de Roman Polanski aura bien lieu à La Cinémathèque française, à partir du 30 octobre, en sa présence et avec la participation de nombre de ses collaborateurs.
Annoncée dès le printemps dernier, puis détaillée dans notre programme d’automne paru en août, cette rétrospective n’a fait l’objet d’aucun commentaire particulier, sinon un engouement du public perceptible dans les réservations, jusqu’à ces derniers jours où certains exigent une censure pure et simple, à laquelle s’ajoute une vertueuse dénonciation de La Cinémathèque auprès des pouvoirs publics.
Alors que Roman Polanski vit et travaille en France depuis plus de quarante ans, alors que ses films sont systématiquement soutenus par le CNC (dont le dernier en date D’après une histoire vraie) et représentent souvent la France dans les festivals internationaux (qu’on se souvienne du Pianiste, Palme d’Or 2002 et Oscar du meilleur réalisateur 2003, 7 Césars, d’innombrables autres prix), c’est tout naturellement que La Cinémathèque française lui consacre une rétrospective, offrant à un public jeune la possibilité de compléter sa connaissance d’une œuvre cinématographique majeure de notre temps, dans les meilleures conditions techniques et avec tout l’accompagnement critique nécessaire.
Fidèle à ses valeurs et à sa tradition d’indépendance, La Cinémathèque n’entend se substituer à aucune justice. Son rôle de Musée du cinéma ne consiste pas à placer qui que ce soit sur un quelconque piédestal moral. Ceux qui nous reprochent cela ne mettent jamais les pieds dans nos salles et ignorent tout de nos missions de conservation et de transmission.
Nous ne décernons ni récompenses ni certificats de bonne conduite. Notre ambition est autre : montrer la totalité des œuvres des cinéastes et les replacer ainsi dans le flux d’une histoire permanente du cinéma. De ce point de vue, l’œuvre de Polanski, entre films de genre et confessions douloureuses, raconte rien moins que le XXe siècle, ses innombrables tragédies et leur nécessaire et souvent sublime mise en spectacle. Elle nous paraît donc plus que jamais indispensable.
Nous n’avons donc rien à débattre avec des gens qui exigent de La Cinémathèque française l’abandon de sa mission fondamentale : montrer inlassablement l’œuvre des grands cinéastes.
Costa-Gavras, Président
Olivier Assayas, Nathalie Baye, Bruno Blanckaert, Denis Freyd, Jean-Paul Rappeneau membres du Bureau du Conseil d’Administration
Frédéric Bonnaud, Directeur général