Jill se pend avec la ceinture de son mari dans le salon de sa grande maison de la banlieue de L.A. Pendant ce temps, Bill, son mari, broute tranquillement le minou de la jeune secrétaire du 2e étage de l’entreprise où il travaille… Le plafonnier lâche ! Jill se retrouve face contre sol vivante…
Jill est une Desperate Housewife de banlieue, sa vie se réduit aux tâches ménagères (ménage, cuisine) et aux enfants. Une vie sans saveur dominée par l’ingratitude de son mari et de ses enfants. Il arrive que des gens soient à un tournant de leur existence, Jill est clairement dans une impasse. Petit à petit, elle ne supporte plus les remarques de ses enfants, les brimades de son mari (qui lui refuse deux semaines de liberté pour découvrir la peinture). Elle grogne comme le chien qui traine au-tour de sa maison. Personne ne se rend compte de son désarroi. Et puis, elle disparaît. Et c’est à la cave que la famille la découvre nue, à quatre pattes, recouverte de ses excréments. Jill a régressé jusqu’à l’état animal. Elle aboie et griffe. Cette démence est une catastrophe pour son Bill. Le film change alors de point de vue et se focalise sur le mari. Il symbolise à lui seul tout un pan du machisme américain. Bill va découvrir le quotidien cauchemardesque de sa femme.
Marianna Palka joue sur plusieurs registres: le drame, le fantastique (avec la présence du chien, assez secondaire pour ne pas dire inutile), le comique pour aboutir à une sorte de comédie du remariage. Si le postulat de départ fait penser à Marco Ferreri, Marianna Palka n’a ni sa causticité, ni sa hargne, ni cette incroyable capacité qui à partir de la régression d’un personnage le propulse vers un autre avenir. Marianne Palka n’a cette ambition et son dénouement est un retour à l’ordre des choses.
Jason Ritter porte le film sur ses épaules. Il excelle en homme dépassé par les événements mais qui tente malgré tout de garder le contrôle et la tête haute. Son physique et son jeu évoquent tout à la fois Michael J. Fox et Tom Cruise. Pour la petite histoire, il est le mari de Marianna Palka. Elle l’a entouré d’excellents seconds rôles comme Jamie King épatante en belle-sœur. Marianna Palka s’est écrit et dirigé dans un rôle pour le moins ardu puisqu’elle passe la majeure partie de son temps à faire la chienne.
Bitch est une curiosité, originale, gentiment féroce et sympathique comme souvent les vraies petites productions indépendantes.
Fernand Garcia
Bitch un film de Marianna Palka avec Jason Ritter, Jaime King, Marianna Palka, Sol Rodriguez, Brighton Sharbino, Jason Maybaum Scénario : Marianna Palka. Image : Armando Salas. Direction artistique : Ryan Brett Puckett. Costumes : Valerie Mores. Montage : Brett W. Bachman. Musique : Morgan z Whirledge. Producteurs : Michael Moran, Daniel Noah, Josh C. Waller, Elijah Wood. Production : MarVista Entertainment – Company X – SpectreVision – Tunnel Post. Etats-Unis. 2017. 93 minutes. Couleur. Sélection 2017 : Sundance Film Festival – Prix du meilleur scénario au Fantasia International Film Festival (Canada) – Compétition internationale, L’Etrange Festival.